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«Intemporelle Diane Dufresne» : un sobre recueillement pour clore les FrancoFolies

«Intemporelle Diane Dufresne» : un sobre recueillement
Paméla Lajeunesse

Les chansons de Diane Dufresne revisitées par des amis artistes vibrants et sincères, avec émotion et sobriété. Il n’y avait que ces instants de recueillement à la Maison symphonique, samedi, alors qu’on clôturait les 28e FrancoFolies de Montréal avec le concert Intemporelle Diane Dufresne – Un temps pour elle. Sans flafla, ni artifices, ni Stade olympique et 50 000 personnes en délire devant sa Magie rose, le répertoire de la grande dame a pris vie simplement et a enchanté fabuleusement. «Intemporelle», on peut bien le dire : son œuvre ne mourra jamais. On en a eu une nouvelle preuve.

Hélas, ces belles voix, ces Diane Tell, Marie-Pierre Arthur, Alexandre Désilets, Marie-Denise Pelletier, Pierre Lapointe, Betty Bonifassi, Jorane, Catherine Major, Jenny Salgado, Charlotte Cardin, Kevin Parent et Diane Dufresne elle-même, on les entendait parfois difficilement lorsqu’elles parlaient entre les chansons. Les micros ne collaboraient pas et ça sonnait souvent chuintant. Mais le public n’y voyait - n’y entendait, en fait – que du feu, tout à son bonheur de renouer avec «sa» Diane et ce groupe de belles âmes dévouées à la cause.

Laurent Saulnier, vice-président et directeur général des FrancoFolies, est d’abord venu saluer la salle en s’enorgueillissant du fait que l’édition qui se termine a été «assez agréable, merci», puis c’est Diane Dufresne, qu’on ne voyait pas encore, qui a souhaité la bienvenue, en précisant même d’éteindre les téléphones cellulaires. L’avertissement avait été émis plus tôt, mais de la bouche même de Dufresne, ce n’est pas pareil… Quelques rires sympathiques se sont élevés.

Quand elle est entrée en scène, elle s’est approchée tout près, tout près de la première rangée, pour communier avec cette assistance qui l’aime tant. Diane Tell l’a rapidement rejointe pour Les hauts et les bas d’une hôtesse de l’air. On aurait bien voulu rapporter ce que les deux amies ont échangé avant que Tell n’enchaîne seule avec Partir pour la gloire, mais bobos de sonorités obligent, c’est impossible.

Frissonnant Parc Belmont

Guitare au cou, Marie-Pierre Arthur a offert une langoureuse J’ai rencontré l’homme de ma vie. Alexandre Désilets est venu l’accompagner le temps d’un couplet, et est revenu juste après pour une magnifique et touchante Que, généreusement applaudie et sifflée.

Marie-Denise Pelletier a déposé une gerbe de fleurs par terre aux premières notes d’Épine de rose. Ce n’est pas nouveau, mais on peut le répéter : côté coffre, Pelletier en impose ; le parterre l’a remarqué et l’a gratifiée d’une chaude ovation.

Arrivé lentement derrière les musiciens, Pierre Lapointe, sans conteste l’un des plus dignes héritiers spirituels de la muse de la soirée, a montré qu’il pouvait s’approprier avec grâce La vie en rose. Que le texte lui allait bien! Il a été un des rares à s’émouvoir à l’endroit de Diane Dufresne, racontant que cette dernière lui a appris à apprivoiser la scène comme un «outil de recherche et d’expérimentation», et les chansons, entre autres, pour créer des «souvenirs heureux». On n’aurait pu espérer meilleure mise en bouche pour, justement, Un souvenir heureux, qui lui colle aussi à la perfection.

Betty Bonifassi a propulsé Parlez-moi d’amour et J’t’aime plus que j’t’aime, mais on oubliera malheureusement son passage, éclipsé qu’il l’a été par le Parc Belmont. Le violoncelle et le timbre grandiloquent, pour ne pas dire hurlant de Jorane, ont généré un moment envoûtant qui a sûrement arraché des frissons à plusieurs. Le temps d’environ deux minutes, Diane Dufresne est montée à une loge et se tenait bien droite, surplombant l’action qui se jouait sous elle. Un cran plus haut, l’organiste la transportait pendant qu’elle déclamait quelques vers. L’ovation debout a été spontanée et venait du cœur.

Intemporelle: Diane Dufresne, clôture des FrancoFolies 2016

Sur Oxygène, c’est Catherine Major qui s’est épanchée au piano. Un quatuor à cordes avait alors été dévoilé, et la version était beaucoup moins survoltée que l’originale. Or, on pourrait l’apprêter à la sauce techno qu’Oxygène ne perdrait pas son cachet unique. Jenny Salgado s’était vue attribuer L’enfant de la lumière mais, encore une fois, avec Dufresne qui allait ensuite rappliquer sur L’Été n’aura qu’un jour, c’a été moins marquant, mais néanmoins pas inintéressant.

La délicate Charlotte Cardin a joliment rendu J’ai douze ans maman ; les spectateurs l’ont adorée. Kevin Parent et Hymne à la beauté du monde ont tristement écopé des lacunes sonores, qui ne se sont pas estompées des 90 minutes de la prestation. On se demande aussi si l’homme était la personnalité idéale pour bien livrer une pièce aussi évocatrice et puissante. Peut-être pas.

Sur un tapis rouge déroulé par terre, tous les collaborateurs ont finalement entonné une joyeuse On fait tous du show-business, dont le rythme était marqué à la batterie, pendant que, près d’eux, Sophie Thibault faisait semblant de jouer les photographes. Joli tableau. Après quoi, Diane Dufresne, dans sa tenue la plus flamboyante, a incarné de tout son être Je me noue à vous.

Diane Dufresne a répété sur plusieurs tribunes, dans les derniers jours, qu’elle ne voulait pas d’un hommage traditionnel. Voilà pourquoi, avec le concours de Pierre Séguin, elle a tissé la mise en scène de ce spectacle qui, pourtant, avait toutes les allures d’un coup de chapeau, discours flatteurs en moins. On comprend que la légendaire diva ne ressente pas le besoin de se faire couvrir de fleurs et d’éloges – elle nous le confiait d’ailleurs à la fin de l’année dernière -, mais nous, on aurait apprécié des mots d’amour à l’égard de ce monument encore bien vivant.

Or, on comprend bien que ce que Diane veut, ses amis ne peuvent le lui refuser.

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