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Un gag Juste pour rire sur le harcèlement de rue crée la controverse

Un gag Juste pour rire qui ne passe pas
PC

Les Productions Juste pour rire se sont retrouvées au centre d'une controverse mercredi, après que le cri du coeur d'une de leurs «victimes» sur Facebook fut devenu viral.

Livia Dallaire a raconté avoir été piégée par l'équipe des Gags Juste pour rire mardi au parc Lafontaine, à Montréal. Une femme disant travailler pour le parc l'aurait approchée pour lui demander si elle pouvait la photographier pour un site web en construction. À ce moment-là, elle aurait signé un formulaire acceptant qu'on utilise son image.

Peu de temps après, la «photographe» s'éloigne et Mme Dallaire se fait aborder par un «jardinier de la Ville» qui tente de la séduire. «J'ai le coeur au bord des lèvres, me retiens pour pas y crisser une volée tout de go», a écrit la jeune femme sur Facebook.

Pendant qu'il lui parle, l'homme s'accote sur son camion, qui se met à avancer, le faisant tomber par terre. «Je ris, me disant que son égo en aura pris un coup et qu'il me laissera tranquille», raconte la jeune femme.

Mais les ardeurs de l'homme semblent loin d'être refroidies. Selon Livia Dallaire, le «jardinier» se serait alors assis aux côtés d'elle et aurait passé son bras autour de ses épaules. «Dans ma tête, je lui donne dix secondes pour arrêter avant que je l'empoigne au cou», écrit la jeune femme.

C'est à ce moment-là qu'on lui aurait révélé qu'elle venait d'être piégée par les Gags Juste pour rire, en lui montrant les caméras cachées.

Un gag qui ne passe pas

Au lendemain des événements, Livia Dallaire est outrée: «Alors la joke, c'est d'harceler des femmes au parc. N'importe qui, mais tsé, c'est juste pour rire».

«Juste pour rire a pas l'air de comprendre qu'à tous les fucking jours on vit ça. Qu'on vit malaise sur malaise, frustration sur frustration. Que ces comportements-là de cruise sont toxiques en sacrament. Ça te pourrit une journée.» - Livia Dallaire

Mais les Productions Juste pour rire ont une toute autre perception de l'événement. Pierre Girard, producteur des Gags Juste pour rire, était présent sur les lieux du tournage, et il ne comprend pas l'indignation de Mme Dallaire. «Dans l'extrait, elle est morte de rire!» a assuré le producteur au Huffington Post Québec.

«C'est très, très drôle. C'est un petit gag niaiseux, raconte-t-il. Ce qu'on démontre, c'est comment les gars sont épais.»

M. Girard n'estime pas que le gag banalise le harcèlement de rue, comme le sous-entend Livia Dallaire dans son message.

«On cherche peut-être à intellectualiser une problématique — qui existe et que je reconnais —... Mais on s'attaque à l'image des hommes», martèle-t-il.

La question du consentement

Dans sa publication Facebook, Livia Dallaire raconte avoir signé «un papier de consentement» avant de savoir qu'elle était filmée pour Juste pour rire. Une allégation que nie catégoriquement Pierre Girard.

«Au moment où elle a signé, elle le savait!» assure-t-il. Selon lui, les formulaires de consentement son toujours signés par les «victimes» après le dévoilement des caméras cachées. Il ajoute que les personnes filmées peuvent retirer leur consentement à tout moment. «Une femme m'a téléphoné la semaine passée à propos d'un gag filmé il y a trois ans parce qu'elle ne voulait plus se voir à la télé. On l'a retirée du gag avant de le remettre en ondes sans elle.»

Selon lui, Livia Dallaire a surtout été choquée de s'être laissée prendre. Il dit ne pas avoir été contacté par la jeune femme après le tournage. «Elle avait juste à nous appeler et on l'aurait retiré, tout simplement.» Pierre Girard indique que son équipe a depuis écrit à la jeune femme et qu'il ne diffusera pas l'extrait en question.

Chose certaine, le cri du coeur de la jeune femme a fait réagir. En quelques heures, sa publication avait été partagée près de 300 fois sur Facebook. C'est toute la question du consentement qui semble soulever les passions des internautes qui ont commenté la publication. Plusieurs d'entre eux encouragent Livia Dallaire à porter plainte, certains remettant en question la légalité des tactiques utilisées par l'équipe de production.

Jointe mercredi soir par le Huffington Post, Livia Dallaire s'est dite «sous le choc» et n'a pas voulu commenter l'affaire.

Vous pouvez lire son message en entier ci-dessous:

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