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La Stratégie maritime pourrait nuire aux bélugas

La Stratégie maritime pourrait nuire aux bélugas
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QUÉBEC – La décision de Québec de développer le port de mer de Cacouna dans le cadre de sa Stratégie maritime pourrait nuire grandement au béluga du fleuve Saint-Laurent, déjà classé espèce en voie de disparition.

C’est du moins l’avis du président du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), Robert Michaud. «Toute augmentation du trafic dans ce secteur-là est susceptible d’avoir des impacts négatifs sur le rétablissement des bélugas du Saint-Laurent», tranche-t-il.

Autrefois stable, la population de bélugas dans le fleuve Saint-Laurent est en déclin depuis le début des années 2000, passant de 1100 à 900. Le stress causé par le bruit du transport maritime fait partie des hypothèses avancées pour expliquer la hausse de décès chez les nouveau-nés.

«Tout le monde sait maintenant que Cacouna c’est une des pouponnières des bélugas du Saint-Laurent, souligne Robert Michaud. Tout le monde sait que la population est en voie de disparition. Tout le monde sait que TransCanada s’est fait fermer la porte à cause des bélugas. Et là, on commence à nous parler de projets de développement de port et d’une augmentation potentielle du trafic maritime à Cacouna!»

Même son de cloche du côté de l’Université du Québec à Rimouski. La situation n’a pas changé depuis le débat sur le port pétrolier de TransCanada à Cacouna en 2014, souligne Yvan Simard. «Les informations disaient que c’est une région qui est importante pour l’habitat du béluga et c’est certain que toutes les activités dans cette région ont un risque de déranger cette population-là», explique celui qui est aussi chercheur à l’Institut Maurice-Lamontagne, de Pêches et Océans Canada.

Le port de Cacouna fait partie des 16 zones industrialo-portuaires dévoilées la semaine dernière qui se partageront un montant de 300 millions$ dans le cadre de la Stratégie maritime.

La petite municipalité du Bas-Saint-Laurent a pourtant fait la manchette en 2014 quand TransCanada a voulu construire un port pétrolier pour son projet Énergie Est dans cette zone fréquentée par les bélugas naissants. La classification du mammifère marin comme espèce en voie de disparition par Ottawa a finalement mis un terme au projet de TransCanada dans la région.

Depuis, la municipalité de quelque 1 900 âmes travaille sur d’autres initiatives de développement économique, dont une rampe Ro-Ro (Roll on, Roll off), qui permettrait aux camions de passer d’une rive du fleuve à l’autre, et l’aménagement d’une voie ferrée sur le quai.

«L’argent que monsieur D’Amour a annoncé servira à ces projets-là», explique la mairesse de Cacouna, Ghislaine Daris. Le port sert notamment à transporter de la tourbe, du bois et du papier.

Aires marines protégées

La semaine dernière, le ministre délégué aux Affaires maritimes, Jean D’Amour, a assuré que chaque projet de la Stratégie maritime sera réalisé «dans le respect de l’environnement et dans le respect des écosystèmes du Saint-Laurent».

«On veut du développement économique, mais pas à n’importe quelles conditions», a-t-il précisé.

Mais le chercheur Robert Michaud aurait souhaité que Québec profite de l’annonce pour dévoiler les aires marines protégées qui feront partie de la Stratégie maritime. «Ça devrait aller main dans la main», estime le président du GREMM, un organisme indépendant à but non lucratif.

Au bureau du ministre Jean D’Amour, on explique que le gouvernement doit d’abord s’entendre avec Ottawa. «On est train de finaliser l’entente-cadre entre Québec et le Canada pour faciliter la création d’aires marines protégées», explique son attaché de presse, Marc Lapointe.

La relance d’un nouveau projet à Cacouna risque de relancer la contestation, croit Robert Michaud. «On va ‘antagoniser’ les groupes environnementaux», prédit-il.

Chez Nature Québec, qui s’était vivement opposé au projet de TransCanada, on laisse la chance au coureur. «C’est sûr que c’est une préoccupation», affirme son directeur général, Christian Simard. Toutefois, les nouveaux projets n’ont pas l’ampleur de celui d’Énergie Est, souligne-t-il.

«C’est peut-être gérable, mais il va falloir faire preuve de transparence et nous impliquer dans le processus», ajoute Christian Simard.

De son côté, la mairesse de Cacouna rappelle pour sa part que le port de sa municipalité est déjà en activité. «Le transport maritime a toujours existé et il va toujours exister», dit Ghislaine Daris.

Et les navires qui accosteront n’ont pas la même taille que ceux qui étaient prévus dans le projet Énergie Est. «Ce n’est pas la même chose, estime-t-elle. TransCanada, c’était surtout des gros bateaux, des superpétroliers.»

Québec songe à acheter le port de Cacouna

Le gouvernement du Québec songe à se porter acquéreur du port en eau profonde de Cacouna afin de faciliter son développement. «On est en pourparlers avec le fédéral», confirme Marc Lapointe, attaché de presse du ministre Jean D’Amour. Il précise que les parties n’en sont pas encore à l’étape des «négociations».

«Il n’y a rien d’exclu, il n’y a rien de confirmé, ajoute-t-il. On va voir ce qu’ils nous offrent et ce que nous sommes prêts à prendre.»

Le gouvernement fédéral a déjà annoncé son intention de se départir de 50 installations portuaires. Les provinces et municipalités pourront se prononcer en premier avant qu’Ottawa se tourne vers d’autres acquéreurs potentiels.

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Manifestation à Cacouna (11 octobre 2014)

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