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Euro 2016: Pourquoi aucun Russe n'a été arrêté après les violences de Marseille

Euro 2016: Pourquoi aucun Russe n'a été arrêté après les violences de Marseille

Des protège-dents, des gants de combat et des couteaux. C'est l'équipement dont disposaient les supporters russes qui se sont battus avec les anglais, samedi 11 juin à Marseille, selon les déclarations dimanche de Mark Roberts, responsable de l'unité spécialisée dans le football de la police britannique.

Problème: aucun des 150 hooligans russes "extrêmement entraînés et violents" qui ont participé à ces scènes de "guérilla urbaine" n'a pu être interpellé, a annoncé lundi le procureur de la République, Brice Robin. "Préparés pour des opérations hyper-rapides et hyper-violentes", ils ont visiblement déjoué la surveillance policière en évitant d'arriver par avion à Marseille, a précisé le procureur.

Au total, 20 personnes ont été placées en garde à vue depuis le début des incidents jeudi. Dix d'entre elles, six Britanniques, un Autrichien et trois Français doivent être jugées lundi à Marseille pour "violences avec arme par destination", sur des policiers ou sur d'autres supporters, commises en marge du match Angleterre-Russie.

Une organisation de "commando paramilitaire"

Seuls deux Russes ont fait l'objet de la part du préfet de région d'une obligation de quitter le territoire français, pour des faits moins graves. Pour autant, au cours des trois derniers jours, il n'y a pas eu de "faille" dans le maintien de l'ordre a assuré Brice Robin. "C'est une sorte de guérilla urbaine très difficile" à juguler, a-t-il souligné.

"Une petite minorité de supporters anglais étaient à Marseille pour causer des problèmes", explique Mark Roberts au quotidien britannique The Guardian. Mais les fauteurs de trouble russes étaient "beaucoup plus nombreux", ajoute-t-il. "Nous pensons qu'ils étaient 300 environ".

"Nous savons que certains avaient des couteaux parce qu'un supporter anglais a été poignardé. Ils portaient une sorte d'uniforme - ils avaient tous des t-shirts et habits noirs et beaucoup portaient des sacs banane, peut-être pour dissimuler des armes", ajoute-t-il.

"C’était un raid, on avait affaire à un commando paramilitaire dans l’organisation", explique au Monde Sébastien Louis, historien spécialisé dans l’étude des supporters radicaux, témoin des scènes de violences ce week-end à Marseille. "Ils repèrent les lieux, désignent une cible, puis passent à l’attaque. Ils connaissaient parfaitement la géographie du quartier et prenaient des voies perpendiculaires ou parallèle pour éviter les contrôles de police."

"Les Anglais sont des fillettes"

"Les Anglais disent toujours qu'ils sont les seuls hooligans. Nous sommes venus démontrer que les Anglais sont des fillettes", dit à l'AFP Vladimir, un hooligan russe de 30 ans, présent samedi soir sur le Vieux-Port de Marseille et joint par téléphone à son retour en Russie.

Le jeune homme, qui a fait l'aller-retour Moscou-Marseille en moins de 48 heures pour assister à la rencontre entre la Russie et l'Angleterre, dit avoir frappé des supporteurs anglais "pour le sport". "On est tous venus pour ça. Le jour du match, tous les Russes ont pris l'avion (pour la France), il y avait environ 150 gars, les plus costauds", raconte-t-il, estimant le nombre total d'hooligans russes à 500 ou 600.

Pour Vladimir, seuls les hooligans russes se battent "avec honneur". "Nous, nous n'utilisons jamais des armes improvisées, seulement nos poings" tandis que "les Anglais utilisent des chaises, des bouteilles".

Le jeune homme, à la vie rangée lorsqu'il est à Moscou, dresse le portrait du hooligan russe: "entre 20 et 30 ans, sportif, amateur de boxe et de tout genre d'arts martiaux". "Si vous voyez quelqu'un avec un drapeau russe ou un tee-shirt aux couleurs de la Russie, ce n'est jamais un hooligan", ajoute-t-il. "Nous devons nous fondre dans la foule".

Une loi contre les fauteurs de trouble en Russie

Souvent confrontée aux comportements violents de supporteurs dans ses propres stades, la Russie a passé en 2012 une loi renforçant les sanctions contre les fauteurs de troubles, qui risquent désormais jusqu'à sept ans de détention, mais les incidents impliquant des hooligans russes restent fréquents.

Les violences dans les rues de Marseille ont fait 35 blessés en marge du match de l'Euro-2016 Angleterre-Russie samedi, dont trois dans un état grave. Le supporter anglais qui était entre la vie et la mort samedi est dans "un état stable", a indiqué dimanche la préfecture de région à l'AFP.

Mark Roberts a mis en garde au sujet de possibles affrontements dans le nord de la France cette semaine, où doivent se dérouler Russie-Slovaquie, à Lille mercredi, et Angleterre-Galles à Lens le lendemain.

"Notre principale préoccupation est la sécurité des citoyens britanniques pour la suite du tournoi", assure le policier, précisant que les vidéos recueillies par les "spotters" britanniques seront remises aux autorités françaises pour retrouver les hooligans russes.

L'UEFA, qui gère l'Euro 2016, a menacé l'Angleterre et la Russie de "disqualification" du tournoi "en cas de nouvelles violences" de leurs supporters.

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