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La Havane avant l'arrivée des Américains (PHOTOS)

La Havane avant l'arrivée des Américains (PHOTOS)
Ismaël Houdassine

S’il y a un bon moment pour visiter La Havane, c’est bien en 2016! Après plus de 50 ans de froid diplomatique qui a parfois frisé l’hystérie, Cuba et les États-Unis font la paix. Les Américains peuvent dorénavant venir visiter l’île de Fidel Castro et de son frère Raul pour le meilleur et pour le pire. Avant le grand débarquement, pourquoi ne pas vous rendre dans la capitale cubaine, une ville remarquable, la belle endormie des Caraïbes!

Cuba est une des destinations préférées des Québécois avec la République dominicaine et le Mexique. Plusieurs vacanciers se rendent seulement à Varadero, magnifique station balnéaire aux plages infinies et à l’eau turquoise. Mais il serait franchement dommage de ne pas visiter La Havane qui est seulement à 1h30 en voiture.

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Dans les rues de la Havane, à Cuba

Il y a deux façons de s’y rendre. De Varadero, on peut prendre l’autobus (Calle 36). C’est un trajet d’environ trois heures, fort agréable, à l’air conditionné. On fait quelques arrêts notamment dans une jolie petite ville, Matanzas. Il est également possible de se déplacer en taxi, mais il faut négocier le prix. L’expérience vaut toutefois le détour. Notre chauffeur, fort sympathique, nous a même fait un arrêt au superbe mirador de Bacunayagua où le point de vue sur la jungle était grandiose.

Quelques minutes plus tard, c’est l’arrivée à La Havane. La circulation est plus dense. Au loin, on aperçoit l’Estadio Panamericano où un certain Javier Sotomayor (le grand champion de saut en hauteur, une idole à Cuba) a triomphé lors des Jeux panaméricains de 1991.

C’est le temps de partir à la recherche d’une « Casa particular ». La ville est emplie de ces pensions privées situées dans des maisons coloniales restaurées. Dans les guides comme Ulysse ou Le Routard, on donne plusieurs choix. N’ayez pas peur, promenez-vous dans la Vieille Havane et demandez conseil aux Havanais qui sont en général très polis! On paye environ 30 à 50 $ par nuit, parfois avec le petit déjeuner. Une aubaine et une belle façon d’entrer en contact direct avec les Cubains.

La Habana Vieja

La meilleure manière de prendre la ville à bras le corps est de se rendre sur la Calle Obispo, rue marchande et piétonne qui est la colonne vertébrale de la Habana Vieija (Vieille Havane). Ici, vous allez trouver de tout : des bouquins, des affiches révolutionnaires, des restaurants, des churros tout chauds (savoureuse pâtisserie frite parfois fourrée de caramel), des amuseurs publics et des vendeurs ambulants un peu louches (n’acceptez jamais les cigares sur la rue, car ce sont souvent de faux Cohiba).

Plusieurs adresses incontournables : en entrant sur la Calle, une institution, La Floridita (153, Calle Obispo), là où Ernest Hemingway aimait prendre son daïquiri en matinée. Une statue en bronze est d’ailleurs érigée en son honneur, au fond du bar, assis, comme une figure paternelle qui donne ses lettres de noblesse à l’endroit. Plus tard, on peut se rendre dans un autre lieu que l’écrivain fréquentait supposément, la Bodeguita del Medio (calle Empedrado) où vous devez absolument siroter un mojito (probablement à l’extérieur puisque la place est toujours bondée).

Autre adresse chaudement recommandée : l’Hôtel Europa (301, Calle Obispo), restaurant délicieusement vintage avec ses colonnes rosées et ses fenêtres ouvertes sur la faune cubaine. C’est bon marché (mojito à 2 $, poulet à 5 $), les mets sont goûteux et les portions plutôt généreuses.

Au sud de la Calle Obispo, on se dirige vers la Plaza Vieija, magnifique place bordée d’immeubles coloniaux et historiques, très animée le soir. Rendez-vous à l’Édifice Gomez Vila pour voir une des curiosités de La Havane : la camera obscura, une technique ancienne inventée par nul autre que Leonardo de Vinci qui vous permettra de voir la cité du haut des airs par un ingénieux système de miroir et images. Incontournable!

Un des plaisirs de la capitale est de se balader, sans véritable but. C’est à ce moment où l’on peut découvrir des trésors. Partout autour, l’incroyable patrimoine architectural de la ville, les maisons aux teintes pastel côtoient les édifices décrépis laissés à l’abandon. N’hésitez pas à entrer dans les cours intérieures qui sont bien souvent un pur ravissement!

En soirée, plusieurs hôtels de la vieille ville (comme l’Inglaterra, 416, Paseo de Marti) proposent la musique de groupes cubains. Bien souvent, touristes et locaux dansent la salsa ou le merengue dans la rue.

