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Stéphane Dion défend sa réaction au sujet de la journaliste semoncée par un ministre chinois

Stéphane Dion défend sa réaction

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Stéphane Dion, juge qu'il n'avait pas à voler au secours de la journaliste qui a subi les foudres du ministre chinois des Affaires étrangères en conférence de presse à Ottawa, plus tôt cette semaine.

En conférence téléphonique vendredi depuis Paris, où il se trouvait pour des discussions entourant le conflit israélo-palestinien, il a affirmé qu'il ne lui appartenait pas de défendre une journaliste en sol canadien, où la liberté de presse est entière.

En revanche, ce qu'il appartient à un ministre canadien des Affaires étrangères de faire, c'est de soulever la question des droits de la personne auprès des régimes qui les bafouent _ et Stéphane Dion a assuré l'avoir fait "très clairement" auprès de son homologue chinois.

Par ailleurs, ultimement, "le ministre (Wang Yi) a fait des déclarations, et c'est à lui à vivre avec ses déclarations", a tranché M. Dion à l'autre bout du fil.

Il a nié que l'intention du gouvernement libéral de réchauffer les relations avec la Chine soit à l'origine de cette timidité à intervenir publiquement auprès du représentant du gouvernement chinois.

"La seule façon pour nous d'avoir des relations avec un pays n'est pas de choisir entre les liens économiques et les droits de la personne, c'est de mener ces dossiers-là de front, ensemble", a fait valoir Stéphane Dion.

"C'est très difficile de comprendre comment on pourrait améliorer notre sort avec la Chine si l'État de droit ne s'améliore pas", a enchaîné le diplomate en chef du Canada.

De son côté, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé vendredi que le gouvernement avait exprimé son mécontentement auprès des autorités chinoises.

"Nous avons fait part de notre insatisfaction tant au ministre chinois des Affaires étrangères qu'à l'ambassadeur de la Chine au Canada pour la façon dont nos journalistes ont été traités", a-t-il dit en point de presse à Winnipeg.

"La liberté de presse est extrêmement importante pour moi, a-t-il enchaîné. Nous savons que le travail des journalistes est de poser des questions difficiles, et nous vous encourageons certainement à le faire."

Le ministre chinois des Affaires étrangères a fermement réprimandé, mercredi à Ottawa, une journaliste canadienne qui l'avait interrogé sur le piètre bilan de son pays en matière de respect des droits de la personne.

En visite au Canada, Wang Yi a estimé que la reporter du site web iPolitics avait agi de manière "irresponsable" en lui posant une question sur ce sujet délicat et sur l'emprisonnement du Canadien Kevin Garratt pour espionnage.

"Votre question est empreinte de préjugés et d'arrogance _ antichinoise, a-t-il dit, très remonté. J'ignore d'où vous tenez ça. C'est tout à fait inacceptable. Personne ne connaît mieux que les Chinois eux-mêmes la situation des droits de la personne en Chine", a tonné Wang Yi.

"Alors, j'aimerais vous suggérer de ne pas, s'il vous plaît, poser de questions de manière aussi irresponsable. Nous accueillons volontiers les suggestions formulées de bonne foi, mais nous rejetons les accusations sans fondement et injustifiées", s'est-il insurgé.

L'absence d'intervention du ministre Dion lors de l'incident de mercredi a été vivement critiquée par les partis de l'opposition à Ottawa.

Le porte-parole du Parti conservateur en matière d'affaires étrangères, Tony Clement, a déclaré jeudi dans un communiqué qu'il était "outré" que le ministre chinois des Affaires étrangères ait eu "l'audace de réprimander une journaliste canadienne".

"Je suis choqué qu'un dignitaire en visite afficherait (sic) un tel mépris. Nous avons la liberté de la presse au Canada (...) Nous appuyons le droit des journalistes de poser des questions et demandons au gouvernement de condamner ces déclarations inacceptables", a-t-il affirmé.

Conflit israélo-palestinien

Le ministre Dion faisait partie des diplomates réunis en France pour préparer un sommet international afin de relancer le processus de paix israélo-palestinien, prévu d'ici la fin de l'année.

Dans une déclaration commune diffusée au terme de la rencontre, ils ont affirmé que la solution de deux États vivant côte à côte dans un climat de sécurité était le seul moyen de parvenir à une paix durable.

Invité à commenter l'arrivée de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman comme ministre israélien de la Défense, Stéphane Dion a préféré le pragmatisme au pessimisme.

"Il faut rechercher la paix avec le gouvernement israélien actuel. Il n'y en a pas d'autre, c'est celui-là", a-t-il offert en conférence téléphonique, vendredi.

"C'est la même chose du côté palestinien: les interlocuteurs palestiniens qui existent en ce moment ne sont pas forcément idéaux, mais c'est ceux qu'on a", a par ailleurs souligné M. Dion.

"Et on doit dire: "N'attendez pas d'avoir le partenaire idéal devant vous, ça n'arrivera pas. Prenez celui qui est là, assoyez-vous et négociez la paix"", a-t-il insisté.

Le ministre Lieberman a voulu se montrer rassurant, lundi, après son investiture, affirmant qu'il était favorable à l'option de deux États pour deux peuples.

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