Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Il faut arrêter d'avoir peur du mot féministe» - Sophie Prégent (ENTREVUE)

«Il faut arrêter d'avoir peur du mot féministe» - Sophie Prégent (ENTREVUE)
HuffingtonPost

Sophie Prégent sera honorée ce soir, lors du gala de l’Association des Femmes du cinéma, de la télévision et des médias numériques (FCTMN), à la Place des Arts, sous l’animation d’Anaïs Favron et la présidence d’honneur de Louise Portal.

La présidente de l’Union des artistes (UDA) sera ainsi saluée dans la catégorie Carrière, pour son parcours au théâtre, à la télévision et au cinéma et son implication au sein de l’UDA. Le FCTMN a indiqué vouloir souligner le travail colossal, l’aplomb, la sensibilité, le leadership «hors du commun», le franc-parler et les prises de position «courageuses» de Sophie Prégent.

Chaque année, le gala FCTMN récompense cinq femmes de l’industrie cinématographie, visuelle et médiatique pour leur apport non seulement à leur milieu professionnel, mais à l’avancement de la condition féminine en général. Anne Émond (catégorie Relève), Elizabeth Plank (catégorie Rayonnement d’exception), Kadidja Haïdara (catégorie Métier) et Marie-Claude Beauchamp (catégorie Pionnière) sont les lauréates de l’édition 2016.

Évidemment, la notion de féminisme s’impose d’emblée lorsqu’on parle des activités du regroupement qu’est le FCTMN. Lorsque le Huffington Post Québec lui a posé timidement la question à savoir si elle considérait que la distinction qu’on lui octroie en est une féministe – on n’est jamais trop prudents, compte tenu du débat suscité par le simple terme «féministe» au début du printemps ; rappelons-nous l’échange cahoteux entre Sophie Durocher et Geneviève St-Germain à Tout le monde en parle! -, Sophie Prégent a remis les pendules à l’heure avec une courtoise véhémence.

«Il faut arrêter d’avoir peur de dire le mot «féministe» à tout bout de champ!, s’est gentiment emportée la comédienne. Si on regarde la définition dans le dictionnaire… C’est rendu qu’on a peur de dire ce mot, que c’est très, très négatif, que ça ne paraît pas bien… C’est comme si, tout à coup, on enlevait nos soutiens gorges et qu’on les brandissait au bout d’un bout de bois. Voyons, on n’est pas en 1972! Quelle honte y a-t-il à dire qu’on est féministe? Je tiens à l’égalité, et je veux faire en sorte que cette égalité existe. C’est rendu que les femmes qu’on croyait les plus féministes disent qu’elles ne le sont pas… Coudonc, ce sera bientôt les filles qu’on croyait ne pas l’être qui vont finir par dire qu’elles le sont….!»

«C’est bien personnel, mais oui, je suis féministe, avec plaisir, a continué Sophie Prégent. J’aime beaucoup les hommes, je ne leur en veux pas, mais je considère qu’il y a une place pour les femmes. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, tout n’est pas gagné. Je ne déteste personne, mais je pense qu’il y a place à l’amélioration!»

Un beau chantier de construction

Sophie Prégent remarque que l’environnement de travail qui prévaut dans le domaine audiovisuel est rude pour les femmes et que plusieurs raisons expliquent pourquoi celles-ci s’y font rares.

«Des femmes réalisatrices, il y en a très peu, et c’est dur pour elles. C’est dur d’obtenir du financement, de tourner. Ce n’est pas vrai qu’on est dans un univers romantique et romanesque, pas du tout. Mais mettez une caméra entre les mains d’une femme réalisatrice, et elle va savoir quoi en faire! J’ai vu les films d’Anne Émond ; c’est cru, c’est cruel, c’est rough, c’est tough, mais en même temps, c’est très signifiant.»

«Devant la caméra, dans une histoire, c’est sûr qu’il va y avoir des femmes quelque part ; il y en a moins et on est encore moins bien payées, il y a toujours place à l’amélioration, mais c’est mieux que dans le milieu de la production, a enchaîné l’actrice. Derrière la caméra, si on a le choix entre un homme et une femme, ce n’est pas une question de rôles et de distribution. Il reste encore beaucoup de travail à faire.»

«Peut-être que les métiers techniques, traditionnellement, intéressent plus les hommes. Car, bizarrement, on dirait qu’un plateau de tournage, ce n’est pas tellement loin du milieu de la construction : on est dans des décors, en train de gosser après des affaires, on monte quelque chose qui n’existe pas… Je ne parle pas des directeurs photo, des réalisateurs et des acteurs, et je ne le dis pas bêtement, ce n’est pas réducteur, au contraire. C’est un beau milieu de construction. On est là-dedans, et c’est difficile.

Je les vois, les filles, sur les plateaux de tournage, qui transportent des charriots, des boîtes, toutes sortes d’affaires, dans un milieu d’hommes, qui se font parfois regarder avec condescendance… Il faut travailler ça. C’est peut-être pour laquelle il y en a moins», a déterminé Sophie Prégent en guise de conclusion.

INOLTRE SU HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.