Les vagues du Malecon

Une autre promenade très agréable, celle sur le Paseo de Marti, une grande avenue où les artistes exposent leurs œuvres, à l’ombre des arbres. Si l’on se dirige vers le front de mer tout près du Tunnel de La Havane, on peut voir des murales à la gloire du Che ou de Fidel Castro. Une photo s’impose…

Juste à côté s’étend le fameux Malecon, vaste promenade arrosée par les vagues se fracassant sur le muret. L’expérience est unique et inoubliable. Sur des kilomètres, le front de mer de La Havane s’offre à tous, sans distinction. Touristes, artistes, danseurs et vendeurs ambulants s’y mêlent. Le soir, des jeunes viennent danser, boivent du rhum et vivent la vida loca…

Quand le soleil se couche sur le centre-ville, la langueur des vagues, l’avenue endormie, surveillée par les maisons coloniales grugées par le sel marin… voilà l’essence de La Havane!

Une belle américaine, une voiture russe ou un cocotaxi!

Un autre grand plaisir : se déplacer en taxi. Et vous avez le choix : une petite voiture russe ou slave, une belle américaine des années 1950 (définitivement les plus populaires) ou un cocotaxi, drôle de petite mobylette avec une grosse bulle jaune à l’arrière rappelant par sa forme la noix de coco. Essayez-les tous et négociez surtout!

Les chauffeurs vous amèneront un peu partout dans la ville, tout près du Capitolio (parlement cubain fermé pour rénovation), sur le front de mer ou jusqu’à la Rampa, artère commerciale préférée des jeunes cubains où culmine le Habana Libre (Calle M), l’édifice le plus élevé de La Havane.

On vous conseille aussi de vous rendre à la Plaza de la Revolucion, vaste place asphaltée qui semble peu intéressante aux premiers abords, mais à cet endroit que Fidel Castro a livré certain de ses discours les plus enflammés. Bordent la place, le Memorial de José Marti et des édifices gouvernementaux où se retrouvent des murales aux figures mythiques de la révolution cubaine, Che Guevara et Camilo Cienfuegos.

D’ailleurs, si l’histoire contemporaine de Cuba vous intéresse, le musée de la Révolution vous enchantera à coup sûr. Attention, beaucoup d’informations sont délivrées en espagnol, une bonne façon de pratiquer la langue de Fidel.

Une belle manière de terminer votre escapade havanaise, rendez-vous à l’Hôtel Nacional dans le quartier Vedado pour prendre un mojito sur la terrasse. L’institution était très populaire après la Seconde guerre mondiale avec la venue de plusieurs vedettes hollywoodiennes comme Frank Sinatra. Laissé à l’abandon pendant quelques années, il est à nouveau la fierté des Cubains, parfaite jonction entre le passé et le futur de cette ville inimitable.

Cuba, le communisme sous les tropiques

La visite historique à Cuba dans quelques semaines du président américain Barack Obama ou le concert des Rolling Stones prévu pour la première fois à La Havane le 25 mars prochain ne doit pas nous faire oublier que l’île demeure sous régime communiste. On ne balaie pas plus de soixante ans d’histoire révolutionnaire d’un revers de la main. « Revolucion o muerte », la révolution ou la mort comme disent si bien les Cubains.

Car malgré le réchauffement diplomatique, l’ombre du marteau et de la faucille reste bien présente. À travers les rues des villages où les artères des grandes villes, les énormes affiches et les statues à la gloire des héros de la nation pullulent. Mais ce qui marque le plus, ce sont les Cubains eux-mêmes qui ont ce petit côté mélancolique, une politesse, une bienveillance tranquille qui détonnent, préservant cette atmosphère particulière d’un régime hors du temps.

Il reste que la vie est dure pour les habitants de l’île. Près d'un quart de siècle après la chute de l'URSS et la fin des relations privilégiées entre Moscou et Cuba, la capitale est touchée par une pauvreté endémique. « Quel est le point commun entre les vieux quartiers de La Havane et un cigare? Tous les deux partent en fumée! », blaguent parfois les Cubains.

La Santeria: religion cubaine

Historiquement, les états socialistes comme Cuba, souvent laïques, se sont toujours méfiés de la religion. Grâce à Karl Max, on sait que le communisme et Dieu ne font généralement pas bon ménage.

Mais depuis quelques années déjà, on observe des tentatives de réconciliation entre l’Église et les politiques. La visite du pape François en septembre dernier est venue rappeler l’héritage catholique du pays qui ne compte que 10 % de pratiquants!

Pourtant, l’île a su créer sa propre religion qu’elle nomme la Santeria, une croyance syncrétique d’origine afro-cubaine que la grande majorité des habitants reconnaissent et pratiquent à différentes échelles. Malgré la concurrence des protestants et des Témoins de Jehovas, le culte vaudou, composé d’une multitude de divinités et de saints, n’est pas près de disparaître.

Difficile pour les touristes d’avoir accès aux authentiques cérémonies que constitue le culte Santeria, dont les autels consacrés aux divinités sont superbement décorés de poupées multicolores. À moins d’un pur hasard, il est très rare de croiser des croyants s’adonner à leur rituel sacré prénommé «bata».

Il reste qu’on peut facilement reconnaitre dans les rues les adeptes qui doivent s’habiller tout en blanc lorsqu’ils sont en période d’initiation. Pendant un an, ils doivent également suivre des règles précises. Ils n’ont par exemple pas le droit de toucher quiconque au risque d’être exclus pour l’éternité.

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