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Séisme au Népal: un an et presque aucun progrès

Séisme au Népal: un an et presque aucun progrès
RADIO-CANADA/YVAN CÔTÉ

Près d'un an après le puissant tremblement de terre qui a frappé le Népal, la vie peine à reprendre son cours : la reconstruction tarde à commencer et les sinistrés vivent toujours dans la misère, dans des abris temporaires et avec un accès difficile à l'eau et à la nourriture.

Un texte d'Yvan Côté

Au beau milieu du centre-ville de Katmandou, une file interminable d'hommes, de femmes et d'enfants s'allonge à mesure que les heures passent. Bhajwati Darji, 19 ans, se trouve au beau milieu de la foule. Elle a appris que du gaz propane sera rendu disponible, une ressource indispensable pour cette jeune mère qui vit dans une tente avec son mari et leur bébé depuis le tremblement de terre.

« Les temps sont vraiment difficiles, dit Bhajwati Darji avec découragement. On doit aussi faire la file pour recevoir de la nourriture, mais ce sont les gens qui parlent le plus fort qui accaparent tout. »

Normalement, Bhajwati devrait avoir l'esprit à la fête à l'approche du 25 avril. La date a une signification toute spéciale pour elle. C'est le jour où elle a donné naissance à sa fille. Mais plutôt que d'être à la maison à célébrer, elle suffoque sous un soleil de plomb à essayer d'obtenir une bonbonne qui lui permettra de cuisiner pendant quelques semaines.

« J'avais beaucoup de rêves lorsque j'étais enceinte, indique-t-elle, les yeux mouillés. On avait prévu que mon mari irait travailler dans un autre pays pour gagner de l'argent et que l'on serait capable de s'acheter une maison. Finalement, la maison dans laquelle on habitait avec mes beaux-parents a été détruite et mon mari a perdu son passeport dans les débris. Nous n'avons plus rien. »

Où sont passés les milliards de la communauté internationale?

Un an après le séisme qui a ravagé le Népal, plus de 600 000 familles vivent toujours dans des abris temporaires, comme Bhajwati. L'eau potable est encore difficile à trouver dans plusieurs régions du pays et la reconstruction n'a pas encore vraiment débuté.

Une situation inacceptable, s'indigne Kasjish Shrestha, un activiste qui critique le gouvernement depuis des mois sur Internet. Il rappelle que le Népal a reçu 2,8 des 4,5 milliards de dollars américains promis par la communauté internationale, mais personne ne sait vraiment où est allé l'argent.

« Où est l'argent?, lance-t-il avec découragement. C'est la grande question et personne n'a réussi à obtenir une réponse convenable du gouvernement. »

Pourtant, ce ne sont pas les besoins qui manquent dans le pays. Le tremblement de terre du 25 avril a été l'un des plus dévastateurs de l'histoire du Népal. Quelque 9000 personnes ont perdu la vie et plus de 20 000 Népalais ont été blessés.

Les dégâts ont été colossaux un peu partout : dans la chaîne de montagnes de l'Himalaya, dans les villes et dans plusieurs des sites du Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Dans les jours qui ont suivi le séisme, le gouvernement s'était engagé à offrir une aide de 210 000 roupies, soit un peu plus de 2000 $ par famille pour reconstruire, mais en raison de problèmes administratifs et comme les nouvelles normes en bâtiment n'ont pas encore adoptées, rien n'a été distribué.

En fait, tout ce que Bhajwati a reçu en un an, c'est 20 $ d'une ONG. Sa fille souffrait d'une pneumonie à la suite des pluies diluviennes lors de la mousson l'automne dernier. L'organisme à but non lucratif a été le seul à lui venir en aide.

« J'ai utilisé tout l'argent pour traiter ma fille, explique Bhajwati, encore sous le choc. Elle était vraiment malade et elle risquait de mourir. Je n'ai plus rien, plus rien. »

Et comme si la situation n'était pas assez difficile pour la jeune mère, une autre crise a frappé le pays quelques semaines plus tard. Le gouvernement a adopté une nouvelle constitution, ce qui a entraîné de violentes manifestations et la fermeture de la frontière avec l'Inde. Pendant cinq mois, l'essence et plusieurs denrées sont devenues impossibles à trouver. Une autre embûche qui a eu pour effet de ralentir la reconstruction. Même les ONG ont été paralysées.

« On a été freinés dans nos opérations, confie Jean-Jacques Simon, le porte-parole de l'UNICEF pour l'Asie du Sud-Est. On avait pas mal de stock dans nos camions qui est resté de l'autre côté de la frontière. C'est un problème qui a touché tout le pays et c'est dommage, parce que les endroits les plus touchés par le tremblement de terre ont été les plus touchés par ce ralentissement. »

Démuni, sans aide et bien souvent sans ressources, le Népal a donc fait du surplace pendant un an. À Katmandou, certaines scènes sont d'ailleurs surréalistes. On voit encore aujourd'hui des ouvriers nettoyer des immeubles effondrés à la suite du séisme et des familles qui récupèrent encore et toujours les briques. Elles les lavent dans l'espoir de les réutiliser un jour.

« Notre gouvernement n'est pas satisfait de la vitesse avec laquelle les choses progressent », avoue Rohit Ranjitkar, le relationniste de l'agence de reconstruction, mais il s'empresse d'ajouter que le processus « accélérera sous peu ».

En fait, la situation est à ce point intolérable qu'après une période de mousson et un hiver à dormir dans un abri de fortune, plusieurs citoyens en montagne ont décidé de reconstruire sans même attendre l'argent et l'approbation du gouvernement.

La plupart récupèrent les pierres de leur ancienne maison pour ériger leur nouvelle demeure et à défaut de mieux, ils utilisent de la boue comme mortier.

«Le danger, c'est que sans l'argent du gouvernement, les gens reconstruisent comme avant. Ces habitations de fortune ne sont pas sécuritaires et ne résisteront pas à un autre séisme.»

- Kasjish Shrestha, un activiste qui critique le gouvernement

Népal: les suites du séisme

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