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14 témoignages d'hommes et de femmes sur le sexe pendant les règles

14 témoignages sur le sexe pendant les règles

Les règles ont beau n’être qu’une fonction corporelle basique, elles sont toutefois lourdes de sens dans notre culture. Ajoutez-y du sexe (ou pas) et les choses prennent encore plus d’ampleur. Certaines femmes trouvent que faire l’amour pendant leurs règles est la seule chose capable de soulager à coup sûr leurs terribles crampes. Certain(e)s compagnes et compagnons ne peuvent y résister. D’autres y sont moins… sensibles.

Nous avons demandé à nos lecteurs — femmes et hommes — ce qu’ils pensaient des rapports pendant les règles et la façon dont ces dernières intervenaient dans leur vie sexuelle. Voici les réponses de 14 d’entre eux.

«Si quelqu’un me dit : ‘Le sang en général, ça va, mais si ça sort du vagin, ça me dégoûte’, je trouve ça franchement ridicule.» — Yvonne, 29 ans

La première fois que j’ai fait l’amour pendant mes règles, c’était aussi ma première fois tout court. Je ne pourrais pas vous dire si mon partenaire était vraiment à l’aise ou si nous étions juste deux ados en chaleur [rires]. Tous les copains sérieux que j’ai eus depuis n’avaient aucun problème avec les règles. Mais il y a eu une période, au début de ma vingtaine, où j’étais célibataire et où je rencontrais beaucoup d’hommes. J’ai constaté que ça pouvait en gêner certains. J’ai tendance à oublier que ça dégoûte vraiment certaines personnes. Il y a quelques semaines, j’étais dans un ascenseur avec un collègue de mon âge et il n’arrêtait pas de me demander où j’allais. J’ai fini par préparer mes pièces pour la machine à tampons. Il a laissé échapper un «BEURK!» et a littéralement reculé de quelques centimètres. Ce genre de choses me donne juste envie d’envoyer balader la personne.

Maintenant que j’ai presque 30 ans, je me sens beaucoup plus à l’aise avec moi-même et avec mon corps. Je suis aussi beaucoup plus consciente que les règles sont vraiment stigmatisées dans notre société. Mais il n’y a aucune raison que je me sente honteuse. Que quelqu’un me dise : «Brr, voir du sang me donne la nausée», c’est une chose. Je comprends. Je ne demanderais jamais à quelqu’un de coucher avec moi si la vue du sang le dégoûte complètement. Mais si quelqu’un me dit : «Le sang en général, ça va, mais si ça sort du vagin, ça me dégoûte», je trouve ça franchement ridicule.

Le truc, c’est que ça me fait du bien d’avoir des rapports pendant mes règles. Le premier ou le deuxième jour, ce n’est pas vraiment possible car je souffre de dysménorrhée et que ça me fait très mal. Mais après ça, faire l’amour atténue mes crampes. Je ressens un vrai soulagement au moment de l’orgasme.

«On a commencé à se dessiner dessus avec les doigts, des cœurs et des torsades.» — Scott, 36 ans

Quand j’avais 19 ans, j’ai rencontré une artiste de dix ans mon aînée avec qui j’ai vécu une relation torride. On se donnait rendez-vous dans son studio. Un jour, elle m’a dit qu’elle avait ses règles. Je suis féministe et plutôt bien renseigné — j’ai grandi dans une famille de femmes et nous avons eu beaucoup de conservations très ouvertes — mais je crois qu’elle pouvait percevoir mon trouble, car je n’avais jamais eu l’occasion de faire l’amour pendant les règles d’une femme jusqu’à ce jour-là.

Nous nous sommes déshabillés et elle a mis mes doigts, et ses doigts, dans son vagin… et puis nous avons commencé à nous dessiner dessus avec les doigts, des cœurs, des torsades et nos noms respectifs sur le corps de l’autre. C’était très beau. C’est encore l’une des expériences sexuelles les plus belles, les plus fortes et les plus positives que j’aie jamais vécues.

