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Richard Garneau: homme, journaliste et père absent (VIDÉO/PHOTOS)

Richard Garneau: homme, journaliste et père absent (VIDÉO/PHOTOS)

Radio-Canada profite de l’imminence des Jeux Olympiques de Rio 2016 pour rendre hommage en quatre temps au défunt journaliste sportif Richard Garneau, qui rêvait de conclure sa carrière avec cet événement.

Parti trop vite, le 20 janvier 2013, à l’âge de 82 ans, pour se retirer comme il l’aurait voulu, l’homme à l’élocution et à la langue exemplaires laisse néanmoins derrière lui une trace plus qu’impressionnante, qu’on peinerait à égaler de nos jours: 23 saisons de Soirée du hockey, 23 couvertures de Jeux Olympiques (il est d’ailleurs détenteur du record mondial à ce niveau) et des décorations prestigieuses, allant de l’Ordre du Canada à l’Ordre national du Québec et à la médaille Pierre-de-Coubertin, décernée par le Comité International Olympique, à titre posthume, à Sotchi, en 2014. Même au bout de 60 ans de vie professionnelle active, après avoir parcouru la planète pour transmettre sa passion, Richard Garneau n’était pas lassé ou blasé.

Ceux et celles qui l’ont connu, ou qui voudraient le connaître, ont donc beaucoup d’avenues à explorer en ce mois de juin pour en apprendre davantage sur le communicateur. D’abord, le documentaire radio Richard Garneau: six décennies d’émerveillement (disponible dès maintenant sur Première Plus, retrace le parcours chronologique du reporter, en donnant la parole à sa sœur, à son collègue Pierre Nadeau, au chanteur Jean-Pierre Ferland et à l’ex-premier ministre Lucien Bouchard. On y apprend entre autres qu’enfant, Richard Garneau se faisait exclure de tous les groupes, des Louveteaux aux Scouts, parce que trop agité et joueur de tours, un contraste avec le travailleur sérieux et rigoureux que le public a connu.

Un livre numérique, Richard Garneau: la voix du stade – un demi-siècle d’histoires olympiques (accessible au ICI.Radio-Canada.ca/garneau) relate en complément de grands moments de l’histoire sportive vus par Richard Garneau, en cinq chapitres (la première médaille d’or remportée par l’Afrique, à Rome, en 1960, la prise d’otages d’athlètes israéliens à Munich, en 1972, les exploits de Nadia Comaneci à Montréal en 1976, etc).

Enfin, l’exposition multimédia gratuite Il y a 40 ans, j’avais hâte!, sise à la Grande Bibliothèque de Montréal jusqu’au 31 juillet, se concentre surtout sur le 40e anniversaire des Jeux Olympiques de Montréal, au moyen de photos, extraits sonores et échantillons télévisés. On peut y visionner des entrevues et des reportages, admirer des artefacts précieux (dont la torche de Montréal 1976), lire des correspondances et écouter des musiques emblématiques. Une section entière est par ailleurs dédiée à Richard Garneau.

Radio-Canada rend hommage à Richard Garneau

Sacrifier sa famille

Mais la pièce la plus intéressante de ce forfait tout Garneau est probablement le documentaire télévisé Richard Garneau: 10 secondes d’extase, que RDI présente ce soir, 21 juin, aux Grands Reportages, à 20h (et disponible sur Tou.tv dès le mercredi 22 juin), et que Radio-Canada reprendra le 16 juillet, à 21h.

Car le portrait réalisé par Sophie Lambert s’éloigne du mythe qu’incarne Richard Garneau. On y voit bien les accomplissements extraordinaires de cet être plus grand que nature, solide comme un roc et droit comme un chêne, mais on découvre également une autre facette de lui, un tantinet moins glorieuse: celle du père absent qu’il a été.

Comme papa, Richard Garneau était «très enjoué», mais aussi «très absent». Il était «parti tout le temps», informe son fils, Stéphane Garneau, aussi journaliste, qui mène les entrevues dans 10 secondes d’extase, dans l’objectif avoué de se rapprocher de l’auteur de ses jours par le biais de ce bilan devant caméra. Jean-Paul Baert, Daniel Robin, Paul Houde, Guillaume Leblanc, Laurent Godbout, François Godbout, Yvon Dore et Joël le Bigot témoignent tous, appuyés d’extraits d’archives, dont une comique publicité de Du Maurier. Ses méthodes de travail, son admiration pour l’ancien maire de Montréal, Jean Drapeau, plusieurs secrets intéressants sur Richard Garneau y sont révélés, mais ce n’est pas ce qu’on retiendra le plus de cette incursion dans sa vie.

On évoque les multiples voyages de Richard Garneau pour assouvir sa «flamme olympique». Et c’est de cette façon qu’on comprend que, comme c’était le cas pour bien des représentants de sa génération, la famille n’était pas une priorité pour lui.

Stéphane Garneau l’exprime doucement, proprement, poliment, mais le message est clair et revient souvent dans le film: Richard Garneau n’a pas été présent pour ses enfants.

«J’aime trop mon métier pour changer quoi que ce soit, c’est un sacrifice qu’il faut faire», a déjà dit Richard Garneau en entrevue, à l’émission Place aux femmes. Une phrase qui a sans doute été cruelle à entendre pour les siens.

Alors que Joël LeBigot estime que Richard Garneau était en paix avec le fait de ne pas s’investir dans l’éducation de sa progéniture, Paul Houde fait état d’une situation généralisée à cette époque. Stéphane Garneau, qu’on sent en quête d’un quelconque regret qu’aurait pu éprouver son paternel, sera un peu rassuré par les propos de Jean-Paul Baert, qui lui jurera que Richard Garneau n’était pas totalement en paix avec ses désertions du domicile familial.

«Il est tellement considéré comme parfait, j’ai juste voulu dévisser l’image», a glissé Stéphane Garneau aux journalistes, lorsque le documentaire 10 secondes d’extase a été projeté en point de presse, à la mi-juin. Ce nouveau point de vue, a assuré le fils Garneau, n’entache en rien l’affection, le respect et l’admiration qu’il a toujours voués à son père, qu’il reconnaît être l’icône d’une génération, et qu’il se défend bien de «critiquer», parlant plutôt d’une vision «nuancée».

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