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Être femme et designer au Canada: huit créatrices témoignent

Être femme et designer au Canada: huit créatrices témoignent
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C’est bien connu que l’industrie de la mode est dominée par des designers hommes, même lorsqu’il est question de vêtements pour femmes.

Un article du magazine Forbes sorti en 2015 soutenait que les femmes en mode n’étaient pas autant prises au sérieux que les hommes, alors que de son côté Laura Sherman se demande sur The Man Repeller « Pourquoi la mode, de tous les domaines, est-elle encore un monde d’hommes? »

Au Canada, les designers masculins ont historiquement été plus présents, mais de plus en plus, les femmes font leur place. Malgré le manque de représentation, le Canada peut attribuer plusieurs de ses succès commerciaux aux femmes, incluant la fondatrice de Lululemon Shannon Wilson et la cofondatrice de Tristan Denise Deslauriers, comme le note l’éditeur Nicholas Mizera.

Pour la Journée internationale de la Femme, nous avons parlé à des designers de mode canadiennes pour entendre leurs pensées sur ce que signifie être une femme dans l’industrie – où elles font face à des défis à cause de leur genre et ce qu’elles voient comme des forces.

« Quand je suis devenue mère, je ne suis pas partie en congé de maternité comme la plupart des femmes. Étant entrepreneure, tu ne peux jamais vraiment arrêter de travailler, particulièrement dans le monde de la mode, qui est tellement rapide et demandant. Les deux demandaient beaucoup de passion et de dévouement, en plus de nuits blanches. »

« En tant que femme designer je comprends ce que les femmes veulent et ce qu’elles ont vraiment besoin. Je sais ce qu’elles recherchent dans un manteau de luxe.»

« Si être une femme designer/entrepreneur dans l’industrie de la mode est bénéfique pour ma marque, ce n’est pas sans pression. De longues heures sont impliquées dans la réalisation d’une carrière en design de mode et elles s’accumulent surtout quand tu possèdes ta propre entreprise. Ça peut devenir difficile de balancer les affaires et la vie personnelle. »

« L’apparence quand on est une femme en mode peut aussi être difficile à maintenir : tous les yeux sont sur toi. Une pression avec laquelle j’ai réalisé que nous devions vivre depuis longtemps et qui m’a inspirée à incarner le changement. »

« Depuis le début de Di Carlo Couture, je me suis bâti une réputation de produire des pièces uniques qui reflètent parfaitement les femmes de toutes les tailles et les formes. Chez Di Carlo Couture, on célèbre les femmes chaque jour. C’est ma mission de donner du pouvoir aux femmes et de les aider à se sentir belles. »

« Je pourrais partager plusieurs moments sexistes que j’ai vécu au travail, mais qui veut encore lire cette histoire? Pas moi. Au lieu de ça, j’aimerais rappeler aux femmes que ça commence avec nous. Ça commence avec nous qui enseignons aux autres comment on mérite d’être traitées, qu’il est possible qu’on doive travailler plus fort pour se mettre le pied dans la porte. »

« De mon côté, je ne vois pas cela tant comme plus de travail, mais plutôt un positionnement sur un terrain égalitaire avec les autres, peu importe qui ils sont et ce qu’ils font. »

« Je suis plus frustrée quand je vois des femmes bloquer le chemin à d’autres femmes, habituellement pour cause de jalousie ou de peur que l’autre fasse mieux. On devrait être plus concentrés à bâtir une industrie qui sert tout le monde et pas seulement une tranche de personnes. Rien n’évolue de cette manière. »

« Être une femme designer qui dessine des vêtements pour les femmes est un avantage évident. Je sais ce que les femmes veulent ressortir, ce dont elles veulent avoir l’air. Il y a certaines choses que les hommes – désolée les gars – ne peuvent tout simplement pas comprendre. Beaucoup de ces grandes marques ont un homme aux commandes, mais laissez-moi vous dire que derrière ces hommes se cachent des femmes au talent exceptionnel. Supportons-nous et prenons la première place avec style et grâce. »