Beaucoup de femmes avec qui j’ai été depuis n’étaient pas très partantes pendant les règles. Cela dit, une fois qu’on essaie, ça se passe généralement très bien. Avec l’une de mes partenaires, nous appelions ça le sexe en mode Cro-Magnon ou le sexe primal.

Je ne vénère pas le sexe pendant les règles, c’est juste différent. Je pense qu’il n’y a rien de repoussant là-dedans. Il n’y a pas à en avoir peur.

«Je préfère attendre.» — Sally, 38 ans, et Diego,* 45 ans

Sally : En moyenne, nous faisons l’amour deux à trois fois par semaine, mais Diego ne me pénètre pas pendant les règles. La première fois que nous avons dormi dans le même lit alors que j’avais mes règles, il a commencé à me caresser et je lui ai dit que ce n’était pas la bonne période. Il m’a juste répondu : “Ah, d’accord” et il m’a pris dans ses bras. Depuis, nous n’en avons plus vraiment parlé.

Il nous paraît plus naturel de ne pas coucher ensemble pendant ces quelques jours. Je ne suis vraiment pas à l’aise avec le sexe pendant les règles parce que je ne me sens pas attirante, ni sexy. J’ai déjà couché avec des hommes pendant, mais ça ne m’a jamais plu. Je n’étais pas tout à fait détendue.

Diego : Je préfère attendre. Ça ne me dérangerait pas si l’on couchait ensemble à cette période, mais nous en profitons généralement pour nous détendre.

«Elle doit déjà gérer ça. Il n’y a pas de raison que je m’enfuis en courant.» — Margot, 22 ans, et Matt, 22 ans

Margot : Nous avons une serviette de règles. On la nettoie à chaque fois, bien sûr, mais c’est une sorte d’autel des sacrifices. [rires]

Matt : On ferait peut-être mieux de n’en salir qu’une seule.

Margot : Avant Matt, j’avais déjà fait l’amour pendant mes règles, mais ça n’avait pas été très concluant. Je vivais une relation violente et, à cause de mon ex, je me sentais vraiment honteuse et sale. Je me souviens d’une fois où il a commencé à me faire un cunnilingus. Mes règles avaient débuté, mais je ne le savais pas, et il a eu une réaction horrible. Il a attrapé une bouteille de whisky et il s’est lavé la bouche avec devant moi. Le fait que mon copain se stérilise à cause de moi m’a fait me sentir vraiment sale. J’ai aussi souffert de troubles alimentaires et n’ai pas eu mes règles pendant quelques temps. Alors, quand j’ai connu Matt et que l’expérience s’est révélée si positive et normale, ça a été un soulagement. Ça m’a rappelé que j’étais en bonne santé et que je me trouvais dans une relation saine.

Matt : Je ne savais pas tout ça — que ça lui avait pesé par le passé — avant qu’on couche ensemble pendant ses règles pour la première fois, mais c’est bien de le savoir maintenant. À mes yeux, c’est juste quelque chose qui arrive tous les mois et que Margot doit gérer. Il n’y a pas de raison que je m’enfuie en courant. Je sais que ça dégoûte certaines personnes et je crois que je comprends. Ça peut être un peu étrange. Margot vous confirmera que je lui fais moins de cunnilingus que d’habitude. Mais si vous avez du sang dans la bouche, ce n’est que pendant une fraction de seconde. Et puis le corps humain est étrange de toute façon. Beaucoup de ce qui se passe pendant l’amour est vraiment bizarre.

C’est difficile de déterminer ce qui est différent. C’est quelque chose d’indicible. Il y a une énergie différente. C’est vraiment primaire. On fait l’amour comme des animaux, c’est tout.

Margot : Je me sens plus sensible, sexuellement parlant. C’est marrant. Il y a un côté plus ludique.

«Et si nos cycles ne correspondent pas et que nous ne pouvons pas coucher ensemble quand nous avons nos règles? Ça voudrait dire qu’on devrait se passer de sexe deux semaines par mois.» — Jordan,* 28 ans, et Chelsea, 28 ans

Jordan : Je me rappelle qu’environ deux ou trois mois après que nous nous soyons rencontrées, j’ai eu mes règles un soir où nous étions censées nous voir. J’étais assez déçue et lui ai dit que j’étais indisposée. Elle m’a répondu : «C’est pour ça que les tampons existent.»

