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«La Voix» : Stéphanie St-Jean fatiguée, mais heureuse

«La Voix» : Stéphanie St-Jean fatiguée, mais heureuse

Vous croyez que Stéphanie St-Jean a festoyé jusqu’aux petites heures et a joyeusement arrosé sa victoire consacrée à La voix, dimanche?

Détrompez-vous. La jeune chanteuse était effectivement debout à l’aube, lundi matin, mais pas parce qu’elle célébrait ; plutôt parce qu’une longue journée d’entrevues se dessinait devant elle.

Après à peine deux heures la tête passée sur l’oreiller, la Gatinoise de 25 ans avait un micro sous le nez dès 7h et allait ensuite se promener de radios en télévisions en tête-à-tête avec la presse écrite, son coach, Pierre Lapointe, à ses côtés.

Tout ce qui grouillait de médias à Montréal et les environs avait sa rencontre prévue avec l’attachante jeune femme à la voix hyper puissante, que plusieurs ont déjà comparée à Ginette Reno. Et la principale intéressée ne s’en plaignait guère.

«J’adore ça, a lancé Stéphanie, rencontrée par le Huffington Post Québec en début d’après-midi, alors qu’elle terminait de peine et de misère son repas entre les sollicitations de tout un chacun. J’ai toujours aimé travaillé sous pression, dans la grosse activité. J’aime travailler fort! Sinon, je me sens comme si je ne travaillais pas. C’est intense, mais j’aime vraiment ça. C’est quelque chose que je voulais énormément.»

Moins de 24 heures après l’annonce de sa victoire devant 2,7 millions de personnes – une pointe de 3 277 000 téléspectateurs a même été atteinte en cours de diffusion, pour une part de marché totale de 63,5%, la plus haute de la présente saison télévisuelle -, la gagnante était-elle redescendue de son nuage de bonheur?

«Pantoute!», a répondu Stéphanie, spontanément et avec vigueur. Je vais rester dessus, je crois, jusqu’à ce que j’aie une bonne nuit de sommeil.»

Complicité

Se tenant tout près de sa protégée, tel un ange gardien, Pierre Lapointe écoutait celle-ci attentivement, apportant des précisions à ses propos et, surtout, émettant des mises en garde et tempérant un brin son enthousiasme de jeune première.

Que Stéphanie évoque la possibilité de quitter sa ville natale pour s’installer définitivement à Montréal, un projet qu’elle caressait bien avant La Voix, qu’elle songe un instant à voix haute à l’album qu’elle souhaite enregistrer ou qu’elle prononce à nouveau son rêve de se produire un jour au centre Bell, Pierre la ramène sur terre en l’enjoignant de savourer, d’assimiler comme il se doit son statut de «nouvelle voix du Québec» et de ne pas s’enflammer trop rapidement. Pour l’instant, on sait seulement que tous deux aimeraient beaucoup bosser ensemble sur le disque qui constitue la grande récompense de Stéphanie à titre de lauréate de La Voix, mais il était trop tôt, lundi, pour annoncer quoi que ce soit.

«Hier (dimanche), Stéphanie aurait voulu faire le party, que je lui aurais dit : «Hé fille, tu vas te coucher!», a rigolé le coach aux habits excentriques. Faire une journée comme aujourd’hui en ayant «viré une brosse» la veille, ça ne se peut pas. Ça ne nous passe même pas par la tête. Il y a une accumulation, les journées sont longues. À un moment donné, la fatigue s’accumule, et tu sens que tu ne peux plus faire tout ce que tu veux.»

«Ça fait presque trois semaines que je vis dans ce style de vie-là, a poursuivi Stéphanie. Ça commence à être heavy pareil. On a eu environ une seule journée de congé depuis ce temps-là. Certaines journées sont plus longues que d’autres, mais on ne décroche jamais. On est toujours dans l’émotion, on a toujours hâte, on est toujours fébriles, stressés.»

Au-delà du rapport maître-élève qui s’est nécessairement développé depuis que Pierre a repêché Stéphanie dans son équipe au terme des duels du 28 février dernier – celle-ci avait d’abord commencé l’aventure au sein des troupes d’Éric Lapointe -, une belle complicité s’est établie entre eux, devant comme derrière les caméras.

«Moi, je me vois vraiment comme un accompagnateur, a illustré Pierre. Je me sens un peu comme un grand frère, je peux donner des conseils sur certaines choses, mais reste que c’est un métier qui s’apprend.»

«C’est un métier de chanter ; ça, Stéphanie l’a déjà. Elle est une chanteuse. Mais voir comment fonctionnent l’industrie et les médias, comprendre comment les gens changent d’attitude quand tu deviens connu, constater à quel point ta vie bascule, ça s’apprend en se vivant. Il faut le vivre pour vraiment commencer à le comprendre. Et ça, ça prend du temps et du recul. J’essaie de lui inculquer une mini-parcelle de ce que je sais. Mais, artistiquement, pour moi, Stéphanie, je la perçois d’égale à égal. Elle a son identité, elle sait où elle s’en va, elle a sa personnalité, et je n’ai pas besoin de la protéger», a complété Pierre Lapointe.

Un vrai échange

Au premier coup d’œil, l’association entre Pierre Lapointe et Stéphanie St-Jean ne semble pas nécessairement naturelle, leurs styles musicaux n’étant pas du tout similaires ; elle est adepte des envolées à donner le frisson, lui privilégie les textes peaufinés à l’enrobage sombre et les mises en scène minutieusement construites. Mais le décalage des genres n’a jamais rebuté ni l’un, ni l’autre.

«Moi, j’ai trippé sur elle, on a échangé des regards, j’ai senti quelque chose : j’ai vu que cette fille est spontanée et vraie et, surtout, elle n’essaie pas d’être cute, a signalé Pierre Lapointe. Ça, ça ne s’apprend pas, et c’est merveilleux. Quand tu n’as pas cette «maladie», d’essayer d’être cute, ça veut dire que tu t’assumes, que tu es prêt à aller au bout de tes idées, et basta. Qu’on l’aime ou pas, elle est comme elle est, et ne peut rien y faire. Là-dessus, on est pareils, et je n’ai aucun problème avec les gens comme ça. Au contraire ; dès que je perçois que quelqu’un est ainsi, je me dis qu’on peut être vrais, qu’on peut jaser pour vrai, et go. Les autres affaires, comment on s’habille, le genre de musique qu’on écoute, c’est superficiel. C’est un vrai échange, une vraie rencontre.»

«Moi, ça m’excite, a enchaîné Stéphanie. Je me dis que, Oh my God, on n’a pas le même style, Pierre va m’apprendre plein d’affaires.»

Si l’avenir, plein de promesses, se révèle encore un peu nébuleux pour Stéphanie St-Jean, une chose est certaine : l’interprète à la voix d’or prévoit déjà abandonner son boulot au Café des artistes de Buckingham, où elle organisait les spectacles, en plus d’être serveuse et de pousser la note à l’occasion.

«J’en ai toujours bien vécu… mais vraiment, parce que je n’ai pas besoin de grand-chose, dans la vie, s’est amusée Stéphanie. J’ai toujours eu un emploi à temps partiel. Mais j’avais quand même de beaux salaires avec ça. J’avais minimum un show par mois et, pour moi, c’était beau, c’était grand.»

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Geneviève

«La voix» - 27 mars 2016

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