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La classe politique sous le choc après la démission de Pierre Karl Péladeau

La classe politique sous le choc après la démission de Péladeau

L'onde de choc provoquée par la démission de Pierre Karl Péladeau comme chef du Parti québécois a eu, sans surprise, un énorme impact dans la classe politique, lundi, à commencer par la formation qu'il dirigeait depuis moins d'un an.

Interviewée sur les ondes d'ICI RDI, l'ancienne première ministre péquiste Pauline Marois, qui avait convaincu l'homme d'affaires de faire le saut en politique, s'est dite « très émue par sa déclaration », mais a dit « respecter sa décision ».

«Je suis profondément attristée parce que je crois que c'est un homme de grand talent, de grande valeur, qui apportait beaucoup au Parti québécois.» - Pauline Marois, ancienne première ministre du Québec

« C'est vrai qu'il a été en apprentissage pendant un certain temps, mais je crois qu'il était retombé sur ses pieds dernièrement. Et c'était particulièrement intéressant de le voir assumer cette responsabilité », a-t-elle soutenu.

Elle s'est dite peu inquiète pour la suite des choses. « C'est sûr que c'est un moment très difficile, mais le Parti québécois en a vu d'autres, a-t-elle soutenu. Et il y a du ressort chez ce parti. Il y a du talent et des gens de grande générosité, qui ont des capacités. »

Celui que Pierre Karl Péladeau avait nommé leader parlementaire du PQ, Bernard Drainville, s'est tourné vers Facebook pour exprimer sa « tristesse profonde » et son « chagrin immense ».

«Tu nous avais déjà démontré qu'entre l'intérêt financier et l'intérêt national, il faut choisir la nation. [...] Tu nous dis aujourd'hui qu'entre la politique et nos enfants, il faut choisir nos enfants.» - Bernard Drainville, député de Marie-Victorin

« On peut remplacer un chef, aussi difficile que ce soit, mais on ne peut pas remplacer un père », ajoute M. Drainville, qui avait brigué l'investiture du PQ en 2014-2015. « Prends soin de tes enfants, Pierre Karl, on essaiera de prendre soin du Parti. Mais ne va pas loin, on a encore besoin de toi. Le Québec a encore besoin de toi », conclut-il.

Le député de Rosemont, Jean-François Lisée, qui avait été l'un de ses plus virulents opposants lors de la course à la direction, a lui aussi vanté ses qualités sur sa page Facebook. Reconnaissant qu'il ne l'avait « pas choisi » comme chef, il a affirmé sur sa page Facebook que Pierre Karl Péladeau « était en train de devenir une valeur sûre ».

« De mois en mois, son inestimable connaissance de l'économie, le cap qu'il avait mis sur la convergence, l'énergie qu'il déployait au quotidien par des tournées incessantes, tout cela avait confondu les sceptiques, dont j'étais », a écrit M. Lisée. « Son départ m'attriste au plus haut point », a-t-il ajouté.

En entrevue à l'émission 24/60, la députée de Joliette, Véronique Hivon, qui avait récemment cosigné, avec M. Péladeau, une lettre pour lancer un appel à l'unité des forces souverainistes, a mentionné que celui-ci avait justement « envoyé des messages de rassemblement » en faisant ses adieux au caucus, lundi. « Ils nous a dit de très beaux messages, qu'il était là à sa manière pour la suite des choses », a raconté Mme Hivon.

L'ancien chef bloquiste Gilles Duceppe, qui a parcouru les régions du Québec à vélo en compagnie de PIerre Karl Péladeau lors de la dernière campagne électorale fédérale, dit ne pas voir une seule seconde dans la décision du chef démissionnaire un « calcul politique ». S'il a fait le choix de quitter le PQ, ce n'est pas parce qu'il croyait le rêve souverainiste hors de portée, mais bien parce qu'il désirait le meilleur pour ses enfants, croit-il.

« Il a eu une jeunesse pas facile - c'est connu - et je pense que Pierre Karl s'est dit : moi, je ne veux pas que mes enfants vivent une jeunesse comme celle que lui-même a vécue », a-t-il dit en entrevue à ICI RDI.

M. Duceppe dit ne pas craindre pour l'avenir du Parti, qu'il a qualifié de « solide ». « On voit qu'en 24 heures, la politique change rapidement, hein? » Il reste deux ans avant la tenue de l'élection générale, a-t-il ajouté. « Moi, je pense qu'ils sont capables, ils ont les ressources pour continuer ce combat », a-t-il soutenu.

La classe politique empathique

Ses adversaires politiques, qui ne se sont pas gênés pour le critiquer depuis son arrivée à l'Assemblée nationale, ont fait preuve d'empathie devant sa décision de faire passer sa famille avant son projet politique.

La porte-parole parlementaire de Québec solidaire, Françoise David, y est allée d'une déclaration sentie, saluant le courage de son collègue politique souverainiste.

« Je le crois totalement lorsqu'il dit qu'il a pris une des décisions les plus difficiles de sa vie », a-t-elle déclaré au cours d'un point de presse.

«Il a dû choisir quelque part entre l'amour qu'il ressent pour ses enfants et celui qu'il a pour le pays, qui est aussi un amour sincère. Il a choisi ses enfants dans des circonstances que je ne connais pas et qui ne m'appartiennent pas et, quelque part, c'est tout à son honneur.» - Françoise David, porte-parole parlementaire de Québec solidaire

Évoquant une « onde de choc », le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec, François Bonnardel, a témoigné beaucoup d'empathie à l'endroit de son adversaire politique. « J'ai vu un homme fatigué, défait », qui désire se consacrer au bien-être de ses enfants. « C'est triste », a-t-il soutenu sur les ondes d'ICI RDI. « Et que Pierre Karl prenne cette décision de mettre de côté son grand rêve de faire du Québec un pays et de retourner dans ses terres, dans sa famille, ça prend énormément de courage », a-t-il ajouté.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a pour sa part évoqué le fruit d'une réflexion douloureuse ». « Le bien-être de nos proches, de nos enfants, est ce que nous avons de plus précieux. Nous ne partagions pas la même vision de l'avenir du Québec. Au-delà de cette différence, je sais qu'il était, comme toutes les femmes et tous les hommes engagés dans la vie publique, profondément animé par la volonté de faire progresser notre nation vers un avenir meilleur. J'ai apprécié les échanges que nous avons eus au cours de la dernière année », a affirmé M. Couillard dans un communiqué de presse.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, s'est de son côté dit « bouleversé » par la nouvelle. Il a déclaré qu'il comprenait Pierre Karl Péladeau et que la conciliation travail-famille n'existait pas en politique. « C'est une utopie! » s'est-il exclamé.

Québecor témoigne son soutien envers son actionnaire de contrôle

La direction de Québecor, dont Pierre Karl Péladeau est actionnaire de contrôle, a dit avoir appris la nouvelle en même temps que « l'ensemble de la population québécoise ». « Nous prenons acte de sa décision de se consacrer à sa famille et lui témoignons toute notre amitié et notre soutien dans les circonstances », a déclaré l'entreprise dans un bref communiqué. « En tout respect pour monsieur Péladeau, la société n'entend pas faire d'autres commentaires publics sur le sujet. »

Pierre Karl Péladeau

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