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Le boom immobilier de Miami profite aux étrangers, dont beaucoup aux Canadiens

Le boom immobilier de Miami profite aux Canadiens
In this Tuesday, July 22, 2014 photo, a 20 floor high rise condominium undergoes constructionb in downtown Miami. According to real estate license applications in 2013, the number of U.S. real estate agents is increasing as the housing market recovers from the Great Recession. (AP Photo/Alan Diaz)
ASSOCIATED PRESS
In this Tuesday, July 22, 2014 photo, a 20 floor high rise condominium undergoes constructionb in downtown Miami. According to real estate license applications in 2013, the number of U.S. real estate agents is increasing as the housing market recovers from the Great Recession. (AP Photo/Alan Diaz)

Huit ans après la crise immobilière américaine, Miami vit un immense boom immobilier. Depuis 2011, 58 tours de condos y ont été construites... et ça continue. De nombreux acheteurs étrangers bien nantis en profitent et parmi eux, on compte de nombreux Canadiens.

Un texte de Jean-Sébastien Cloutier

Le 28 mars dernier, Pierre Bernard, un entrepreneur de Québec, visite un condo de 700 000 $ à Sunny Isles Beach, au nord de Miami. Il en a déjà un à quelques coins de rue et cherche à le remplacer par un plus grand. Le profit qu'il devrait faire grâce à la vente de son condo l'aidera.

«Quand on a acheté, c'était encore dans le creux économique, donc c'était le bon moment pour les acheteurs. C'était un peu un essai pour voir si on allait aimer ça. Là, c'est vraiment ce qu'on veut. On se voit passer l'hiver au chaud. Puis, en profiter au maximum. C'est un rêve accessible.»

Pierre Bernard, propriétaire d'un condominium en Floride

Pierre Bernard et sa famille font partie des nombreux Canadiens qui ont leur pied à terre dans le sud-est de la Floride.

Les Canadiens, au 5e rang des acheteurs

À Miami, les acheteurs étrangers ont d'ailleurs mis la main sur 10 600 propriétés en 2014-15, selon l'association des agents immobiliers de la région. C'est 22 % de toutes les ventes. C'est dire aussi qu'en un an, les étrangers y ont d

Les Canadiens arrivent au 5e rang après le Venezuela, le Brésil, l'Argentine et la Colombie. Ils paieraient en moyenne 510 000 $ pour leur propriété.

« Il y a une certaine classe de Canadiens et de Québécois qui sont facilement capables de suivre la vague », dit Linda Faille, agente immobilière dans la région de Fort Lauderdale. 90 % de ses clients sont Canadiens.

Prendre l'ascenseur avec sa voiture

«On est dans un boom immobilier où la construction a repris de plus belle et pas dans des petits prix. Des condos sur la mer là, ça part à 1 million, 2 millions, 3 millions, et ça n'a plus de fin!»

- Linda Faille, agente immobilière Remax

Plus de fin comme sur la plage de Sunny Isles Beach, où la nouvelle tour Regalia par exemple, permet - oblige devrait-on dire - chaque propriétaire d'acheter tout l'étage... à 10 millions de dollars le condo.

Pas très loin au sud, la nouvelle tour Porsche sera terminée dans quelques mois et deviendra le premier édifice à condos où il sera possible pour les propriétaires de prendre l'ascenseur avec leur voiture pour aller à leur appartement!

« Cette année, Miami offre 56 % plus de condos d'un million de dollars et plus par rapport à l'an passé », dit Ron Sheffield, qui ne vend que des propriétés de luxe. Quelque 34 % des acheteurs pour ce type de propriétés, ajoute-t-il, sont de l'étranger.

«En achetant ici, leur investissement est non seulement en sécurité, mais il leur permet de passer des vacances en famille dans un lieu idéal. Ce sont souvent des deuxièmes, troisièmes, voire quatrièmes résidences pour les acheteurs.»

- Ron Sheffield, président EWM Realty International

Un boom risqué?

Ce boom que vit Miami pourrait-il entraîner une autre crise immobilière dans la région? La réponse est non, croit le responsable du développement économique pour le centre-ville. L'économie est bonne et les règles pour le crédit ont changé.

«75 % des unités en construction sont déjà vendues avec un dépôt de 50 %, comme on exige maintenant, ce qui donne une sécurité aux banques, aux promoteurs et à l'acheteur qui veut que le projet se réalise.»

- Nitin Motwani, président de l'Agence de développement du centre-ville de Miami

Panama Papers et condos de luxe

Selon les statistiques de l'Association des agents immobiliers du grand Miami, les trois quarts des transactions impliquant un acheteur étranger se sont faites en argent comptant en 2014-15. Ce serait même 86 % des transactions pour les Canadiens. Le trésor américain, inquiet de ce phénomène et soupçonnant du blanchiment d'argent, a même ouvert une enquête.

Pour ajouter à la frustration des locaux qui voient les prix immobiliers gonfler au rythme du nombre de millionnaires qui reluquent Miami, le Miami Herald, membre du Consortium dans l'enquête des Panama Papers, a publié un long article sur le lien entre condos de luxe et évasion fiscale. Selon le journal, 19 ressortissants étrangers y ont acheté de vastes propriétés dans l'anonymat en passant par une société offshore grâce à l'aide de la firme Mossack Fonseca à Panama. Huit d'entre eux auraient un dossier criminel dans leur pays. On craint que ce soit seulement la pointe de l'iceberg, Mossack Fonseca n'étant qu'une firme parmi d'autres dans le domaine.

Quoi faire pour empêcher Miami de devenir une ville seulement accessible aux riches de la planète, une situation à laquelle sont confrontées bien des métropoles? « C'est un défi et nous le prenons très au sérieux », dit M. Motwani.

« Nous préparons un projet majeur qui inclura des appartements à louer et il y a aussi des programmes d'aide à l'habitation. Nous essayons aussi d'améliorer le transport en commun en espérant que certains puissent économiser sur le prix d'une auto pour s'acheter un condo », ajoute le président de l'Agence de développement du centre-ville de Miami.

Une réponse qui traduit une certaine impuissance face aux lois du marché qui, à Miami, favorisent les mieux nantis. De plus en plus...

Voir aussi:

PLUS ABORDABLE: Windsor, Ontario

Le marché de l'immobilier au Canada: villes les plus et moins accessibles

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