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42 ans après avoir échappé à une excision, elle partage son témoignage sur Facebook

42 ans après avoir échappé à une excision, elle témoigne sur Facebook

Ce type de témoignage est rare, d'autant plus sur Facebook. L'essayiste franco-égyptienne Sérénade Chafik, âgée de 50 ans, brise le tabou de l'excision dans deux messages publiés ce mardi 26 avril. Elle évoque dans un premier temps le moment où la question s'est posée pour elle-même quand elle a eu 8 ans. Puis, raconte le cas de son aide-ménagère qui a été contrainte de l'accepter comme ses filles. Sérénade avait déjà commencé ce travail de sensibilisation dans son livre Répudiation et lors de sa grève de la faim de 29 jours en 2003 pour protester contre l'excision de sa fille. Avec Facebook, elle espère toucher un public plus large, peut-être moins averti ou concerné.

Jointe au téléphone par le HuffPost, sur lequel elle a publié plusieurs tribunes, elle explique avoir eu la chance d'en réchapper grâce à l'influence de son père. "C'était un intellectuel et un cinéaste reconnu en Égypte. Ma grand-mère le respectait et n'a pas osé insister pour que je sois excisée. Les origines "étrangères" de mon père ont aussi joué en ma faveur (son arrière-grand-père était un juif polonais), l'excision étant réservée aux Égyptiennes pur jus. Puis, mon père était un progressiste, il savait les ravages de l'excision, il n'aurait pu supporter que cela me soit appliqué". "Dans ma classe, poursuit-elle, j'étais la seule Égyptienne à ne pas être excisée, ainsi que mes camarades palestiniennes."

Sérénade à 8 ans, année où la question de son excision a été posée par sa grand-mère (crédits : Sérénade Chafik).

De son côté, la mère de Sérénade Chafik ne voyait pas d'objection à voir sa fille mutilée. Co-fondatrice du Parti du rassemblement national progressiste et unioniste, elle avait pourtant elle-même subi les affres de cette coutume. "C'est un barbier qui l'avait excisée d'une manière tout à fait barbare, raconte sa fille Sérénade. Du haut du pubis jusqu'à l'anus, tout était lisse, elle n'avait plus rien. Les actes sexuels étaient douloureux pour elle, car il n'y avait plus de lubrification possible. Ses deux accouchements ont été terribles, son sexe avait perdu l'élasticité nécessaire."

D'après les données de l'Unicef, le taux de femmes -et petites filles- excisées en Égypte s'élève à 91%. "J'ai décidé de parler de l'excision publiquement parce que je suis une féministe convaincue, explique Sérénade Chafik et je voudrais participer à lever cette chape de plomb qui pèse sur nous toutes. D'ailleurs, malgré la révolution égyptienne entamée en 2011, les associations féministes n'osent toujours pas aborder le sujet.

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