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«Mon but, c'est de sauver des vies» - Drogba

«Mon but, c'est de sauver des vies» - Drogba

Dans un entretien à la BBC, réalisé jeudi à Montréal, Didier Drogba a répondu au Daily Mail, alors qu'une enquête a été ouverte par la Charity Commission britannique.

L'attaquant de l'Impact de Montréal a tenté de remettre les pendules à l'heure, après les allégations du quotidien voulant que les sommes amassées par sa fondation n'aient pas été utilisées à bon escient.

« Quand vous publiez un article de la sorte, sans preuve, sans vraiment savoir ce qui se passe en Côte d’Ivoire, vous pouvez causer beaucoup de tort, non seulement à moi, mais à toutes les personnes là-bas », a commencé Drogba.

« Ce [qui est écrit] n'est pas exact. Nous devons poursuivre le Daily Mail, nous devons le faire, car l'impact de cet article est énorme. Nous sommes à Montréal et nous en parlons. Imaginez les gens en Afrique, en Europe, en Angleterre, en Amérique du Nord, à travers le monde. Ce n'est pas de la bonne publicité pour la fondation. »

« Ce que doit faire le Daily Mail, c'est me suivre en Côte d'Ivoire, je les invite à venir avec moi en Côte d'Ivoire, et je leur montrerai ce qui a été fait. Nous leur avons envoyé toutes les preuves, toutes nos dépenses, ce que nous avons dépensé en Côte d'Ivoire, car la plupart des projets sont en Côte d'Ivoire, mais aussi dans d'autres projets en Afrique. »

Quant à cette enquête de la Charity Commission britannique, Didier Drogba ne s'en formalise pas.

« Tout est transparent, ils peuvent mener une enquête », dit-il, sans hésitation.

Invité à expliquer le travail de la fondation, Didier Drogba est revenu sur sa première ambition en 2007, puis sur les ajustements qu'il a dû faire en cours de route.

« Mon but, c'est de sauver des vies. J'essaie de faire de mon mieux, Je donne beaucoup de mon temps, de mon argent pour faire ça, alors je ne sais pas d'où ça vient. »

« La fondation a été créée en Côte d’Ivoire en 2007. Nous travaillons sur plusieurs projets, par exemple, quand il y a eu des inondations au Sénégal, à financer des orphelinats, à aider les miens en Afrique.

« Puis, en 2010, j’étais en Angleterre, et je voulais amasser des fonds et partager mon expérience, alors on a organisé des soupers-bénéfices et des collectes de fonds, pour montrer ce que je voulais vraiment faire, et c’était de construire un hôpital.

« Je versais tout l’argent de mes contrats de commandite à la fondation, explique-t-il, et les gens ont contribué généreusement, donc nous avons amassé un gros montant au cours des années. »

C'est à partir de 2011 que la fondation a modifié ses plans.

« Les gens doivent comprendre qu’il y a eu une guerre civile en Côte d’Ivoire en 2011, et il m’était impossible de faire quoi que ce soit à ce moment-là, explique-t-il. Et malgré tous les problèmes que nous avions, nous avons pu construire une clinique.

« Donc, nous avons modifié le projet de l’hôpital, et ça, je l’ai expliqué durant ces soupers, qu’à la place de construire un hôpital, j’allais construire 5 cliniques. C’était ma première ambition.

« Mais au bout du compte, vous devez penser à ce qui est le mieux non seulement pour la fondation, mais aussi pour les gens là-bas et ce que vous allez faire de l’argent des gens. Mon but n’était pas de construire simplement une clinique sans faire de suivi, mon but est de travailler sur le long terme.

