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Le Bloc dépose 25 000 signatures de citoyens s'opposant à Énergie Est

25 000 fois non à Énergie Est
PC via Radio-Canada.ca

Le Bloc québécois a réuni 25 000 signatures de citoyens qui s'opposent à la construction du pipeline Énergie Est, la preuve que la population s'oppose massivement au projet, selon la formation politique.

Mais le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, ne tire pas la même conclusion. "Non. Ça démontre que les gens ont un point de vue et qu'ils l'expriment. Et c'est ce que nous encourageons", a-t-il tranché.

En février, le Bloc s'était fait le parrain d'une pétition d'une citoyenne de Mascouche, Christiane Crevier, mère de trois enfants, inquiète de voir le tracé du pipeline passer tout près de chez elle.

Quatre mois plus tard, la formation se félicite d'avoir amassé 25 000 noms et estime que cela envoie un message au premier ministre Justin Trudeau à l'effet qu'au Québec, le projet ne passe pas le test de "l'acceptabilité sociale".

Aux yeux du député bloquiste Luc Thériault, cette pétition constitue la première étape de ce qui s'annonce être un long "marathon" dans la lutte contre ce projet controversé. "On est mieux outillés pour la deuxième étape, qui consiste justement à contrer le lobby pétrolier de la désinformation", a-t-il soutenu en conférence de presse à Ottawa, mardi.

La proposition consolidée de l'oléoduc de 4600 kilomètres a été déposée à l'Office national de l'énergie (ONÉ) le mois dernier. L'Office doit étudier le document, qui compte 39 000 pages, mais c'est le cabinet de Justin Trudeau qui prendra la décision finale.

La citoyenne à l'origine de cette pétition, Christiane Crevier, a avancé que si elle disposait d'autant de moyens que TransCanada, elle parviendrait à signer l'arrêt de mort du projet. Selon elle, TransCanada tente d'effectuer "un lavage de cerveau" avec des moyens financiers et logistiques imposants.

"On passe un oléoduc dans ma cour, mais surtout, on essaie de me le cacher, a-t-elle déploré. L'information est divulguée au compte-gouttes, l'information est manipulée par une armée de relationnistes, bref, l'information est volontairement et bassement déformée pour nous faire avaler un projet."

L'un de ces exemples de désinformation est lorsque l'entreprise soutient que le pipeline fera diminuer le transport de pétrole par trains, alors qu'il permettra plutôt une hausse de la production, a-t-elle fait valoir.

La chef du Parti vert, Elizabeth May, qui soutient aussi la démarche, a quant à elle mis en doute "l'intégrité" de l'ONÉ, qualifiant de "blague" le processus d'évaluation des projets.

M. Thériault a dit croire qu'il aurait été possible d'amasser encore plus de signatures, mais il a signalé que le site gouvernemental qui permettait les pétitions électroniques avait connu plusieurs ratés.

À la sortie de la réunion du cabinet, le ministre Carr a rappelé qu'il restait de nombreux mois avant que le gouvernement prenne une décision dans le dossier.

"La demande de la compagnie à l'Office national de l'énergie n'a pas encore été finalisée. Lorsque cela se produira, le compte à rebours de 21 mois commencera à l'ONÉ, après quoi il y aura un nombre de mois pour que le gouvernement regarde ce que l'ONÉ n'a pas couvert", a-t-il insisté.

Il croit par ailleurs que de "nombreuses opinions divergentes" seront exprimées.

Justement, le dépôt de cette pétition survient alors que le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, est en tournée dans l'Est du pays pour faire la promotion du projet. Il doit notamment rencontrer le premier ministre québécois, Philippe Couillard.

La Communauté métropolitaine de Montréal, qui regroupe 82 municipalités et représente 3,9 millions de citoyens, s'était officiellement prononcée contre le projet en janvier. Cela avait attisé la colère de M. Wall, qui avait écrit sur Twitter avoir "confiance que les maires du Grand Montréal vont poliment rembourser leur part de péréquation de 10 milliards $ payée par l'Ouest".

Le député conservateur Gérard Deltell croit qu'il est démagogique de prétendre que le Québec en entier s'oppose au pipeline, en dépit des 25 000 noms recueillis et de l'opposition de la métropole.

"Au Parti conservateur, on persiste à dire que le pipeline est un bon projet pour le Québec, est un bon projet pour le Canada, que c'est la meilleure façon, la plus économique, la plus environnementale et la plus sécuritaire, pour transporter le pétrole", a-t-il plaidé.

Le projet Énergie Est vise à acheminer quotidiennement 1,1 million de barils de pétrole brut issu des sables bitumineux de l'Ouest jusqu'à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Environ 625 kilomètres de canalisation traverseraient le Québec.

Mercredi, les chefs de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) décideront d'une position commune sur le projet.

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