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Les Cam Girls, nouvelles stars de la porn (VIDÉO/PHOTOS)

Les Cam Girls, nouvelles stars de la porn (VIDÉO/PHOTOS)

Preuve que le phénomène n'en finit plus de prendre de l'ampleur: les Cam Girls ont maintenant droit, tous les ans, à leur convention. Pour la 3e édition du Cam Con, organisé à l'hôtel SLS de Miami Beach, tout le gratin de cette nouvelle industrie florissante était au rendez-vous. Entre une pool party et deux séminaires, Le Huffington Post a voulu en savoir plus sur ces modèles aux allures de «filles d'à côté», bien parties pour révolutionner le monde de la porn.

S'il n'y avait pas dans la salle un écran sur lequel défilent des vidéos de modèles dans le plus simple appareil, on pourrait se croire à un séminaire d'entreprise tout ce qu'il y a de plus traditionnel. Au micro, Shirley Lara, l'une des co-fondatrices de Chaturbate. Dans son tailleur, ballerines Chanel aux pieds, la jeune femme est là pour écouter les suggestions, et apporter des réponses à ses «diffuseurs», comme elle les appelle. Ici, on parle affaires, et quasiment pas de sexe. Il est question d'outils promotionnels, de bannières, de recrutement de clients ou encore de fidélisation de clientèle.

En entrevue avec Le Huffington Post, Shirley Lara explique: «On associe rarement un visage aux sites de cams. C'est important pour moi de faire le lien avec nos diffuseurs. Je viens ici pour qu'ils nous disent les choses qu'on peut améliorer pour eux, ça m'aide à établir des priorités dans les nouveautés qu'on peut apporter, je viens récolter de l'information brute. À Chaturbate, on se considère comme une compagnie de développement de logiciels spécialisés. Et nos diffuseurs sont de véritables entrepreneurs. Ils travaillent aux heures qu'ils veulent, ils choisissent ce qu'ils veulent faire devant leur webcam, ils sont en total contrôle du contenu, comme de l'endroit où ils travaillent.»

Cette liberté est mise en avant par de nombreuses Cam Girls qui ont été séduites par le modèle d'affaires proposé par des sites comme Chaturbate, LiveJasmin ou Cam4. «J'ai travaillé dans le monde de l'entreprise, mais ce n'était pas fait pour moi», témoigne au Huffington Post Karri Kellie, 26 ans, Cam Girl originaire de Dallas. «Je cherchais quelque chose pour lancer ma propre affaire. J'ai commencé la webcam il y a un an et demi. Et j'adore ça. J'aime surtout le fait d'être ma propre boss, et de pouvoir choisir mes «clients». Si je ne me sens pas à l'aise avec certains, s'ils franchissent la limite, je n'ai plus à travailler avec eux.»

Salaire à six chiffres

L'attrait financier est également important. Depuis quelques années, la webcam est devenue une affaire florissante. En 2014 déjà, certaines Cam Girls, comme la star de LiveJasmin LittleRedBunny, pouvaient se vanter de gagner jusqu'à un million de dollars par an. Les modèles, qui produisent et diffusent du contenu, sont payés à la minute pour leurs shows privés, par les utilisateurs inscrits. Ces derniers peuvent aussi offrir des tips en «tokens» (la monnaie virtuelle des sites de webcam) aux modèles pour les inciter à exécuter des actes sexuels - plus ou moins déviants - devant leur webcam. Si les modèles doivent ensuite reverser une commission (qui peut aller jusqu'à 70%) aux sites qui les hébergent, les plus célèbres, qui comptent des milliers de clients prêts à leur donner de généreux pourboires, peuvent facilement atteindre un salaire annuel à six chiffres.

