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Relancer l'économie canadienne, le pari risqué de Bill Morneau (ENTREVUE)

Le pari risqué de Bill Morneau (ENTREVUE)

OTTAWA – Le gouvernement Trudeau ne peut garantir qu’il réussira à atteindre la croissance économique souhaitée d’ici cinq ans et ainsi revenir à l’équilibre budgétaire.

En entrevue avec le HuffPost, le ministre des Finances Bill Morneau a précisé qu’il « aspirait » à relancer l’économie canadienne -- qui tourne au ralenti -- avec des investissements qui, selon lui, aideront la classe moyenne.

« En investissant, nous croyons être sur la bonne voie pour avoir un meilleur taux de croissance. Et un meilleur taux de croissance va nous mener à un budget équilibré dans cinq ans », estime-t-il.

Les libéraux avaient promis, en campagne électorale, de cumuler des « déficits modestes » de 10 milliards de dollars par année pendant trois ans et d’atteindre l’équilibre budgétaire en fin de mandat.

Le mois dernier, Bill Morneau avait admis que ce montant serait plus important que prévu en raison de facteurs hors de son contrôle. Il estimait que le déficit avoisinerait les 18,4 milliards en 2016-2017.

Or, il est aujourd'hui de 29,4 milliards de dollars, soit près de trois fois le déficit promis par les libéraux.

“Ce qu’on a démontré aux Canadiens, c’est qu’on fait ce qu’on a promis”

— Bill Morneau

« Mais je veux que les Canadiens comprennent notre situation, explique Morneau. Je veux être ouvert et transparent à propos du potentiel de hausse et du potentiel de risques. Je pense que c’est ce à quoi les gens s’attendent. »

Talonné au sujet du déficit depuis le dépôt du budget le 22 mars, le ministre des Finances a répondu qu’il avait hérité d’une croissance économique faible depuis une décennie et de défis démographiques plus importants que jamais avec le vieillissement de la population.

« La meilleure décision que nous pouvons prendre est de faire des investissements pour aider les étudiants qui se cherchent des emplois ou aider à créer une économie plus innovante », a indiqué le ministre.

D’importantes dépenses figurent dans son premier budget, notamment pour les peuples autochtones, les aînés et les familles à faible revenu. Il y a toutefois moins d’argent que prévu pour les infrastructures – un pilier de la plateforme libérale.

« Ce qu’on a démontré aux Canadiens, c’est qu’on fait ce qu’on a promis, a assuré Bill Morneau. Nous avons fait une promesse d’améliorer la situation de la classe moyenne et c’est ce que nous avons fait. La deuxième promesse que nous avons faite est de faire croître l’économie et, pour nous, c’est d’une importance capitale. »

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Plus d’argent en santé?

Québec, qui a présenté son budget quelques jours avant celui d’Ottawa, avait exprimé certains souhaits pour les infrastructures et les transferts en santé.

Sur ce dernier point, le ministre fédéral des Finances n’écarte pas la possibilité qu’il y ait des changements dans l’attribution des fonds pour les provinces.

« En ce moment, nous sommes en train de faire des consultations. C’est pour cela que nous ne l'avons pas ajouté [au budget]; parce que c’est préliminaire », a expliqué Bill Morneau.

Le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, pense que le calcul des transferts aux provinces ne devrait pas se baser uniquement sur le nombre d’habitants. Il devrait aussi tenir compte de la réalité démographique des provinces, comme au Québec, où la population est plus âgée.

La ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, a entrepris un dialogue avec ses homologues provinciaux à ce sujet. Les soins à domicile, les soins palliatifs et la santé mentale constituent les trois priorités d’Ottawa, a soutenu Bill Morneau.

« Mais, pour l'instant, nous n’avons pas encore fini les discussions. Il y a un processus de consultation, de collaboration avec les provinces et avec ça, on va avoir une meilleure situation pour prendre des décisions », a-t-il ajouté.

« Je suis certain qu’on va avoir quelque chose à dire… mais je n’ai rien à dire en ce moment », a conclu le ministre.

La formule de la péréquation reste la même

Promesse brisée pour les PME

Si les libéraux semblent avoir rempli bon nombre de promesses électorales, ils ont reculé sur la baisse d’impôts progressive qui devait être accordée aux petites et moyennes entreprises (PME).

Le gouvernement précédent avait prévu de diminuer leur taux d’imposition de 0,5% jusqu’à 9% en 2019. Or, le budget Morneau prévoit qu’il restera au taux actuel, c’est-à-dire à 10,5%.

Pour le ministre des Finances, c’est « la chose la plus appropriée à faire à l’heure actuelle ».

“Si nous aidons les Canadiens de la classe moyenne, nous aidons les petites entreprises”

— Bill Morneau

« Ayant été dans le milieu des affaires, ayant rencontré des propriétaires de PME, je dirais qu’ils ont surtout besoin d’une économie en croissance. Si vous gérez une petite entreprise, vous vous réveillez le matin et vous vous inquiétez pour l’économie pour l'avenir de votre entreprise dans cette économie. »

« Vous vous réveillez aussi le matin en vous demandant où et comment vous allez trouver votre prochain client. Si nous aidons les Canadiens de la classe moyenne, nous aidons les petites entreprises [parce que ce sont leurs clients] », dit-il.

Bill Morneau pense qu’il a réussi à faire de « grandes choses » dans son premier budget et précise que d’autres mesures viendront au cours du mandat du gouvernement Trudeau qui « feront une différence pour les Canadiens ».

La baisse d’impôts pour les PME n’en fera toutefois pas partie.

Avec les informations d’Althia Raj

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