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Anciens dépotoirs : la ville de Montréal dévoile des données incomplètes (VIDÉO)

Anciens dépotoirs: Montréal dévoile des données incomplètes (VIDÉO)

Contrairement à ce qu'elle avait promis, l'administration Coderre ne dévoilera pas toute l'information sur la contamination dans ses anciens dépotoirs. Si la Ville publie aujourd'hui les cartes des anciennes carrières (souvent utilisées comme dépotoirs), d'autres documents ne sont pas rendus publics.

Un texte de Benoît Giasson, La facture

Montréal recense maintenant 94 anciens dépotoirs sur son territoire. Bon nombre d'entre eux se trouvent en zone résidentielle. C'est 15 de plus que ce qu'elle avait annoncé en décembre dernier.

Sur son site web, Montréal publie 16 cartes, une par arrondissement. Il manque toutefois plusieurs arrondissements, comme Saint-Léonard, Montréal-Nord, LaSalle, et d'autres. La Ville explique qu'elle n'a pas trouvé d'anciennes carrières dans ces secteurs.

Les délimitations ne sont indiquées que pour 40 des 94 anciennes carrières. Pour les 54 autres, seules des étoiles sur les cartes indiquent la présence d'anciennes carrières dans ces secteurs. La légende des cartes explique que la localisation de ces carrières est « indéterminée ».

Les autres carrières sont mieux indiquées, mais leur localisation est tout de même « approximative ». Prudente, la Ville précise qu'elle « ne peut garantir l'exactitude des données » et qu'elle « se dégage de toute responsabilité ».

Il y a trois semaines, le maire de Montréal, Denis Coderre, s'était engagé à « la transparence dans ce dossier-là », affirmant qu'il voulait « donner toutes les réponses à ces questions ».

Aujourd'hui, c'est le responsable de l'environnement au comité exécutif qui est chargé d'expliquer le choix de la Ville. Réal Ménard admet que l'administration Coderre ne procédera pas à des tests de sol pour déterminer lesquels de ces sites sont contaminés.

La Ville possède pourtant un système informatique interne, le SISTEC (Système d'Information sur les terrains contaminés), qui contient un très grand nombre d'études de caractérisation des sols dans ces secteurs. Ces études ne sont pas dévoilées par l'administration Coderre pour le moment.

Des citoyens déçus

« J'aurais aimé qu'il y ait un test de sol », dit Richard Tremblay, dont la résidence est construite au-dessus des déchets, près du parc Rosemont.

« La Ville a le devoir, la responsabilité de nous informer sur la composition du sol », estime Martin Lavallée, qui habite de l'autre côté du parc Rosemont. D'autres résidents du secteur demandent au maire Coderre d'intervenir.

Le président de la Société pour vaincre la pollution, Daniel Green, se dit « choqué que la Ville ne prenne pas ses responsabilités ». Il souhaite que le maire Coderre prenne le dossier en main et ordonne la caractérisation de tous les anciens dépotoirs.

Il n'y a aucune raison pour qu'une population soit prise en otage par un risque de contamination.

Daniel Green, de la Société pour vaincre la pollution

Un précédent : le dépotoir de LaSalle

À LaSalle, un scandale a éclaté en 1986 quand des citoyens ont découvert que leur demeure se trouvait sur un ancien dépotoir. Quatorze résidences ont été détruites et 125 000 mètres cubes de sols contaminés ont été excavés. La municipalité et Québec ont dû dédommager les citoyens. Une opération qui a coûté 8 illions de dollars à l'époque.

Pour Daniel Green, si on trouve de la contamination dans certains des 94 sites, « le précédent de LaSalle montre que l'État doit agir ».

Daniel Green craint « des infiltrations des vapeurs toxiques dans les sous-sols des maisons ».

Réal Ménard assure que les tests de biogaz effectués dans les sites au cours des derniers mois ont montré très peu d'émanations. Il n'y aurait aucun danger pour la population. D'autres tests seront effectués prochainement.

Les résidences autour du parc Rosemont

La Facture a fouillé un des secteurs identifiés sur les cartes : le parc Rosemont. Grâce à une demande d'accès à l'information, nous avons obtenu le plan de l'ancienne carrière en 1923, ainsi qu'un document d'archives de la Ville, qui indique que ces lopins de terre «ont été achetés par la Cité» le 30 juin 1925 et «comblés de déchets de 1925 à mai 1929».

Si l'on superpose ce plan de l'ancienne carrière à une carte d'aujourd'hui, on découvre que l'ancien dépotoir couvre la moitié du parc Rosemont et s'étend au sud, sur une zone résidentielle. Richard Tremblay demeure justement à cet endroit.

Je demande à la Ville de Montréal de venir faire un test de sol dans ma cour.

Richard Tremblay

Nous avons aussi obtenu des rapports de forages effectués dans le parc par la Ville en 1986. Six forages dans l'ancienne carrière révèlent la présence de débris divers et surtout de résidus de pétrole et de charbon, indicateurs de contamination. Cette étude géotechnique ne contient pas d'analyse chimique. On ne sait donc pas si les contaminants dépassent les normes.

Les citoyens devront faire eux-mêmes des tests de sol

Un avis au bas des cartes indique que pour connaître l'emplacement exact des anciennes carrières, la population devra valider l'information « au moyen d'une recherche historique et de sondage [forage) ».

En novembre dernier, Radio-Canada révélait l'existence d'un rapport qui avait été caché à la population en 1994. Le module du génie de l'environnement de la Ville de Montréal y faisait état d'émanations dans 10 anciennes carrières, sur les quelque 62 à l'étude. Certaines se trouvaient en zone résidentielle.

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