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Le gouvernement Trudeau a discrètement approuvé la vente d'armes à l'Arabie saoudite

Le gouvernement Trudeau a discrètement approuvé la vente d'armes à l'Arabie saoudite
Canada's Foreign Minister Stephane Dion listens to a question after delivering a speech at the University of Ottawa in Ottawa, Canada, March 29, 2016. REUTERS/Chris Wattie
Chris Wattie / Reuters
Canada's Foreign Minister Stephane Dion listens to a question after delivering a speech at the University of Ottawa in Ottawa, Canada, March 29, 2016. REUTERS/Chris Wattie

La vente controversée de blindés légers canadiens à l'Arabie saoudite a franchi une nouvelle étape ce mois-ci. Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a autorisé la vente des véhicules, vendredi dernier.

Un texte de Raphaël Bouvier-Auclair

Cette autorisation d'exportation est confirmée dans des documents rendus publics dans le cadre de la mise en demeure intentée contre le ministre par un groupe d'étudiants de l'Université de Montréal et le professeur Daniel Turp.

En plus de l'approbation, les documents comprennent une partie de l'évaluation liée à la vente de ces appareils militaires. Le ministère des Affaires étrangères juge que la vente de ces véhicules respecte les « intérêts canadiens en termes de sécurité et de défense au Moyen-Orient ».

L'épineuse question des droits de la personne

Les auteurs du document ajoutent qu'aucune information disponible ne permet de croire que l'utilisation de ces produits militaires violerait les droits de la personne. Cette question du respect des droits par le régime saoudien a été soulevée à de nombreuses reprises depuis l'annonce de la vente de véhicules blindés par la firme ontarienne General Dynamics, en 2014. Ce contrat de vente avait été signé sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

En chiffres :

  • 14 milliards de dollars canadiens : valeur du contrat de 2014 pour la vente de blindés à l'Arabie saoudite
  • 2900 : nombre de permis d'exportation octroyés pour la vente de véhicules blindés légers et d'équipement associé à l'Arabie saoudite depuis 1993

Dans les documents présentés devant la Cour fédérale, les enjeux liés aux droits de la personne reviennent fréquemment. On y mentionne des violations que le gouvernement saoudien est accusé de commettre. « Exécutions, suppression de l'opposition politique, arrestations arbitraires, limites de la liberté d'expression et discrimination envers les femmes » y sont par exemple inscrits.

Il est mentionné que des représentants canadiens s'entretiennent souvent avec des représentants saoudiens au sujet des droits de la personne. Mais le gouvernement affirme ne pas avoir de raison de croire que la vente d'armes contreviendra à ces droits.

Le Canada a vendu des milliers de blindés à l'Arabie saoudite depuis les années 1990. Au meilleur des connaissances du ministère des Affaires étrangères, il n'y a pas eu d'incidents au cours desquels ils ont été utilisés de manière à violer les droits de l'homme.

Utilisation au Yémen?

En mentionnant que l'Arabie saoudite est un « allié clé » d'Ottawa en matière de défense, les documents soulignent que Riyad contribue à combattre le groupe armé État islamique en Irak et en Syrie, mais s'en prennent également à « l'instabilité au Yémen », pays voisin situé au sud-ouest du territoire saoudien. « L'acquisition de véhicules armés à la fine pointe de la technologie aidera l'Arabie saoudite à atteindre ces objectifs, ce qui est conséquent avec les intérêts canadiens en matière de défense au Moyen-Orient », est-il écrit.

En janvier, un rapport présenté devant l'Organisation des Nations unies (ONU) relevait des violations généralisées et systématiques du droit international humanitaire, notamment de la part des troupes de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite.

Le gouvernement se défend

Le bureau du ministre Stéphane Dion a affirmé de nouveau la position du gouvernement Trudeau dans ce dossier. Le contrat a été signé bien avant l'approbation des exportations et ce ne serait pas dans l'intérêt du Canada de le résilier, dit-il.

«Une annulation priverait d'emploi près de 2000 travailleurs, principalement dans la région de London.»

- Joseph Pickerill, directeur des communications du ministre Stéphane Dion

Le bureau de Stéphane Dion répète que la question des droits de la personne est surveillée de près dans l'octroi des permis d'exportation. « Le ministre peut retirer les permis à n'importe quel moment si une preuve le justifie », explique son directeur des communications, Joseph Pickerill.

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