Chelsea : Je ne l’avais jamais vraiment fait avant mais avec elle, il y avait une connivence affective très forte. Ça ne me dérangeait pas. Et je crois que nous avons un avantage sur les garçons parce que nous sommes des filles. Quand j’ai mes règles, je mets un tampon et le problème est réglé.

Le sexe pendant les règles n’est pas quelque chose de spontané pour nous, car il faut passer par la case nettoyage. On change le tampon, on prend une douche, et hop! On se sent fraîche et prête.

Jordan : Si nous voulons une pénétration, on commence par des caresses bucco-génitales et puis on enlève le tampon. Un jour, nous ne savions pas qu’elle avait ses règles jusqu’à ce que je commence à lui faire un cunni. On en a juste ri. Je l’ai essuyée, je lui ai mis un tampon et je me suis remise au travail.

Je n’avais jamais fait l’amour pendant mes règles auparavant, que ce soit avec un homme ou avec une femme. C’est ma première copine sérieuse et l’une des choses qui me trottaient dans la tête, sans pour autant me faire peur, c’était que nos cycles ne coïncident pas. Et si on ne pouvait pas coucher ensemble quand chacune avait ses règles? Ça voudrait dire qu’on devrait se passer de sexe deux semaines par mois. Impossible en ce qui me concerne. Heureusement, ce n’est pas un problème pour nous.

«Je considère mes règles comme un moment d’introspection.» — Sarah, 29 ans

Je ne couche avec personne pendant mes règles et cette décision s’inscrit dans ma pratique spirituelle juive, et dans tout l’apprentissage que j’ai fait sur mon corps et mon cycle menstruel — via la littérature hippie ou new age sur les règles [rires]. J’ai créé une association qui s’occupe du bien-être des Juives. Ce sujet est donc important pour moi.

En gros, je considère mes règles comme un moment d’introspection, pendant lequel j’explore l’énergie et le pouvoir spécifiques à cette période. Je ne vais pas jusqu’à ne pas toucher l’autre, et si j’étais dans une relation sérieuse (ce qui n’est pas le cas pour le moment), je ferais sûrement des câlins à mon compagnon et je passerais du temps avec lui, mais nous ne coucherions pas ensemble et je ne partagerais pas mon corps de cette façon. Quand vous couchez avec un homme, son corps est littéralement en vous. Je vois plutôt ça comme quelque chose à faire pendant l’ovulation, qui est la période où j’ai vraiment envie de sexe (comme je ne veux pas tomber enceinte, j’utilise une double protection pendant cette période).

Dans le judaïsme, beaucoup de règles en matière de planification familiale et d’idées sur l’abstinence pendant les menstruations sont ancrées dans les textes patriarcaux sur les impuretés. Pour moi, il s’agit d’un message bien plus profond. Je veux offrir ce moment de repos à mon corps.

«Chaque fois que j’avais mes règles, j’avais l’impression de faire quelque chose de mal.» — Jade,* 22 ans

J’ai grandi dans une petite ville où le conservatisme et la religion sont très ancrées dans la culture locale. Je me souviens d’être revenue de l’école après un cours sur la puberté. Ma mère m’a dit de ne pas en parler à mes petites sœurs. Elle m’a dit que quand mes règles débuteraient, je devrais cacher mes produits d’hygiène — même mes rasoirs — dans la salle de bain pour que mes frères ne les voient pas. Alors, chaque fois que j’avais mes règles, j’avais l’impression de faire quelque chose de mal.

J’ai commencé à avoir des relations sexuelles à l’âge de 15 ans, mais je n’ai couché pendant mes règles qu’à l’université. À cette époque-là, je me sentais beaucoup plus à l’aise avec mon cycle menstruel parce que j’en avais parlé avec mes amies et que j’avais lu des articles qui m’avaient rassurée sur le fait qu’il n’y avait rien de grave là-dedans. La première fois que je l’ai fait pendant mes règles, j’étais bourrée. J’ai dit au garçon que j’étais dans la période spéciale du mois et ça lui a plu. C’était un fantasme qu’il avait depuis toujours. Pour être honnête, je pense que ça ne m’a pas posé de problème parce que j’étais ivre. En tout cas, depuis, je suis très à l’aise avec ça.

