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Attentats à Bruxelles: L'impossible sécurisation des transports en commun? Les pistes envisagées

L'impossible sécurisation des transports en commun? Les pistes envisagées
AFP

Métros et bus à l'arrêt complet à Bruxelles, aéroport et gares évacués en Belgique, annulations de vols en pagaille ... Une partie des transports européens a basculé dans le chaos mardi après les attentats qui ont poussé les autorités à renforcer la sécurité un peu partout sur le continent.

De Londres à Rome, les gouvernements européens ont presque tous relevé leur vigilance antiterroriste et accru la protection de certains sites, comme les gares, aéroports, stations de métro. En France, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a notamment annoncé le déploiement de 1600 policiers et gendarmes supplémentaires.

Mais au-delà de la présence policière ou militaire, quels dispositifs la France peut-elle mettre en place pour sécuriser ses transports et notamment le métro parisien, utilisé par pas moins de cinq millions de personnes par jour?

Palpations et fouilles des bagages ?

Après une réunion à l'Élysée avec François Hollande et Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur a annoncé mardi matin qu'en plus du renfort des forces de l'ordre sur le territoire, la vigilance serait accrue dans les transports en commun. L'accès aux zones publiques qui les entourent devraient être réservé "aux personnes munies d'un billet et/ou d'un titre d'identité".

Points névralgiques de la capitale et totalement libres d'accès, les stations de métro et de RER sont des cibles potentielles qui inquiètent les responsables depuis de nombreuses années. Et d'autant plus depuis les attentats de janvier 2015 et l'attentat manqué du Thalys cet été. Deux démarches ont donc été lancées pour améliorer la protection des usagers des transports en commun.

La première, une proposition de loi PS définitivement adoptée par le Parlement début mars: le texte du député Gilles Savary, approuvé à l'unanimité après un compromis entre sénateurs et députés, vise notamment à autoriser les agents des services de sécurité de la SNCF et de la RATP "à procéder à des palpations de sécurité" et à la fouille des bagages, avec l'accord des passagers, ou à permettre aux policiers, sous conditions, l'inspection visuelle des bagages à main et leur fouille pour "prévenir une atteinte grave à la sécurité des personnes et des biens".

Port de "caméras piétons" et accès refusés ?

Si le passager refuse de s’y soumettre, il pourra se voir refuser l'accès aux moyens de transport. C'est par exemple le cas à Pékin, où les sacs sont presque systématiquement passés dans une machine à rayons X ou contrôlés par du personnel équipé de scanners portables. En avril 2014 à l'approche de la commémoration du 25e anniversaire des événements de Tiananmen, certains passagers attendaient jusqu'à une heure à l'entrée des stations de métro de la ville, racontait alors Le Figaro.

Par ailleurs, les agents français pourront retenir une personne qui refuserait de se prêter à un relevé d'identité dans l’attente des policiers ou des gendarmes. Les employés pourront aussi expérimenter le port de "caméras piétons" dans l’exercice de leur mission. Enfin, les images captées par les opérateurs de transport pourront être transmises en temps réel aux forces de l’ordre.

La SNCF et la RATP pourront par ailleurs solliciter des enquêtes administratives sur des personnes recrutées ou affectées à des postes portant sur la sécurité des personnes (aiguillage, conduite des trains, sécurité des systèmes d'information). Afin de vérifier qu'elles ne sont pas fichées "S".

Portiques et scanners, jusque dans les TGV et TER ?

Autre mesure bien visible envisagée, l'installation de portiques de sécurité sur les plus grandes lignes. À la demande de Ségolène Royal, les quais pour Thalys de la gare du Nord en sont équipés depuis décembre 2015. Cette dernière voudrait maintenant étendre le dispositif aux TGV et aux TER mais doit faire face à une opposition chez les usagers et les Républicains.

Le rapporteur de la mission d'information au Sénat, Alain Fouché, a notamment jugé "peu efficace" la mise en place de portiques de sécurité dans les gares car elle "ne règlera pas tout". "L'accès aux quais doit être restreint aux seuls voyageurs, ensuite, les contrôles de police et le lien entre les personnels de sécurité de la SNCF, le métro et les forces de l'ordre doivent être renforcés", a estimé le sénateur qui réclame "une réflexion sur la mise en oeuvre technique" des mesures de sécurité.

L'installation de portiques et scanners à rayons X est "compliquée dans de nombreuses gares mais aussi dans le RER, où circulent par exemple à la station Châtelet environ un million de voyageurs", a-t-il rappelé faisant échos aux critiques de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports qui juge la méthode "irréaliste" car elle "ralentirait la circulation et l'embarquement des voyageurs".

"Les files d'attente avant filtrage seraient très exposées à d'éventuelles actions terroristes", dénonce l'organisation.

Vers un logiciel d'analyse comportementale ?

Reste ensuite la question du coût lié à l'équipement des nombreuses gares TGV ou RER. Selon la SNCF, qui partage la gestion du Thalys avec les chemins de fer belges et allemands, l'équipement d'un quai coûte 2,5 millions d'euros chaque année, frais de personnel compris. Le coût des installations à Paris et à Lille est assumé par l'entreprise publique à ce stade.

Le secrétaire général de la SNCF, Stéphane Volant a annoncé fin décembre que de nouvelles technologies étaient aussi en phase d'expérimentation pour détecter les bagages ou les comportements suspects de façon moins contraignante que les portiques.

Fondés "sur le changement de température corporelle, le haussement de la voix ou le caractère saccadé de gestes qui peuvent montrer une certaine anxiété", a-t-il expliqué, mais il faudra d'abord tester l'acceptabilité sociale de la mesure, pour voir si elle ne suscite pas l'opposition des voyageurs.

Explosions à Bruxelles

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