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Agriculture : Maxime Bernier s'en prend au «cartel légal» de la gestion de l'offre

Maxime Bernier s'en prend au «cartel légal» de la gestion de l'offre

OTTAWA – Le candidat à la direction du Parti conservateur, Maxime Bernier, veut convaincre ses collègues dans la prochaine année de la nécessité d’abolir le système de la gestion de l’offre, qu’il qualifie de « cartel légal ».

Il s’agit d’un changement de cap pour le député de Beauce, qui avait promis de protéger l’intégralité du système lors de la dernière campagne électorale.

Maxime Bernier veut lancer un débat sur la gestion de l'offre.

En conférence de presse, mardi, Maxime Bernier a expliqué avoir appuyé le système qui régit la vente de lait, d’œufs et de volaille lorsqu’il faisait partie du gouvernement Harper et ce, même s’il avait de « sérieux doutes tout au long de ces années ».

« En tant que député et ministre dans un gouvernement qui soutenait la gestion de l’offre, je n’étais pas en mesure de remettre en question la décision démocratique des membres de mon parti, ni mon devoir de solidarité ministérielle », a-t-il admis.

À l’heure actuelle, l’article 117 de la politique du Parti conservateur reconnaît l’importance de la gestion des approvisionnements en agriculture.

Le candidat profite de la course, qui prend fin le 27 mai 2017, pour faire valoir sa position sur l’abolition de la gestion de l’offre et tentera de convaincre son parti d’adopter une nouvelle politique à cet égard.

« Je pense, qu’en tant que conservateur, que nous ne sommes pas crédibles lorsque nous parlons de principes et qu’ensuite nous défendons des politiques qui contredisent carrément ces mêmes principes », dit-il.

Libre-marché progressif

Maxime Bernier est d’avis que la crise autour du lait diafiltré, qui rentre au Canada grâce à une « brèche » dans la frontière, est symptomatique des failles de la gestion de l’offre.

Il prétend que certains transformateurs déplacent des emplois à l’étranger pour ensuite vendre leurs produits au Canada parce qu’ils n’ont pas accès à des matières premières de bonne qualité et à faible coût.

Les producteurs laitiers manifesteront jeudi à Ottawa contre le lait diafiltré.

Selon lui, le système actuel maintient des prix « artificiellement élevés » et limite la concurrence. Il plaide pour une instauration progressive du libre-marché dans l’ensemble du secteur agricole avec des indemnisations – non-chiffrées pour le moment - pour aider les producteurs affectés pendant la période de transition.

« [La crise du lait diafiltré] est le meilleur exemple qu’il faut se débarrasser de ce système et vivre dans un système de libre-marché, dit-il. Ça va être bon pour les transformateurs, ça va être bon pour les restaurateurs, ça va être bon pour les 35 millions de Canadiens et pour les producteurs, puisqu’ils seront compensés pour la pleine valeur de leur quota. »

Mais la proposition du candidat ne fait pas l’unanimité dans le caucus québécois, à commencer par son co-directeur de campagne Jacques Gourde qui appuie le système de gestion de l’offre. Les députés Gérard Deltell et Luc Berthold ont déclaré publiquement que leur position ne changerait pas.

À l’inverse, l’ancien ministre conservateur des Finances Joe Oliver a mentionné sur Twitter qu’il saluait son « opposition courageuse et raisonnée » à la gestion de l’offre, sans pour autant appuyer sa candidature.

Les producteurs fustigent Bernier

Le porte-parole des Producteurs de lait du Québec, François Dumontier, accuse Maxime Bernier d’alimenter le cynisme envers les politiciens. Il pense que sa nouvelle déclaration est « incohérente » avec ses prises de position du passé.

« C’est un homme politique qui a défendu quelque chose comme ministre et qui, aujourd’hui, dit le contraire. Il est en train de nous dire : "Tout ce que j’ai dit pendant des années, je ne le croyais pas du tout" », déplore François Dumontier.

Le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, pense que cette prise de position – qui n’est pas étonnante à son avis – pourrait lui nuire dans sa province natale dans la course à la direction conservatrice.

« C’est sûr que les positions de Maxime Bernier dans la Beauce font faire réagir fortement, parce qu’il y a beaucoup de producteurs sous la gestion de l’offre », prévoit-il.

Des centaines de producteurs de lait sont en route vers le Parlement d’Ottawa afin de participer à une manifestation nationale, jeudi. Ils demandent au gouvernement Trudeau de cesser l’importation de ces protéines laitières en provenance des États-Unis, qui auraient causé des pertes de 200 millions de dollars en 2015.

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