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Des mères des victimes de la drogue partageront leur histoire à l'ONU

Des mères des victimes de la drogue devant l'ONU

VANCOUVER — Près de quatre ans après avoir perdu sa fille d'une surdose d'opioïdes, Donna May partagera son histoire et les leçons qu'elle a tirées du drame devant les Nations unies.

La fille de Mme May, Jac, est morte à 35 ans, le 21 août 2015, après avoir succombé à une surdose de médicaments pour la douleur qui lui avaient été prescrits pour une maladie mangeuse de chair qu'elle avait contractée après des années de dépendance et d'itinérance.

Depuis sa mort, Donna May milite pour une réforme des lois sur les drogues et elle tente d'offrir des informations aux autres parents pour qu'ils ne se retrouvent pas dans la même situation, a-t-elle confié en entrevue de Mississauga, en Ontario.

Mme May et trois autres mères dont les enfants sont des victimes de la drogue ont été invitées par le gouvernement canadien à participer à une conférence de trois jours, à New York, organisée par les Nations unies. La réunion, qui s'ouvre mardi, vise à trouver des solutions au problème de la drogue dans le monde.

Donna May prononcera une allocution à un événement en marge de la rencontre, au dernier jour de la conférence.

D'autres groupes de partout dans le monde devraient prendre part au sommet pour faire pression sur l'ONU et sur les gouvernements afin de mettre un terme à la guerre contre la drogue.

L'année dernière, les quatre mères ont contribué à la fondation du groupe «Mothers United and Mandated to Saving the Lives of Drug Users», ou «mumsDU».

L'organisation, qui rassemble maintenant 400 parents d'enfants morts à la suite de problèmes de drogue, défend une réforme des lois sur les drogues qui épargnerait les toxicomanes pour qu'ils reçoivent des traitements adéquats.

«Il y a beaucoup trop de victimes dans la guerre contre la drogue. Ce ne sont pas juste les victimes que vous voyez. Nous sommes des victimes (aussi)», a constaté Mme May.

Jennifer Woodside, de Vancouver, une cofondatrice du groupe, a perdu son fils de 21 ans il y a deux ans. Dylan Woodside avait consommé de l'oxycodone mélangée à un puissant antidouleur, le fentanyl. Il était l'une des premières victimes canadiennes du fentanyl, une drogue qui cause la mort de plusieurs personnes encore aujourd'hui un peu partout au Canada, particulièrement en Colombie-Britannique.

«C'est une grande épidémie. (...) Ce sont des gens ordinaires qui vivent une vie ordinaire. Je crois que nous mettons notre tête dans le sable en pensant que ça ne peut nous toucher», a-t-elle témoigné.

Son objectif personnel, lors de cette conférence, est de donner une voix à son fils pour qu'il ne soit pas mort en vain.

MumsDu a parcouru beaucoup de chemin, notamment en convainquant le gouvernement fédéral de rendre plus accessible la naloxone, un médicament utilisé pour renverser les effets d'une surdose d'opioïdes.

Leslie McBain, mère du défunt Jordan Miller, fera aussi le voyage de Pender Island, en Colombie-Britannique, à New York au nom du groupe. Elle souhaiterait qu'une politique internationale sur les drogues soit adoptée pour passer d'une approche punitive vers un système axé sur les soins médicaux et sociaux.

Selon elle, un résultat positif serait de déclarer clairement l'échec de la guerre contre la drogue, citant l'exemple du Portugal, qui a opté pour une approche de décriminalisation.

«La guerre contre la drogue a été une guerre contre nos familles», a plaidé Lorna Thomas, une autre mère cofondatrice de MumsDu.

«Le point de départ, qui a été de punir les gens qui utilisent ces drogues, a échoué. Les gens continueront de consommer des drogues. Nous devons prendre conscience de cette réalité et garder nos gens en sécurité», a-t-elle fait valoir.

Selon elle, les coûts liés aux procès et aux incarcérations seraient beaucoup mieux investis dans une stratégie de réduction des risques.

«Il y a beaucoup de stigmatisation et de jugement à l'égard des gens qui consomment des drogues. Si vous jugez les gens, vous n'avez pas le temps de les aimer. Nous devons arrêter de les stigmatiser et de les juger, ouvrir nos coeurs et les aider à faire de meilleurs choix», a-t-elle plaidé.

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