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Francis Cabrel à la Place des Arts: le charme des classiques (PHOTOS)

Francis Cabrel: le charme des classiques (PHOTOS)

Il a la réputation d’être timide en entrevue, il n’est pas tellement bavard sur scène non plus, mais Francis Cabrel n’en dégage pas moins chaleur et générosité au micro.

Après tout, où est le besoin de parler quand on traîne tant de classiques derrière soi et qu’on n’a qu’à s’annoncer en tournée pour remplir entièrement la Salle Wilfrid-Pelletier, deux soirs de suite, avec supplémentaires annoncées pour plusieurs mois plus tard? L’icône se passe de présentation, ses chansons aussi. Si on ne le savait pas déjà, on l’a constaté lundi, alors que Cabrel avait à ses pieds un parterre aussi amoureux et enflammé que le sont ses textes.

L’engouement se laissait percevoir jusque dans le stationnement de la Place des Arts, où les gardiens de sécurité dirigeaient le trafic avec beaucoup plus d’ardeur qu’à l’habitude. «Un événement spécial?», avons-nous hasardé, pressentant la réponse. «Francis Cabrel», a-t-on obtenu comme clé à l’interrogation. Évidemment.

Francis Cabrel à la Salle Wilfrid-Pelletier (9 mai 2016)

Céleste Lévis, finaliste de La voix 2015, a réchauffé l’atmosphère en première partie, mais sa présence n’aura été qu’un bel ajout, le bourdonnement qui grondait doucement dans les rangées étant suffisant à entretenir l’excitation pré-Cabrel.

Puis, l’idole au charme à la fois discret et criant s’est pointée devant l’élégant rideau froissé rouge qui lui faisait office de toile de fond, et qui a changé de teintes pendant la soirée, devenant bleu, beige ou mauve, régulièrement balayé de rayons d’éclairages soignés.

Ses complices de route, quatre musiciens et trois choristes, ont bougé au gré des pièces et des ambiances. Surtout les trois dames aux robes noires, gracieuses et bien en vue à quelques pas sur le côté.

«Bonsoir tout le monde, absolument tout le monde. J’ai quelques chansons d’amour à vous chanter ce soir. Vous vous en doutiez, ce n’est un secret pour personne…», ont été les premiers mots de ce sobre tour de chant dénué de véritables surprises, mais fort attendu, aussi réconfortant qu’apprécié.

Tour d’horizon

Ç’a commencé avec La voix du crooner, tirée du plus récent opus de l’auteur-compositeur-interprète français, In Extremis, lancé il y a un an. Puis, c’a été un tour d’horizon de toute la carrière de Cabrel, toutes époques et albums confondus. A suivi Assis sur le rebord du monde, titre de 1994, puis un premier succès grand public qui a fait soupirer d’aise les spectateurs, La fille qui m’accompagne, revisitée à la sauce country, moins mélancolique que l’originale. Légère déception, on l’aurait préférée intacte…

Deux autres extraits d’In Extremis, Mandela, pendant ce temps, et Partis pour rester, ont achevé ce premier droit de cinq airs.

Pour Cabrel, L’encre de tes yeux «se murmure plus qu’elle ne se chante». C’est pourquoi il a invité les choristes à s’approcher du micro pour l’incarner, afin de créer une intimité propice à l’instant. Et c’est justement en murmurant que la salle a entonné le célèbre refrain, le «J’aimerais quand même te dire, tout ce que j’ai pu écrire, je l’ai puisé à l’encre de tes yeux», avant d’y aller d’une ovation sentie.

Francis Cabrel a désigné, de son éternel bouille pince-sans-rire, Les gens absents (sur Les beaux dégâts, 2004) comme «l’une de ses chansons les plus drôles», avant de badiner sur sa «nouvelle passion» pour «la chorégraphie et l’expression corporelle», sur C’est écrit, qui a obtenu l’assentiment général dès les premières notes. Il a fait l’effort de se déhancher sur quelques morceaux pendant le concert, jouant la carte de la dérision, notamment plutôt longtemps sur La robe et l’échelle (Des roses et des orties, 2009). Drôle, l’artiste gagnerait encore plus à miser davantage sur cet aspect de sa personnalité, mais on n’a pas de leçons à donner à un tel routier.

Les premières mesures de Petite Marie ne laissaient pas présager ce qui approchait, et c’est avec un tonnerre d’applaudissements que l’assistance a accueilli la douce ritournelle lorsqu’elle a compris. Petite Marie a été couronnée d’un court «rappel», acoustique, dans le noir, où les spectateurs se sont joints à la chorale, ce qui a provoqué l’un des plus beaux moments du spectacle. Quelques vers d’Encore et encore se sont aussi échappés de certaines bouches ici et là à l’intérieur de Wilfrid-Pelletier lorsqu’entamés à la guitare.

On a aussi entendu, entre autres, Quinn L’esquimau, Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai, La corrida, Les tours gratuits (qui raconte un moment «qu’il a adoré», de voir ses filles «tourner sur des manèges»), Je l’aime à mourir (que la foule a commencée solennellement, et que Francis Cabrel a continuée en duo avec Céleste Lévis – c’était intéressant, mais on aurait franchement préféré l’écouter seul sur cette pièce-maîtresse de son répertoire), puis Sarbacane, et Rosie, cette dernière en version a capella.

À la toute fin, Francis Cabrel a eu la délicatesse de présenter un à un ses musiciens et ses choristes. Réservé, mais gentleman.

Francis Cabrel reviendra au Québec à l’automne pour de nouvelles représentations de la tournée In Extremis. Consultez www.tandem.mu pour toutes les dates.

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