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Pierre Paradis ouvre la porte à la fin du monopole syndical de l'UPA

Vers la fin du monopole de l'UPA?
Farming tractor spraying green wheat field with sprayer
valio84sl via Getty Images
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Le ministre de l'Agriculture, Pierre Paradis, ouvre la porte à la fin du monopole syndical de l'Union des producteurs agricoles (UPA) au moment où le premier ministre lui réitère sa confiance.

Cette menace vise l'UPA alors que le syndicat agricole et l'opposition officielle demandent la tête du ministre, notamment pour avoir financé à même ses fonds discrétionnaires des organisations opposées à l'UPA et à la mise en marché collective.

En conférence de presse mardi matin au parlement, M. Paradis n'a jamais écarté la possibilité au cours du mandat actuel d'une révision de la Loi sur les producteurs agricoles, qui reconnaît depuis 1972 que "l'association capable de démontrer sa représentativité est l'association accréditée".

Des organisations comme l'Union paysanne et le Conseil des entrepreneurs agricoles contestent ouvertement le monopole de l'UPA.

M. Paradis leur a d'ailleurs accordé un financement discrétionnaire de 55 000 $ l'an dernier et La Presse Canadienne rapportait lundi que l'UPA exigeait la démission du ministre pour cette raison.

Interrogé sur son appui au monopole actuel ou son intention éventuelle d'y mettre fin, mardi matin, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a affirmé que sa priorité était la lutte contre l'invasion du lait diafiltré sur le marché québécois, mais a ajouté du même souffle qu'il ne connaissait pas encore toutes les priorités pour l'automne prochain.

"Présentement, la priorité c'est le chèque de paie du producteur de lait, a-t-il répondu quand il a été talonné sur l'enjeu de l'UPA. Les priorités de l'automne, je ne les connais pas encore toutes et je peux vous dire que j'ai une autre priorité sur le plan législatif, l'étiquetage de OGM."

Quant à savoir donc s'il excluait "totalement" l'idée d'une révision de la loi, M. Paradis a rétorqué: "Je n'ai pas dit ça, j'ai dit que les priorités fluctuent en fonction des évolutions."

Le ministre a également plaidé que cet enjeu n'était pas dans ses cartons, mais que l'actualité des dernières heures _ lire la sortie de l'UPA _ l'avait imposé. Il a fait le tour des autres formations politiques et elles souhaitent la fin du monopole de l'UPA, a-t-il poursuivi, en citant Québec solidaire, la Coalition avenir Québec et d'anciens élus du Parti québécois.

M. Paradis a toutefois précisé qu'il n'était actuellement pas dans le processus de rédaction d'une loi.

Le ministre était flanqué de Jean Pronovost, un expert-conseil en politique publique qui venait présenter son rapport sur la relève agricole. M. Pronovost a incidemment déjà écrit un rapport prônant la fin du monopole de l'accréditation syndicale.

Questionné sur la porte ouverte de son ministre, Philippe Couillard est passé en coup de vent sans répondre aux journalistes pour entrer à la séance du caucus de ses députés.

Cependant, en Chambre, Philippe Couillard a réitéré sa confiance en son ministre, quand l'opposition péquiste a exigé son renvoi en ajoutant sa voix à l'UPA.

"J'ai l'occasion en cette assemblée de réaffirmer mon admiration et mon soutien total envers le ministre de l'Agriculture, un homme profondément engagé dans les milieux ruraux, un homme que les agriculteurs et agricultrices québécois aiment", a-t-il déclaré.

Le porte-parole péquiste en matière d'agriculture, André Villeneuve, a reproché à M. Paradis de ne pas faire le travail et d'accumuler les litiges avec l'UPA, attaques contre l'industrie acéricole, différend sur la relève agricole, sur le programme de remboursement des taxes foncières agricoles, sur l'assurance stabilisation des revenus agricoles, etc.

"Le ministre est carrément devenu une nuisance pour le monde agricole, a lancé le député de Berthier. C'est devenu un 'running gag' sur le terrain, le ministre ne fout rien, il ne fait que de la division. Plus personne n'a confiance en lui. (...) Est-ce que le premier ministre va prendre les bonnes décisions et s'assurer de redonner à nos agriculteurs du Québec de l'espoir?"

En conférence de presse plus tôt en journée, l'élu péquiste avait affirmé qu'il comprenait "l'exaspération" de l'UPA.

Lundi, le président de l'UPA, Marcel Groleau, avait réclamé le départ de Pierre Paradis. Même dans les pires crises qui ont frappé le monde agricole au cours des dernières années, l'UPA n'avait pas demandé la tête du ministre.

Selon lui, il est "inacceptable dans un processus démocratique" qu'un ministre finance des organisations pour faire un meilleur lobbying contre la loi dont il a la garde. C'est la première fois qu'un ministre de l'Agriculture utilise des fonds publics pour "donner la fausse impression" qu'on souhaite une réforme dans le monde agricole, a-t-il déploré. M. Groleau l'accuse même de remettre en cause la mise en marché collective, c'est-à-dire la gestion de l'offre.

Pour sa part, M. Paradis, a accusé à mots couverts l'UPA de faire diversion alors que d'autres problèmes sont plus pressants. Il a dit ne pas comprendre les motifs de la sortie du syndicat agricole.

"Je ne le sais pas, moi. J'ai tenté de voir... parce qu'on avait, à travers le discrétionnaire ministériel, donné certaines sommes d'argent. C'est ça que j'en déduis, là, mais il faudrait leur demander. Mais j'en ai donné à l'UPA. C'est l'UPA qui a eu la plus grosse part du gâteau", a-t-il dit.

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