OTTAWA - Le chef du NPD, Thomas Mulcair, ne pense pas qu’un autre parti provincial orange a sa place au Québec.
De passage à l’émission Tout le monde en parle – sa seule entrevue depuis le congrès du NPD – il a fait savoir qu’il serait « difficile » d’établir un parti NPD-Québec en vue des prochaines élections en 2018.
« Il y a des gens qui y croient beaucoup et libre à eux de fonder un parti provincial. C’est la seule province où il n’y a pas de NPD, mais on a aussi des acteurs et des divisions ici qui sont uniques. »
« Moi, je ne ferais pas partie de ce projet-là. Je trouve que l’échiquier [politique] est déjà assez encombré comme ça », a commenté Mulcair, resté en poste malgré sa cuisante défaite.
Son lieutenant au Québec, Alexandre Boulerice, est du même avis. Après le congrès à Edmonton, il pense que les ressources humaines et monétaires du NPD seront mieux mises à profit afin de reconstruire le parti au fédéral.
La Presse rapportait la semaine dernière que trois ex-députés s’étaient joints au mouvement qui tente de ressusciter le NPD-Québec, croyant qu’il y aurait un engouement pour un parti fédéraliste de gauche dans la province.
Or, le plus récent sondage EKOS/iPolitics dévoilé lundi révèle que la formation de Thomas Mulcair ne récolte plus que 12% des appuis au Canada et 16% au Québec.
« Ça ne regarde pas bien. Il y aurait peut-être eu possibilité pour le NPD-Québec d’être relancé, dans la mesure où il y aurait eu une victoire au fédéral », commente André Lamoureux, expert sur la question et chargé de cours à l’UQAM.
Le politologue croit qu’un parti NPD dans la province se retrouverait « coincé en marge de l’échiquier politique », aux côtés de Québec solidaire et Option nationale, avec un faible pourcentage d’appuis aux prochaines élections.
« Si le NPD-Québec veut redevenir ce qu’il a été dans l’histoire, c’est-à-dire un petit parti marginal animé par les anglophones de l’ouest de Montréal ou de l’Outaouais, c’est une possibilité qu’ils pourraient rencontrer. »
Une « saloperie »
Celui qui a été chef pendant quatre ans admet qu’il était difficile de se faire rejeter par la majorité de ses membres, lors du vote de confiance à Edmonton. Il a obtenu 48% des appuis, alors qu’il pensait pouvoir ressortir la tête haute avec 70% des voix en sa faveur.
« C’est une saloperie, on ne s’en cachera pas, a laissé tomber Mulcair. Mais puisque je crois à notre vision économique, sociale et environnementale, j’ai le devoir maintenant de me tenir debout en homme d’État face à mes membres. »
« C’est un mot qui est chargé, c’est un mot qui est fort, mais en même temps, je pense qu’on peut comprendre M. Mulcair, a réagi Alexandre Boulerice. C’est une déception et je pense que cette tristesse mêlée de colère a le droit de sortir. »
Thomas Mulcair a promis de rester à la tête de son parti jusqu’à l’élection du prochain chef permanent du NPD. Il ne pense pas se représenter dans sa circonscription d’Outremont en 2019.
« Je pense qu’on a un sens du devoir. Quand on a passé 10 ans à travailler sans relâche pour un parti politique, pour un idéal, on n’a pas le droit de penser à soi-même », a-t-il confié à l’animateur Guy A. Lepage.
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