Je crois que la communication est cruciale. Mon petit ami actuel, avec qui je suis depuis longtemps, est curieux des règles et je pense vraiment que beaucoup d’hommes trouvent les relations sexuelles pendant les règles dégoûtantes parce qu’ils ne savent rien sur le sujet. Il lui est arrivé une fois d’être un peu dégoûté — et inquiet — quand il a vu des caillots de sang pendant que nous faisions l’amour, mais du moment que nous en parlons ouvertement, tout va bien. Cela dit, il n’a pas voulu participer à cet article. Un peu comme si c’était notre petit secret «dégueu» à tous les deux.

«On dirait que les gens pensent que les lesbiennes n’ont aucun problème avec le sexe pendant les règles.» — Michelle,* 23 ans, et Susan,* 25 ans

Michelle : Nous sommes ensemble depuis un an et demi, et nous couchons ensemble deux à trois fois par semaine. Cela dit, nous modifions nos habitudes sexuelles pendant les périodes de menstruations, non pas parce que ça nous dégoûte, mais plus pour le confort de celle qui a ses règles. Ça fait désormais partie de nos habitudes. Quand c’est mon tour, je n’ai pas très envie qu’on me touche, du moins les premiers jours. Je me concentre sur son plaisir à elle. Vers le troisième ou le quatrième jour, on retrouve nos habitudes.

Généralement, quand elle a ses règles, elle ne veut rien faire. Ses règles sont abondantes et elle se désintéresse de fait du sexe. Elle ne veut pas qu’on lui fasse quoi que ce soit, cunni inclus.

Susan : Quand on couche ensemble et qu’elle a ses règles, je remarque une odeur et un goût métallique, un peu comme une odeur de fer, très légère. Faire l’amour à cette période est plus compliqué, mais ça ne m’a jamais dérangé. Il suffit de faire plein de lessives!

Michelle : On dirait que les gens pensent que les lesbiennes n’ont aucun problème avec le sexe pendant les règles — ou qu’elles ne font tout simplement jamais l’amour. Ce n’est pas un problème dans ma relation, mais c’est quelque chose dont je parle avec ma compagne et qui nécessite deux fois plus d’ajustements que pour le couple hétéro basique. Pourtant, on ne parle pas de nos problèmes. Certains couples lesbiens sont plus à l’aise que nous avec le sexe pendant les règles, d’autres le sont moins.

Susan : Je pense que les gens ne comprennent pas la sexualité des lesbiennes, il y a donc beaucoup d’idées bizarres à ce sujet.

«Au début, c’était moi qui étais plus réticente que lui.» — Anne,* 23 ans, et Tom,* 24 ans

Anne : Avant, nous faisions l’amour pendant mes règles sans problème, mais je suis passée de la pilule au stérilet l’an dernier et ça a tout changé. J’avais des règles très légères (ou modérées), sans crampes ni douleurs, alors que maintenant, mon corps change et elles sont plus longues, moins régulières, et plus douloureuses. Mais si je n’ai pas trop mal, on tente le coup! On a remarqué que les saignements s’intensifiaient quand je jouis. On se douche après, pour éviter d’avoir l’air de quelqu’un qui vient de commettre un meurtre avec ses organes génitaux. Au début, c’était moi qui étais plus réticente que lui.

Tom : J’ai toujours été à l’aise avec les règles, mais j’ai aussi beaucoup appris. Je préfère toujours ne pas trouver de tampons dans la poubelle, mais un peu de sang ne me dérange pas. C’est naturel.

Ces témoignages ont été mis en forme et condensés. *Les prénoms suivis d’une étoile ont été modifiés pour protéger l’anonymat des personnes interrogées.

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Cet article initialement publié sur le Huffington Post États-Unis a été traduit de l’anglais.

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