Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Et si les héros de «Captain America: Civil War» devaient rendre compte de leurs actes?

Et si les super-héros devaient rendre des comptes?

La guerre civile. C’est sans doute ce qui arriverait si les super-héros existaient vraiment. Malgré leur volonté de protéger le monde, Captain America et toute sa clique d'Avengers font un paquet de dégâts. Derrière leur passage, des villes sont retrouvées sens dessus-dessous: immeubles à terre, routes recouvertes de trous gigantesques suite à des impacts, voitures accidentées abandonnées...

Sous prétexte de vouloir le bien, ces hommes aux super-pouvoirs, commettent des actes parfois irréparables et nuisibles à l’humanité. Mais qu’en serait-il s’ils existaient vraiment? Le HuffPost s’est posé la question et s’est aidé d’experts pour y répondre.

La question de la responsabilité étant au cœur de ce 13ème film des studios Marvel, un avocat et une agence d'assurance nous ont aidé à imaginer ce monde où les super-héros devraient rendre compte de leurs actes.

Dans Captain America: Civil War Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers, dont la mission est de protéger l'humanité. À la suite d'une de leurs interventions qui a entraîné un désordre colossal, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision. Ils doivent désormais se ranger derrière les autorités, mais tous ne sont pas d’accord.

Les assureurs ne seraient pas contents

Dans les premières minutes du film, lors des premiers combats, la Sorcière Rouge, interprétée par Elizabeth Olsen, renverse par accident, pour sauver Captain America, un immeuble entier. Un accident qui ne pourrait que difficilement être l’oeuvre d’une personne dans la vie. Si la jeune sorcière avait mis à terre cet édifice dans notre monde, son assurance ne la verrait pas d’un très bon œil… «En cas de destruction d'un immeuble, les assurances des habitants prennent en charge les dégâts causés au bâtiment, aux appartements et aux occupants. Les assureurs se retournent ensuite vers l'assurance du responsable. Si les dégâts ne sont pas intentionnels et ne sont pas commis dans le cadre d'un délit ou d'un crime (sauf légitime défense), sa responsabilité civile peut intervenir. Les plafonds sont élevés, de l'ordre de 20 millions d'euros (28,5 millions$) par sinistre pour les dommages corporels et 1,2 millions d'euros (1,7 millions$) pour les dommages matériels», explique Roxane Delamare et son équipe de la firme française A comme Assure.

Jusque-là tout irait bien pour la Sorcière Rouge à condition bien sûr qu’elle ait souscrit à une assurance au préalable. En revanche, elle devrait veiller à ce que ces événements ne soient pas trop fréquents…«Si ce type d’événement arrive souvent à Captain America ou aux autres Avengers, leur assureur risque de les résilier, car de telles sommes déséquilibrent complètement son ratio sinistres/primes et mettent en danger sa santé économique. Il sera ensuite plus difficile de retrouver une assurance qui acceptera notre héros», signale l’expert qui n’aimerait sans doute pas avoir à assurer ces super-héros.

Au fil de l’action, les bagarres s’enchaînent et les dégâts aussi, jusqu’à une classique course poursuite durant laquelle des dizaines de voitures sont détruites. Là encore, les Avengers semblent faire leur vie sans trop se préoccuper du désordre occasionné. En cas de carambolage ou d'accident en chaîne (dans ce dernier cas, les voitures circulent dans le même sens), les assureurs indemnisent chaque conducteur. «S'ils ont une assurance tous risques ou une garantie tous accidents, les dégâts subis par la voiture seront indemnisés directement. Sinon, l'assureur recherche la responsabilité de chacun. Généralement, elle est partagée entre plusieurs conducteurs, mais dans ce cas, elle pourrait être entièrement imputable à notre super héros. Là encore, il faut faire attention à ne pas abuser de ces situations. S'il est résilié pour des sinistres trop fréquents ou trop coûteux, il lui sera difficile de retrouver une assurance voiture à prix abordable... Être super héros, ça coûte cher!», conclut l’agence d’assurance.

Super pouvoirs et accessoires

En dehors des questions financières, si les super-héros vivaient avec nous, ils devraient sans doute obéir à des lois. Pour établir le vrai du faux, la responsabilité de l’un ou de l’autre, la justice aurait à se pencher sur leur cas.

Selon Maître Eolas qui a accepté de répondre aux questions du HuffPost, «si un tel phénomène avait lieu, très vite une législation spécifique devrait se mettre en place». Se poserait alors tout un tas de questions concernant les super-pouvoirs, une nouvelle fois la responsabilité des héros et la nécessité de leurs actes.

Devant cette situation, il faudrait diviser les super-héros en deux parties. Ceux qui ont des pouvoirs de naissance, et ce qui ont tout un tas d’accessoires pour sauver le monde. Aux yeux de la justice, "il y a deux types de responsabilité pénale, la dégradation volontaire pour s’aider ou la violence avec armes. Les super pouvoirs ne seraient sans doute pas considérés comme des armes" pense l’avocat. Ainsi, des personnages comme La Vision interprété par Paul Bettany, ou La veuve noire incarnée par Scarlett Johansson n’engageraient pas leur responsabilité pénale. En revanche "Captain America, Iron Man et tous ceux qui utilisent des gadgets intelligents, des armures, des boucliers pourraient la voir engagée. Même si ces objets ne sont pas des armes par nature, ils servent comme tel" explique l'homme de loi.

Dégâts nécessaires

Agissant ensemble, leur responsabilité serait engagée «en réunion». «Pour se défendre, ils pourront invoquer soit la légitime défense ou plus largement l’état de nécessité. Cela signifie que l’on commet une infraction pour éviter un mal plus grand encore. On choisit entre deux maux le moindre», propose Maître Eolas. Étant donné le type d’actions des super-héros, l’état de nécessité serait sans doute mis en avant. Dans ce cas, les Avengers devraient, malgré la nécessité de leurs dégâts, réparer les dommages qu’ils ont causés. Mais cela pourrait s’avérer moins simple qu’on ne le pense.

«Le bât blesse car les dégâts sont parfois importants. Tous peuvent être condamnés. Très rapidement une législation verrait le jour. Soit pour interdire ces super citoyens (ce qui serait sans doute le cas en France, par exemple) soit, dans une mentalité plus américaine, on estimerait qu’ils apportent un bien collectif comme la police ou l’armée. Ce serait alors à la collectivité, aux municipalités...de rembourser les dégâts car ils ont pour obligation de maintenir l’ordre», analyse-t-il. «Il y aurait ensuite élargissement et il serait normal que les individus remboursent ce qui est détruit par ces super citoyens», conclut l’avocat.

Dans tous les cas, Captain America et toute sa troupe auraient plutôt intérêt à se doter d’un bon avocat. Et si Maître Eolas se propose volontiers pour assurer leur défense en France, son confrère Matt Murdock pourrait très bien le faire aux États-Unis depuis son grand cabinet new-yorkais.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.