« Donc, j’ai construit une clinique en Côte d’Ivoire, qui n’est pas encore fonctionnelle, précise-t-il. Mais elle est construite, elle est là. Vous pouvez aller voir. Elle va ouvrir, ce n’est pas juste un beau décor devant lequel on passe, non, c’est vraiment là. »

Des cliniques itinérantes

« Puis, nous avons changé nos plans, et avons choisi de construire des cliniques itinérantes, pour sauver de l’argent. Construire 5 cliniques, vous devez les faire fonctionner et les entretenir pendant 10 ou 15 ans. Sachant que quand je ne jouerai plus, je n’aurai plus les mêmes revenus de commandite, nous devions trouver quelque chose qui ait du sens. »

« Construire des cliniques itinérantes permet d’aller vers les gens et de guérir plus de monde, soutient l'attaquant de l'Impact. À la base, le Daily Mail se plaint que l’argent recueilli à Londres n’a pas été dépensé. Mais tous ces projets dont je vous parle ont été organisés avec l’argent de mes revenus de commandite. »

Drogba responsable

« Les gens doivent comprendre que nous ne devons pas seulement organiser des événements de charité, vous avez besoin d’argent pour ça, mais que je suis responsable de cet argent. Ils veulent que je dépense l’argent. Pourquoi je le dépenserais juste pour montrer que je dépense de l’argent ? Non, j’ai des projets à long terme.

« Je sais ce que je veux faire, et cet argent sera dépensé au bon moment, quand il sera nécessaire de le dépenser, prévient-il. Et comme ça que nous allons fonctionner. »

Didier Drogba est resté très calme tout au long de l'entretien, réalisé essentiellement en anglais (avec quelques questions en français), mais il n'a pas pu s'empêcher de décocher une flèche au Daily Mail en conclusion.

« Vraiment, je les invite, et j'aimerais savoir ce qu'ils font pour mon continent... s'ils font quelque chose », a-t-il conclu.

L'enquête de la Charity Commission

Les allégations du quotidien Daily Mail au sujet de la fondation Didier Drogba ont obligé la Charity Commission de Grande-Bretagne à réagir. Une enquête est en cours.

La Charity Commission supervise les activités caritatives en Angleterre et au pays de Galles.

Elle a demandé à la fondation de s'expliquer sur ces révélations qui « envoient des informations trompeuses au public et aux donateurs ».

C'est ce qu'explique le directeur de la Charity Commission, jeudi, dans un communiqué.

« La commission a de sérieux doutes à propos de certaines informations préoccupantes soulevées et a contacté la fondation afin d'obtenir rapidement des réponses », explique David Holdsworth.

« En particulier, la commission a des doutes concernant l'administration de la fondation et les comptes-rendus donnés qui, selon les allégations, auraient trompé le public et les donateurs.

« De plus, la fondation a amassé de grandes sommes d'argent qui n'ont pas encore été dépensées, et nous avons besoin d'éclaircissements sur la façon dont ces sommes seront dépensées. Toutes ces questions méritent enquête. »

Selon les observateurs de la Charity Commission, moins de 1 % de l'argent amassé par la fondation de Didier Drogba a été envoyé aux bonnes oeuvres, rapporte le quotidien The Guardian.

Dans un article publié mercredi en fin de soirée, le Daily Mail révèle que la fondation Drogba mise sur pied par l'ancienne gloire du club londonien de Chelsea, en 2009, a recueilli plus de 1,7 million de livres (3,1 millions de dollars) sur une période de cinq ans afin de construire un hôpital et cinq cliniques en Côte d'Ivoire, son pays d'origine.

Seulement 25 773 $ (14 000 £) auraient été utilisés à ces fins, une seule clinique aurait été construite et elle ne serait pas encore en service.

Le Daily Mail rapporte que 800 000 $ auraient servi à organiser cocktails et bals de financement, courus par les vedettes, les sportifs et même des membres de la famille royale britannique. Le reste de l'argent dormirait encore dans les comptes bancaires de la fondation.

David Holdsworth rappelle que les fondations doivent être transparentes et rendre compte de leurs dépenses aux donateurs et au public qui s'attendent à la plus grande rigueur de leur part.

« Les administrateurs ont la responsabilité de gérer la fondation et de prendre les décisions. Les administrateurs doivent prendre leurs responsabilités au sérieux, rappelle la commission, afin de permettre au public d'avoir foi dans le rôle vital que jouent les fondations dans la société. »

De son côté, l'Impact de Montréal a écrit sur Twitter qu'il soutenait son joueur étoile.

Voir aussi:

Impact de Montréal - Didier Drogba

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