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«J'adore Rome» d'Isabelle Laflèche: anti fast fashion, mais pro dolce vita! (ENTREVUE)

«J'adore Rome» d'Isabelle Laflèche: anti fast fashion, mais pro dolce vita! (ENTREVUE)
Martine Doyon

Partie le cœur en peine vers la capitale italienne, après que son Antoine lui ait préféré des heures supplémentaires au travail, Catherine Lambert retrouve sa fougue en arrivant à Rome, véritable paradis pour cette amoureuse de la mode. Accompagnée par son fidèle assistant Rikash, l’avocate de Dior goûtera aux nombreux plaisirs de l’Italie et découvrira les ramifications insoupçonnées d’un côté sombre de l’industrie: la fast fashion.

Après avoir offert un aperçu de l’effervescence new-yorkaise et un point de vue enchanteur de la Ville lumière, il allait de soi pour l’écrivaine de plonger au cœur de Rome et des environs. «Pour moi, l’Italie, c’est la passion et un véritable spectacle pour les yeux. Les gens sont beaux. Les hommes portent des couleurs chatoyantes, comme le rose, le fuchsia et le mauve, que j’adore. Me balader dans la rue, m’asseoir et regarder les gens passer, c’est du bonbon. Avec tout ce que le pays possède de musées, de fresques et de beautés architecturales, c’est très impressionnant.»

Ayant vendu des dizaines de milliers de copies de J’adore New York et de J’adore Paris au Québec, au Canada anglais, en Pologne, en Allemagne, en République Tchèque et en France, elle est l’une des auteures québécoises de chick lit les plus populaires. Mais contrairement à certaines collègues qui se contentent d’offrir un divertissement facile, en copiant une recette un peu fade et pleine de calories vides, Laflèche a la capacité de faire rêver, d’accrocher un sourire aux lèvres de ses lecteurs et de les faire réfléchir sur certains enjeux.

Si la brutalité du monde des avocats, l’éthique en affaires et le workaholisme étaient au cœur de son premier roman et que le phénomène de la contrefaçon servait de colonne vertébrale à son deuxième, la fast fashion se retrouve aux bancs des accusés dans le dernier.

L’opinion de l’écrivaine a grandement évolué depuis qu’elle connait mieux la réalité des vêtements de basse qualité, étiquetés avec de fausses informations et souvent conçus dans des conditions misérables, comme en fait foi l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, qui a fait plus de 1100 morts en 2013.

«J’ai longtemps été consommatrice de fast fashion, mais depuis un an, je ne magasine presque plus dans les grandes surfaces. En faisant mes recherches pour le roman, j’ai découvert que l’industrie de la mode est la deuxième plus pollueuse après celle du pétrole. Les vêtements jetables qu’on ne porte qu’une saison laissent une marque sur la terre. Plusieurs d’entre eux sont faits de matières non recyclables et finissent leur vie dans un site d’enfouissement. Sans parler des conditions de fabrication atroces dans lesquelles les gens, dont plusieurs enfants, travaillent. Il y a une réflexion à avoir.»

Passionnée de mode, elle a également réalisé qu’elle ne portait pas tout ce qu’elle achetait à un rythme effréné. « Je n’avais aucune conscience de ce que j’achetais. Je répondais à des flashs pour me divertir. Mais j’ai remarqué que plusieurs trucs restaient dans mon placard et que je ne me sentais pas nécessairement bien avec des vêtements aux coutures croches qui se détruisent après deux lavages. Aujourd’hui, je réfléchis avant d’acheter, j’encourage des designers locaux et je préfère acheter moins, mais avoir des choses de qualité. »

Les découvertes que réalisent Catherine et Rikash sur la fast fashion n’enlèvent rien à la légèreté qui prévaut dans le nouveau roman de Laflèche, véritable ode à la gourmandise et à la sensualité. « Rome, c’est l’amour et la dolce vita! Les Italiens sont moins pressés et connaissent l’art de vivre. Là-bas, on s’assoit, on prend un café ou une gelato et on paresse un peu. Je crois que les lecteurs vont sentir un rythme différent dans le roman, parce que Catherine se laisse bercer par les lieux. »

Il faut dire que la passion de l’auteure pour la Ville éternelle est à ce point palpable qu’on a l’impression d’être à Rome avec son personnage : les adresses de cafés, de restaurants et de boutiques, les événements mondains du milieu de la mode, l’historique des grands créateurs, les citations célèbres de plusieurs icônes, allant d’Oscar Wilde à Ava Gardner. Tout converge pour nous donner envie d’acheter un billet pour l’Italie avant même d’avoir terminé le roman.

«Tout ce dont je parle vient de mes visites ou de mes recherches, chose que j’adore faire en écrivant mes romans. Je crois que ça me permet de me distinguer des autres auteures. Ma signature s’est développée autour de ça à travers le temps.»

Il faut dire aussi qu’elle mise sur un personnage fort attachant, une femme évoluant dans la haute, mais qui possède un je-ne-sais-quoi d’assez terre-à-terre pour que Marie de Repentigny se projette à travers elle. Spécialement dans ce troisième volet où Catherine Lambert est dans un carrefour relationnel. «Elle est très déçue de ce qui s’est passé avec Antoine et elle réfléchit énormément sur son couple. À force d’évoluer et de se poser des questions, elle remarque que leurs opinions et leurs valeurs se ressemblent un peu moins.»

Un questionnement fondamental qui sera exacerbé dans le quatrième et dernier tome de la série, qui se déroulera en Inde, lors d’un voyage d’affaires de l’avocate. «Elle va vivre un éveil spirituel», répond Isabelle Laflèche, qui se garde bien d’en dire trop.

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