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Du «sweet reggae» pour l'album «Migration» de Poirier (ENTREVUE/VIDÉO)

Du «sweet reggae» pour l'album «Migration» de Poirier (ENTREVUE/VIDÉO)

«Migration n’est pas une rupture de genre, mais plutôt une rupture de ton, raconte en entrevue raconte le producteur montréalais Poirier. Au lieu de proposer des tracks, l’album offre des chansons avec une approche plus traditionnelle. C’est plus mélodique que percussif, plus chanté que saccadé. C’est aussi plus sweet, en général. Ça ne se voulait pas sombre ou introspectif comme certains morceaux épurés créés pour mon autre projet Boundary

Sur chacun des 11 morceaux du rayonnant album Migration, paru au début du mois via le label britannique Nice Up!, Poirier met en valeur un son résolument reggae persillé de dancehall (il a déjà beaucoup flirté avec ce genre musical), de dub et de house. Le tout est bonifié par de talentueux collaborateurs comme les Américains Machinedrum, MC Zulu (né au Panama) et Red Fox, le Montréalais d’origine haïtienne Fwonte, le duo montréalais Riddim Wise, le chanteur québécois élevé en Jamaïque Face-T¬¬ ou le Torontois Dubmatix. Dans toute cette bande, le métissage des styles est probant et sert bien la musique qui se retrouve sur ce chaleureux disque. Une approche qui détone d’ailleurs par rapport au sec et abrupt Running High, paru en 2010 sous étiquette Ninja Tunes.

Aux dires de Poirier (en plus d’être auteur-compositeur, Ghislain Poirier est DJ), cet album est le fruit d’un véritable work in progress. «Certains venaient chez moi d’autres non. Parfois, c’était un véritablement casse-tête. Dans tous les cas, il y a eu quelques allers-retours, que ce soit pour les collaborateurs de Montréal ou de l’étranger. Vocalement et musicalement, on s’ajustait au fur et à mesure. À la fin, on avait une chanson.»

Certains de ces collaborateurs sont originaires du Québec, d’autres des États-Unis, de la Jamaïque ou encore d’Haïti. Poirier n’a pas nécessairement visité ces territoires pour créer l’album, mais il s’est assurément inspiré des différentes cultures qu’on y retrouve. «Toutes les personnes qui chantent sur l’album ont écrit leurs paroles (qui sont très colorées par les dialectes jamaïcain ou encore créole), explique Poirier. Il n’y avait pas de limitation à ce niveau, sinon que ça devait s’inscrire dans quelque chose d’un peu plus chanson. Pour le reste, je voulais que les morceaux soient à la fois poétiques et politiques. Que certains thèmes soient ancrés dans la crise migratoire, par exemple [particulièrement sévère en Europe].»

«Sans que le sujet soit lourd, je voulais en parler, poursuit-il. Je voulais faire quelques pièces dites conscientes. Je pense à Universal Peace et Likkle Money. Je sentais que c’était ce qui nous unissait le plus. Beaucoup d’entre nous avons beaucoup bougé dans le monde. Beaucoup d’entre nous avons aussi joué avec les mondes du reggae, du dancehall et de la musique électronique.»

Cela dit, Poirier n’était pas si familier avec le reggae. C’est surtout à travers le dancehall qu’il a flirté avec le reggae. Cette musique qu’il a créée pour les clubs, notamment. «Quand j’ai décidé d’exploiter ce genre musical, j’ai collé une affiche sur le mur pour me rappeler régulièrement que je voulais faire du reggae, question de ne pas me perdre en chemin. Autre nouveauté dans mon travail: c’est la première fois que j’utilise de la guitare pour l’un de mes albums. Et personne ne l’a vraiment remarqué. Je suis content. Ça veut dire que ça passe bien (rires). Ça me permettait d’avoir une instrumentation plus hybride. Quelques guitaristes sont venus en studio faire les guitares sur sept morceaux.»

Évidemment, il a utilisé le nécessaire des guitares et agencé le tout grâce à des logiciels de montage sonore. Il a aussi intégré à l’album des claviers et d’autres instruments. Cobra, par exemple, est une pièce instrumentale sur laquelle Poirier a fait appel à la guitare. «La guitare va bien avec le reggae, mais pour moi, ça n’allait pas de soi. Je suis bien content cela dit, parce que ça amène un autre feeling. La guitare transporte les tracks ailleurs. Et j'aime le reggae, j'aime son inventivité, j'aime ce qu’il [le style musical] dégage. On ne danse pas nécessairement sur de la musique reggae parce que les rythmes sont très entraînants, mais d’abord parce qu’elle nous touche.»

Poirier compte bien proposer ce nouveau matériel sur scène avec quatre collaborateurs. Deux filles aux chorégraphies (voir le vidéoclip de la chanson Jump) et deux gars au micro. Le principal intéressé, lui, sera bien entendu aux machines. Afin d’en savoir plus sur les éventuels spectacles, on peut consulter le site internet PoirierSound.

Outre la musique créée pour ses projets Boundary (deux albums jusqu’à maintenant), Poirier (huit disques) et pour les soirées DJ (soulignons qu’il s’est produit dans de nombreux événements internationaux au fil des ans), le musicien-réalisateur a travaillé sur la trame musicale du récent film de Denis Côté, Boris sans Béatrice.

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