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Sam Hamad en Floride pour «refaire le plein d'énergie»

« Je suis parti pour refaire le plein d'énergie. Je suis brûlé. C'est pas évident ce que je vis. »

« Je ne me sauve pas », a plaidé lundi le président du Conseil du Trésor Sam Hamad depuis la Floride, où il a été joint par Radio-Canada. « Je suis parti pour refaire le plein d'énergie. Je suis brûlé. C'est pas évident, ce que je vis », a soutenu le ministre, qui a été éclaboussé par des révélations de l'équipe d'Enquête de Radio-Canada, la semaine dernière, et qui s'est depuis retiré temporairement de ses fonctions.

« Mon seul objectif est de collaborer avec le commissaire à l'éthique », a assuré le ministre Hamad, au cours de l'entrevue téléphonique avec le chef du bureau parlementaire de Radio-Canada à l'Assemblée nationale, Sébastien Bovet. « J'attends son appel. J'espère lui parler le plus vite possible », a-t-il poursuivi.

Le reportage d'Enquête de jeudi dernier faisait état d'une série de courriels qui démontrent que le ministre Hamad était une source d'information stratégique et qu'il faisait avancer les dossiers de Marc-Yvan Côté, qui était alors vice-président du conseil d'administration de Premier Tech, au gouvernement. Pour sa part, Marc-Yvan Côté, s'activait pour le financement politique de Sam Hamad.

En attendant son retour à Québec, M. Hamad, qui a réfuté les allégations, s'est dit prêt à parler au téléphone avec le commissaire à l'éthique, qui est chargé de faire respecter le code d'éthique et de déontologie des députés de l'Assemblée nationale.

Sam Hamad lui avait lui-même demandé de faire la lumière sur cette affaire, une requête également formulée par les partis d'opposition.

« Un congé éthique », selon Lisée

Le député du Parti québécois, Jean-François Lisée, a déploré le « sans-gêne » de M. Hamad et du premier ministre, Philippe Couillard, face aux vacances prises par le président du Conseil du Trésor en pleine reprise des travaux parlementaire. M. Lisée a précisé qu'il était « inacceptable » d'assimiler les vacances de M. Hamad - « qui trouve ça ben dur » - à « un congé de maladie alors qu'il est en congé éthique ».

«Non M. Hamad, non M. Couillard, ce n'est pas dur pour vous, c'est dur pour les Québécois de se rendre compte qu'on a un gouvernement qui a si peu d'intérêt pour l'éthique, qui s'aveugle, qui ne prend pas ses responsabilités. »

Jean-François Lisée, député de Rosemont

Le député péquiste s'explique mal que le premier ministre ait choisi de réitérer sa confiance en son ministre, dans un poste aussi important que la présidence du Conseil du Trésor, alors qu'il est visé par des « allégations très graves qui ressemblent à du trafic d'influence ».

M. Lisée a ajouté, à la lumière d'une chronique de l'ex-députée libérale Fatima Houda-Pepin, que M. Couillard, qui a refusé de faire le grand ménage au PLQ lors de sa course à la direction du parti, en 2012, fait encore peu de cas de l'éthique.

Sur Twitter, le député de Québec solidaire Amir Khadir a pour sa part carrément dit que la carrière politique de M. Hamad était chose du passé.

Hamad a fait la bonne chose, disent Thériault et Charest, qui réitère sa confiance en Nathalie Normandeau

Interrogée au cours d'un impromptu de presse, la ministre Lise Thériault a vanté la réaction de son collègue. « Indépendamment où il est, on comprend tous qu'il veut que le commissaire à l'éthique fasse son enquête, qu'il prenne le temps de le faire, a-t-elle dit. Je pense que par souci de transparence, c'est un geste qui est très honorable de la part de Sam, en passant et nous pouvons tous attendre avec beaucoup d'intérêt les conclusions du commissaires à l'enquête. »

Jean Charest, qui était premier ministre à la période des faits visés par le reportage d'Enquête, a été interrogé sur cette affaire en marge d'un événement à l'Université McGill, mais aussi sur l'inculpation de son ancière vice-première ministre, Nathalie Normandeau, pour complot, corruption, fraude et abus de confiance, il y a deux semaines.

« Dans le cas de Mme Normandeau, je la connais bien, très bien et depuis très longtemps et j'ai toujours eu confiance en elle et j'ai toujours confiance en Mme Normandeau », a-t-il répondu aux journalistes.

« M. Hamad, c'est une affaire différente. Je pense que M. Hamad a posé un bon geste lorsqu'il a décidé lui-même, de son initiative, de faire appel au commissaire à l'éthique », a-t-il ajouté.

Questionné sur une éventuelle part de responsabilité, l'ancien dirigeant libéral a répondu qu'il fallait « mettre les choses en perspective ». « Il y a des processus qui sont engagés, on va laisser les gens faire ce qu'ils ont à faire et après ça on verra ce que seront les résultats. »

Silencieux jusque samedi dernier, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, s'est finalement porté à la défense de son ministre, à la sortie des funérailles de Claire Kirkland-Casgrain.

Les responsabilités de Sam Hamad à titre de ministre responsable de l'Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes ainsi que celles du président du Conseil du Trésor sont confiées temporairement au ministre des Finances, Carlos Leitao.

Les responsabilités qu'il avait à titre de ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale sont pour leur part confiées temporairement au ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais.

Les partis d'opposition ont déploré que le ministre Hamad conserve toutefois ses privilèges.

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