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Le député Robert Poëti a bien fait de briser le rang du parti, selon la ministre Rita De Santis (ENTREVUE/VIDÉO)

Robert Poëti a bien fait de briser le rang, selon Rita De Santis (VIDÉO)

Le député libéral Robert Poëti a bien fait de dénoncer publiquement les irrégularités qui persistent au ministère des Transports, même s’il a du même coup «brisé le rang» de son propre parti et créé la tourmente. C’est du moins ce qu’avance la ministre Rita De Santis, qui souhaite plus de franc-parler en politique.

Contrairement à plusieurs membres du caucus libéral qui ont jugé les révélations de M. Poëti au magazine L’Actualité comme un flagrant «manque de loyauté», Rita De Santis, ministre responsable de l’Accès à l’information et de la Réforme des institutions démocratiques, applaudit son travail. Les démarches entreprises par l’ex-ministre des Transports ont entre autres révélé des problèmes de conformité de contrats, et un système de comptabilité camouflant les dépassements de coûts. Selon Mme De Santis, les actions de Robert Poëti aident à «améliorer la transparence du système» gouvernemental.

Rappelons que Rita De Santis a marqué les esprits au courant des derniers mois avec des déclarations pour le moins percutantes. Il y a une semaine, la ministre d’origine italienne s’est emportée sur son passé d’immigrante, racontant à un groupe de jeunes que sa maîtresse d’école lui avait dit qu’elle ne réussirait pas dans la vie à cause de son accent italien. «Toute personne qui parlerait à un enfant comme elle m'a parlé devrait être tuée, massacrée, jetée, je ne sais pas où», avait-elle alors déclaré. L’avocate de formation (et toute première femme associée au prestigieux cabinet Davies) a aussi soulevé l’émoi quand elle a dit que les objectifs de financement politique du Québec étaient de «vraies peanuts» comparées aux autres provinces.

Le Huffington Post Québec a profité de son passage à Montréal, lundi, pour faire le point avec la ministre au style coloré. Entrevue.

HuffPost : À votre avis, l’ex-ministre Robert Poëti a bien fait de dénoncer publiquement les irrégularités au MTQ et d’embaucher personnellement une ex-enquêteuse de l’UPAC?

Rita De Santis : Je crois que chaque fois [qu’une action] nous amène à être plus transparent et à réagir pour améliorer le système, personnellement, Rita trouve ça bien.

Même si certains ont questionné sa démarche, vous dites que c’est une bonne chose?

Le résultat de son action vise à l’amélioration du système, à plus de transparence, donc c’est une bonne chose.

Qu’avez-vous pensé de ses propos, de toutes les révélations qu’il a faites, par exemple les contrats de gré à gré qui auraient été accordés à d’anciens employés?

Ce qu’il a dit, ça ne me surprend pas, parce que j’ai participé à la Commission sur l’administration publique. Je vois qu’il y a beaucoup de travail à faire à l’intérieur de l’administration pour qu’on change les choses. Pour que les relations entre les sous-ministres et les ministres s’améliorent. Et qu’on comprenne mieux la gouvernance dans tout ça. Il y a un problème de gouvernance, mais ça ne date pas d’hier, c’est depuis très longtemps…

Donc le ménage n’est pas complètement fait au MTQ?

Je ne peux pas parler du ministère des Transports, car je ne le connais pas assez.

Alors parlons de l’ensemble du gouvernement, le ménage est-il fait?

Dans l’ensemble, pour ce qui est de la gouvernance gouvernementale, il y a encore du travail à faire. Je crois qu’on a agi assez vite [à la suite des déclarations de Robert Poëti] et comme le premier ministre l’a dit, si les personnes qui devaient rapporter certaines actions ne l'ont pas fait, il y aura des conséquences. […] Quand je parle de changement de culture, vous savez, c’est très très profond, c’est pas juste les politiciens, c’est toute la fonction publique qui doit apprendre ce que c’est d’être transparent.

À votre avis, pour que le gouvernement soit plus transparent, faut-il, comme vous ou Robert Poëti, plus de députés qui ont un franc-parler?

Quand on parle de gouvernement ouvert et transparent, il faut changer la culture qui existe dans tous les organismes publics et les ministères, les informations doivent être diffusées de façon plus proactives […] Il faut bien réfléchir avant de parler, pour ne pas blesser les gens, mais il ne faut pas enlever aux élus la possibilité de s’exprimer en toute franchise.

Vous dites souvent ne pas aimer la langue de bois, êtes-vous certaine de ne pas être trop sanguine pour la politique?

Je crois que les gens autour de moi et même ceux qui ne me connaissent pas préfèrent que je continue de parler avec mon cœur et avec ma tête.

Vous ne jugez pas avoir exagéré avec vos récentes déclarations?

Eh bien oui… et je m’en excuse! Je n’aime pas la violence, ni physique ni psychologique… Elle n’a pas sa place dans la société. Je répète que je suis désolée et je ne vais pas arrêter de m’excuser. Ce que je voulais dire par rapport aux propos de ma maîtresse d’école, c’est que personne n’a le droit de dire à un enfant, parce qu’il vient d’un milieu ethnique ou défavorisé, qu’il a moins de chance de réussir, il faut l’aider et l’encourager.

Et la fameuse comparaison des objectifs de financement politique de 150 000$ à des «peanuts»?

J’ai été mal cité, le message que j’essayais de passer c’est qu’en tant que Québécoise, je suis très très fière qu’on ait modernisé les lois depuis 2010 et qu’on ait encadré le financement politique. Quand on regarde les objectifs de financement des autres provinces, on constate qu’elles ont à apprendre du Québec.

Une des mesures phares promises par le premier ministre pour augmenter la transparence du gouvernement est d’exposer l’agenda public des ministres. Or comme Le Huffington Post Québeca rapporté récemment, ils sont souvent remplis à moitié, ou parfois pas du tout…

Ce n’est pas encore parfait, c’est vrai. Je rencontre les responsables d’agendas de tous les ministres pour s’assurer que c’est bien fait. J’espère que d’ici la fin de l’année tous les agendas ministériels seront mis à jour correctement.

Est-ce vraiment l’outil qui va renforcer le lien de confiance avec la population?

C’est une mesure parmi plusieurs. Ce n’est pas la solution miracle pour regagner la confiance du public, car ce sont surtout les journalistes qui vont consulter ce site. Mais à travers leurs reportages, ils feront peut-être valoir le fait que nous sommes plus transparents, et ça peut aider à diminuer le cynisme, mais évidemment ça ne suffira pas à le faire disparaître.

Les OBNL connaîtront sous peu leur «sort»

La ministre Rita De Santis, qui s’occupe de la réforme de la loi sur le lobbyisme, étudie comme son prédécesseur Jean-Marc Fournier la possibilité d’obliger les organismes à but non lucratif (OBNL) à s'inscrire au Registre des lobbyistes avant de contacter un élu pour tenter d'obtenir une modification législative.

Les OBNL ayant des budgets plus limités et aucun conseiller juridique interne craignent pour leur capacité à continuer de faire des représentations auprès des ministres. «Je suis bien consciente que certains OBNL ont plus de moyens que d’autres, comme par exemple Greenpeace. Mais je rappelle que le commissaire au lobbyisme a rencontré une cinquantaine d’organismes et doit soumettre son rapport sous peu», a fait savoir Mme De Santis, ajoutant du même souffle qu’elle pourra ensuite se prononcer sur la question.

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