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Gala des Olivier 2016: tapis rouge tendu (VIDÉO/PHOTOS)

Gala des Olivier 2016: tapis rouge tendu (VIDÉO/PHOTOS)

Rarement aura-t-on vu tapis rouge plus tendu. Les humoristes ont décidé de ne pas rester silencieux devant la controverse impliquant Mike Ward et Guy Nantel, qui a fait jaser tout le week-end (résumé de toute l’histoire ici). Or, ironiquement, c’est en ne disant pas un mot qu’ils ont protesté.

Ainsi, comme vous le voyez sur nos photos et dans la vidéo jointe, plusieurs de vos artistes favoris ont choisi de se pointer dans les studios de Radio-Canada avec un masque marqué d’une croix rouge devant la bouche, pour montrer leur appui à Mike Ward et Guy Nantel et, surtout, défendre leur liberté d’expression.

Maxim Martin, Martin Cloutier, Katherine Levac, Cathy Gauthier, Mariana Mazza, Julien Tremblay, François Bellefeuille, Simon Leblanc, Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques (de Like-Moi!) Simon-Olivier Fecteau, Phil Roy, Adib Alkhalidey, Mélanie Couture, Charles Deschamps, Vincent C, Stéphane Fallu, Martin Vachon, Olivier Martineau, André Sauvé, Stéphane Rousseau, Korine Côté, Philippe Laprise, François Pérusse, Martin Matte, Jérémy Demay, Pierre Hébert, Dominic Paquet et Jean-Thomas Jobin, entre autres, pour ne nommer que ceux-là, ont tous embarqué dans le mouvement et ont posé pour les journalistes avec leur symbole au visage, mais ont refusé de s’adresser aux journalistes et aux caméras.

On peut questionner leur décision d’opter pour le mutisme pour marteler leur droit de parole, mais le geste a néanmoins eu un certain impact. Impact qui s’est surtout matérialisé lorsque tout le groupe est monté sur scène en bloc, pendant le gala, lorsque Mike Ward a été sacré gagnant dans la catégorie Capsule, Chronique ou Sketch humoristique sur le web pour son podcast Mike Ward sous écoute.

Solidarité

Quelques personnes ont néanmoins accepté de répondre aux questions des médias. Ce fut le cas de Stéphane Fallu, qui s’est en quelque sorte fait le porte-parole de ses collègues.

«On a juste décidé de se rencontrer et de poser un geste, mais on peut encore discuter, a fait valoir Stéphane Fallu. C’était important pour nous de le souligner, parce qu’on veut continuer de faire notre travail et de dire ce qu’on pense. On voulait exprimer notre solidarité, mais on veut quand même assister à une belle fête et s’amuser.»

Pierre Brassard, de son côté, n’avait pas enfilé le masque «réglementaire». Cité dans les catégories Capsule ou sketch humoristique à la radio pour l’émission Parasol et Gobelets et Spécial humoristique à la télévision pour le Bye Bye 2015, le comique et comédien y est allé de son point de vue.

«J’ai du reflux gastrique, a-t-il d’abord blagué. Sérieusement, je n’ai pas ressenti le besoin de boycotter de cette manière-là. Mon opinion, c’est qu’on publicise moins l’aspect juridique de toute cette affaire. Mais je suis d’accord que c’est rendu coincé, même si ce n’est pas d’hier. Comme je participe indirectement au gala, je ne voulais pas boycotter de cette manière-là.»

Pierre Brassard a précisé que même à l’époque des Bleu Poudre, groupe humoristique dont il faisait partie, des avocats révisaient les textes avant qu’ils ne soient récités en ondes.

«On faisait relire nos textes, on ne pouvait pas rire de l’armée, par exemple. On avait des avocats et c’était analysé. Mais on avait une plus grande liberté. Mais on peut aussi être audacieux. La preuve, c’est l’émission Les beaux malaises. On ne peut pas nous empêcher d’innover.»

L’opinion de Gaby Gravel

D’autres ne se sont pas non plus gênés pour dire leur façon de penser.

«Je trouve qu’on est vraiment stuck up au Québec, a lancé sans détour la comédienne Sophie Desmarais, présente pour représenter la série Mon ex à moi, finaliste dans la catégorie Meilleure comédie à la télévision. Va aux Etats-Unis, au Comedy Cellar, par exemple. Je trouve ça un peu attardé, comme réaction!»

«Je pense que c’est pour ça que les gens se tournent vers Internet, aussi, a analysé Émilie Fanning, auteure de Mon ex à moi. Parce qu’on peut y dire ce qu’on veut. Aux Golden Globes, on s’attendait tous à entendre Tina Fey faire des blagues sur Bill Cosby. Je crois que les gens vont de plus en plus se tourner vers d’autres médiums pour entendre des trucs plus crus.»

Serge Postigo a affirmé ne pas être entré par la «bonne» porte, celle de la rue Papineau, où étaient distribués les masques aux humoristes. C’est pourquoi le nommé dans la catégorie Metteur en scène de l’année, pour Seul comme un grand, de Mario Tessier, n’exhibait pas l’accessoire. Sinon, il l’aurait fièrement porté aussi.

«Il ne faut pas croire que la liberté d’expression touche seulement les gens qui sont sur scène, a commenté Serge Postigo. Faire la mise en scène d’un spectacle, c’est aussi énormément s’exprimer. Je trouve fantastique que chacun y aille de sa façon. Certain, c’est en ne venant pas, d’autres, c’est en manifestant silencieusement en portant un masque. S’il y a une chose de claire, c’est qu’il ne faut pas que des avocats décident de ce qui se passe sur une scène, pas plus qu’il ne faut qu’un humoriste légifère sur la légalité d’une loi du code criminel. Pour moi, c’est clair.»

«C’a toujours été comme ça, a conclu Serge Postigo. Là où il y a de l’argent, il y a de la censure. Ce n’est pas tant de la censure, que des gens frileux. Mais c’est surtout la peur d’avoir peur. J’ai fait la mise en scène de plusieurs galas, et souvent, la personne qui dit non à un numéro, elle a peur que son patron lui tape dessus. C’est donc un paquet de monde qui ont peur d’avoir peur.

Enfin, Florence Longpré, alias Gaby Gravel de Like-Moi!, a parlé au nom de son personnage en donnant un judicieux conseil…

«Gaby Gravel est une fanatique de la liberté d’expression, elle dit tout ce qu’elle pense, a argué Florence Longpré. Je pense que beaucoup d’avocats devraient consulter Gaby…»

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Le tapis rouge du Gala Les Olivier 2016

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