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Le gouvernement Harper a octroyé un contrat de 40 millions le jour de l'élection

Le gouvernement Harper a octroyé un contrat de 40 millions le jour de l'élection
SEASPAN.COM

Le jour même où les Canadiens lui indiquaient la sortie l'automne dernier, le gouvernement Harper a octroyé un contrat de 40 millions de dollars au chantier naval Vancouver Shipyards Co (Seaspan).

Après avoir promis que la mise à niveau de ses chantiers « ne se ferait pas aux frais des contribuables canadiens », le gouvernement conservateur a discrètement alloué un contrat d'ingénierie au chantier naval Seaspan de North Vancouver.

Deux mois plus tard, en décembre 2015, un rapport confidentiel remis au nouveau gouvernement libéral obtenu par CBC fait état d'une gestion chaotique, marquée par « l'inefficacité, les retards et la dispersion ».

Seaspan est l'un des deux chantiers choisis par l'ancien gouvernement conservateur à se partager les 36 milliards de dollars prévus dans la stratégie du gouvernement Harper pour la construction de navires destinés à la Marine royale canadienne et la Garde côtière. Le chantier naval Irving à Halifax est le deuxième à avoir été sélectionné.

Pour se qualifier à ce programme, il leur était requis de mettre leur chantier à niveau, à leurs propres frais.

Seaspan a tout de même reçu 8 milliards de dollars du gouvernement pour la construction de quatre petits navires scientifiques, de deux grands navires de ravitaillement pour la Marine et d'un brise-glace polaire pour la Garde côtière.

Cependant, les contrats de construction réels pour les grands navires n'ont pas été finalisés et le contrat octroyé le 19 octobre dernier n'était pas pour leur construction.

Le contrat faisait plutôt partie d'un plan peu remarqué pour aider Seaspan à se préparer à travailler sur une nouvelle échelle, alors que Stephen Harper promettait que ces mises à niveaux ne devaient pas être faites aux frais des contribuables canadiens.

Aucune annonce ne vient d'ailleurs contredire cette promesse, bien que lors d'une audience du comité en décembre 2014, un fonctionnaire du gouvernement ait admis aux députés que « fondamentalement, ce que nous faisons, c'est d'investir dans la capacité du chantier naval d'atteindre un niveau lui permettant de commencer l'assemblage des navires à grande échelle ».

Une grande victoire le jour des élections

Ce processus s'est toutefois transformé en contrat de 39,7 millions de dollars octroyé le jour de l'élection du 19 octobre dernier.

Selon le président directeur général de Seaspan, Jonathan Whitworth, aucune manœuvre ou pression politique n'a été exercée pour obtenir le contrat avant l'élection d'un nouveau gouvernement.

« Voilà une assez bonne théorie », dit Whitworth en riant, « mais ce n'est pas celle à laquelle j'adhère. »

Le directeur général de Seaspan a ajouté que l'argent était partie intégrante d'un programme en continu pouvant atteindre 50 millions de dollars.

Il a admis que l'argent n'a pas été octroyé pour la construction d'un navire en particulier, mais plutôt pour « augmenter l'efficacité qui affectera tous les navires ». Il précise que ce programme ne couvrait pas les « infrastructures », mais « le design destiné à l'efficacité et la construction de navires ».

Des failles dans la gestion

Cependant, un rapport du secrétariat de la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale (SNACN) remis au gouvernement en décembre 2015 brosse un tableau sombre de la gestion du programme, tant au chantier Seaspan que dans la bureaucratie gouvernementale.

En plus du « manque de clarté de toutes les parties, de l'inefficacité et des retards persistants » mentionnés, les ressources humaines allouées à la mise en œuvre du programme pour la construction de navires non destinés au combat seraient insuffisantes et les besoins auraient été nettement sous-estimés.

Le nouveau gouvernement libéral dit de son côté « s'engager pleinement » à poursuivre avec la stratégie de construction de navires comme prévu par le gouvernement précédent.

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