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Les patrouilles de la SQ coûtent cher à Obedjiwan

Les patrouilles de la SQ coûtent cher à Obedjiwan
Radio-Canada

Le litige qui oppose le ministère de la Sécurité publique du Québec à la communauté autochtone d'Obedjiwan, et qui a poussé le Conseil de bande à démanteler son corps de police, coûte cher à la Sûreté du Québec. Radio-Canada a appris que la SQ doit défrayer plus de 100 000 dollars par semaine pour assurer la sécurité de la petite communauté de 2000 habitants.

Un texte de Jean-Philippe Robillard

Depuis le 1er avril, ce sont les policiers de la Sûreté du Québec qui patrouillent dans la réserve atikamekw située au nord de Roberval. Selon nos informations, il y aurait une dizaine d'agents de la SQ sur place.

La facture est salée, car les agents sont déployés dans le cadre d'une opération policière spéciale, ce qui fait que la plupart d'entre eux sont payés en heures supplémentaires. Au total, il en coûte donc plus 100 000 dollars par semaine à la SQ pour patrouiller dans la réserve d'Obedjiwan. Ce montant inclut les salaires des agents et les frais afférents

«Normalement dans une couverture comme ça, il va y avoir des frais quand même assez élevés.» - Sylvain Tremblay, ancien policier de la SQ

Les agents qui participent à cette opération policière spéciale peuvent provenir des postes de la SQ de la région, mais également d'autres postes ailleurs au Québec, ce qui fait grimper les coûts. « On utilise les ressources des postes qui sont limitrophes », explique l'ancien policier de la SQ Sylvain Tremblay. « Mais si on ne veut pas déshabiller, par exemple, le poste de Roberval ou un autre poste, à ce moment-là, on va prioriser des gens qui sont en congé », ajoute-t-il, ce qui explique le nombre élevé d'heures supplémentaires.

L'ex-agent de la SQ indique que d'autres frais doivent être pris en compte. « Quand je parle de frais, il y a le transport, c'est-à-dire par exemple, si les gens de Roberval prennent deux heures pour se rendre, donc le temps de transport est rémunéré aussi, explique-t-il. Les trois repas par jour sont payés, ça fait qu'on parle de gros frais. Mais c'est une situation exceptionnelle. »

Une entente non renouvelée

Lorsque c'est le corps de police d'Obedjiwan qui patrouille, la facture n'est que d'environ 40 000 dollars par semaine. Ce montant est partagé presque à parts égales entre le Québec et le gouvernement fédéral en raison d'une entente tripartite sur le service de police dans la réserve atikamekw.

Cependant, depuis que cette entente n'a pas été renouvelée et que le corps de police a été démantelé, la SQ doit assumer seule les 100 000 dollars que coûtant les patrouilles à Obedjiwan. Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, n'arrive pas comprendre ce qui justifie une telle décision qui, à terme, coûte plus cher au gouvernement.

«Où est la logique d'accepter de payer sans doute le double, le triple de que ça coûterait normalement à travers des ententes où on assure le financement partagé entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial?» - Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador

Le ministère québécois de la Sécurité publique et le conseil de bande d'Obedjiwan continuent de négocier pour tenter de trouver un terrain d'entente. Québec refuse toujours de répondre aux demandes financières du conseil.

Selon nos informations, le gouvernement fédéral aurait fait une proposition à la communauté pour dénouer l'impasse dans les négociations et permettre d'augmenter le budget annuel du corps de police d'Obedjiwan, qui tourne autour de 2,2 millions de dollars.

La SQ a refusé de nous accorder une entrevue à ce sujet.

Voir aussi - Obedjiwan: une police trop coûteuse? (février 2015)

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