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Un entrepreneur du N.-B.: «Je ne paierai jamais quelqu'un moins de 15$ l'heure»

«Je ne paierai jamais quelqu'un moins de 15$ l'heure»
duckiemonster/Flickr

Un entrepreneur de Moncton croit que le salaire minimum devrait être beaucoup plus élevé au Nouveau-Brunswick que les 10,65 $ actuels. Il prêche par l'exemple en offrant un salaire minimum de 15 $ l'heure à ses employés.

Marc Albert est directeur de DPL à Moncton, une entreprise qui conçoit et fabrique notamment des appareils sans fil pour les machines bancaires ATM. Il a une vingtaine d'employés, dont des assembleurs et des ingénieurs.

«Je ne paierai jamais quelqu'un moins de 15 $ l'heure. Pas de différence si c'est un employé à temps partiel. C'est tout», lance-t-il avec conviction.

Marc Albert a côtoyé la misère dans sa jeunesse. Sa mère faisait tout ce qu'elle pouvait pour faire vivre ses enfants.

Les affaires roulent bien pour l'équipe DPL. Elle a vendu 25 000 unités Hercules en Amérique du Nord. Plus facile alors de bien payer ses employés, diront plusieurs. Mais dès le début, Marc Albert a refusé de verser le salaire minimum en vigueur au Nouveau-Brunswick à son personnel.

«On a commencé à quatre personnes à parts égales. On était en train de brûler de l'argent et on perdait de l'argent. Malgré tout, c'était plus important pour nous de payer nos employés plus que le salaire minimum. Il y a toujours des manières d'arriver à faire ses frais», raconte-t-il.

Au Nouveau-Brunswick, le gouvernement a augmenté le salaire minimum de 35 cents, le 1er avril, pour atteindre 10,65 $. De petites et moyennes entreprises ont critiqué cette augmentation en disant que ça leur coûtait trop cher et qu'elles pourraient devoir réduire les heures de travail ou l'embauche d'employés.

«Si ton modèle de compagnie pour faire de l'argent, pour survivre comme compagnie dépend de garder tes employés dans la misère, je pense que c'est le temps de regarder de nouveau tes chiffres, ton modèle de compagnie et te poser de grosses questions.»

L'ingénieur Daniel Goguen partage la philosophie de Marc Albert.

«Je pense que le rôle des compagnies dans une société devrait être de pouvoir aider les employés dans la communauté, pas seulement le profit de la compagnie.»

Marc Albert dit qu'avec de la volonté et du courage, les entreprises peuvent assurer une qualité de vie à leurs employés.

Il a d'ailleurs décidé d'offrir cinq semaines de vacances par année à tous les employés, qu'ils soient assembleurs ou ingénieurs.

Campagne nord-américaine

Depuis 2013, la campagne nord-américaine pour l'augmentation du salaire minimum à 15 $ l'heure s'étend de plus en plus. Commencée aux États-Unis, la campagne a vite été reprise dans l'Ouest canadien, puis dans un nombre de plus en plus grand de provinces.

Au Nouveau-Brunswick, c'est le Front commun pour la justice sociale qui mène la bataille. L'organisme communautaire demande que le salaire minimum soit haussé à 15 $, afin de permettre aux travailleurs de répondre à leurs besoins de base. Plusieurs ménages qui dépendent d'un salaire minimum doivent recourir aux banques alimentaires.

«Les banques alimentaires reçoivent plusieurs gens, plusieurs personnes, plusieurs familles», soutient Chantal Landry, secrétaire provinciale du Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick.

Un des gros problèmes, selon le Front commun : le manque de logements abordables. Les ménages consacrent souvent plus de 30 % de leur revenu au loyer.

«Ça diminue le revenu qui est disponible pour les autres nécessités, comme l'électricité, la bouffe, peut-être même aussi le transport, ou même les besoins des enfants», précise Chantal Landry.

Les verts et le NPD au Nouveau-Brunswick appuient la demande de hausser le salaire minimum.

D'après les informations de Michèle Brideau et Michel Corriveau

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