Il n'est pas rare d'entendre ainsi des histoires de Cam Girls qui ont réussi à se faire une place au soleil ou à monter leur entreprise grâce à leur webcam. «En 2011, on avait une fille très populaire sur Chaturbate», raconte Shirley Lara. «Elle faisait vraiment beaucoup d'argent avec nous, et elle était très intelligente. Elle n'a pas tout dépensé en s'achetant des robes ou des sacs à main. Et quand elle a voulu devenir propriétaire d'un salon de beauté, elle n'a même pas eu besoin de faire un emprunt à la banque. Elle a été capable de tout payer de sa poche. Aujourd'hui, elle n'est plus sur Chaturbate, mais on se parle encore régulièrement.»

Avec l'explosion du phénomène des Cam Girls, il devient, néanmoins, plus difficile de réussir dans ce domaine. «La vérité, c'est que c'est dur de gagner de l'argent», confie au Huffington Post Natalia Coquine, une Cam Girl espagnole installée depuis 2 ans à Miami et qui tente, depuis, de percer tant bien que mal dans ce milieu extrêmement concurrentiel. «Pour y arriver, il faut se constituer une bonne fan base, et ça, ça prend du temps». Pour accroître leur clientèle et développer un lien privilégié avec leurs «fans», comme elle les appellent, les filles se doivent d'être très actives sur les réseaux sociaux, ou encore de tenir un blogue, afin de partager les moindres détails de leur vie privée.

Partager son quotidien

«Tu dois leur donner l'impression que tu fais partie de leur vie», conseille Courtney Rudolph, responsable des médias sociaux pour la compagnie FriendFinder Networks, au cours d'un autre séminaire organisé au SLS. «Il faut leur montrer ton quotidien, leur envoyer des photos de ton nouvel appartement.» Ambassadeur pour le site Cam4, Gunner y va aussi de son anecdote. «L'autre jour, il y a une Cam Girl qui parlait de son nouveau régime sur Twitter. Elle a posté une photo d'une tige de céleri. En quelques minutes, elle avait déjà 171 likes. Juste pour un bout de céleri! Ça te montre l'emprise qu'elle peut avoir sur ses fans.»

Souvent décrit comme le principal responsable de l'écroulement de la porn traditionnelle, l'internet a joué un rôle moteur dans l'incroyable développement des Cam Girls. Et pas seulement grâce aux réseaux sociaux. Alors que les sites de streaming gratuit ont sérieusement réduit les profits dégagés par le porno, l'industrie du caming ne s'est jamais aussi bien portée, avec des revenus annuels estimés, en 2015, à quelque 2 milliards de dollars. La raison est simple. Si on peut trouver des vidéos de Cam Girls en accès gratuit sur des sites comme PornHub ou YouPorn, cela ne pourra jamais remplacer l'excitation du direct, comme l'interaction entre une fille et ses fans qui peuvent influer sur ses faits et gestes contre quelques «tokens».

Double emploi

«La porn traditionnelle est devenue très générique, sans saveur. Tu peux aller sur n'importe quel site gratuit, télécharger ce que tu veux, et te masturber dessus en 5 minutes. Mais il n'y pas de vraies interactions. Les gens veulent quelque chose de plus.

Ils veulent parler à une vraie personne», analyse l'actrice porno Vickyvette, 51 ans. «À terme, je pense que le caming va prendre le dessus sur la porn traditionnelle.» Sous leurs faux airs de filles d'à côté, les Cam Girls réussiront-elles à sauver une industrie du X en pleine déliquescence?

Les frontières entre les deux univers sont déjà assez poreuses. De plus en plus d'actrices pornos font également dans la webcam, telle Cloe Palmer, 19 ans, originaire de Tampa en Floride, qui exerce ses talents sur Chaturbate, en plus de faire des vidéos dans le X. «Ça ne fait pas beaucoup de différences pour moi, dit-elle. Mais je préfère la webcam, parce que ça me donne le plein contrôle sur ce que je fais, et je peux interagir avec des milliers de personnes en même temps. Comme j'ai toujours aimé chatter avec des étrangers sur internet, c'était parfait pour moi.»

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