« J’ai été élevée par une mère monoparentale alors en grandissant, je n’avais aucune idée que certaines personnes pensaient que les femmes n’étaient pas capables. Quand j’ai vieilli, les choses ont changé. J’ai vu l’opinion des hommes être prise au sérieux au détriment de la mienne, alors que j’avais plus de connaissance sur ce domaine. »

« Il m’arrive de ne pas être prise au sérieux en tant que femme d’affaires à cause de mon genre, particulièrement quand je fais affaire avec des gens en dehors du milieu de la mode. »

« En ce moment, je me concentre à aider les femmes dans l’industrie. J’ai entendu trop souvent des magnifiques mannequins être pressées de perdre du poids sous peine de ne pas avoir de contrat. C’est tellement affreux de voir qu’en 2016, c’est encore un problème et nous avons besoin de le régler. C’est pourquoi je fais toujours des castings ouverts à tous durant la semaine de mode de Toronto. Je montre différentes tailles et formes pour prouver que vous n’avez pas besoin d’être d’une taille en particulier pour être capable de bien faire la démonstration de vêtements. »

« Un des plus gros défis d’être une femme dans cette industrie est le manque de support d’autres femmes entrepreneures. Nous nous améliorons en tant que société à soutenir les femmes, mais en général, les femmes sont encore trop critiques des autres femmes. Nous devrions nous supporter entre nous et célébrer nos accomplissements plutôt que d’essayer de se rabaisser. »

« Être une femme qui dessine des vêtements pour les femmes m’amène une compréhension différente de la façon dont les femmes veulent que leurs vêtements fassent. Par exemple, je suis vraiment à l’affut de la manière dont les sous-vêtements fonctionnent avec chaque morceau que je dessine. Je pense que ça a aidé à me différencier des hommes dans le même domaine parce que je ne pense pas qu’au look, je pense aussi au côté pratique. »

« Pour être honnête, je n’ai jamais pensé à comment mon genre pouvait affecter mon entreprise. Mon père et mon grand-père étaient d’excellents modèles pour ma sœur et moi. Leur éthique d’affaires sans faille m’a toujours démontré que tous étaient traités avec un respect équivalent. »

« Vraiment, le processus créatif est différent pour tout le monde ; toutes les petites idiosyncrasies que l’on amène au domaine ne sont pas spécifiques à aucun genre. Je suis la fille qui refusait de porter des chaussettes pareilles enfant et c’est ce que j’amène dans mon domaine. Peu importe ce que c’est, ce désir intuitif de créer mes propres règles a moins à voir avec mon genre que mon processus créatif. »

Je crois que les designers hommes et femmes font face aux mêmes défis dans l’industrie. Je ne pense pas qu’un genre ait plus de défis qu’un autre.

« Un des bénéfices d’être une femme, c’est d’être capable d’essayer les vêtements et de créer des échantillons adéquats. La coupe est tellement importante, particulièrement dans mes designs. Je veux vraiment que les femmes soient à l’aise dans nos robes et qu’elles puissent les porter en tout temps. Il n’y a pas de meilleur test que de l’essayer. »

« Je dirais que l’un des défis d’être une femme, et jeune en plus, est de ne pas être prise au sérieux. C’est définitivement un défi de négocier des prix avec des propriétaires d’usine qui sont non seulement des hommes, mais aussi plus vieux que moi. J’ai des usines outre-mer et leur mentalité est différente. Je n’ai plus autant ce problème qu’avant parce que je possède la compagnie depuis longtemps et que j’ai fait ma place. »

Sur une autre note, être une femme designer a définitivement ses avantages. En tant que femme, je sais ce dont j’ai besoin dans mes vêtements. Tous ces problèmes de garde-robe, je les ai en tête quand je produis. Je le sais parce que je porte ces vêtements et je sais ce qui me fait me sentir bien et ce qui ne fonctionne pas. Par exemple, pour cette saison, j’ai décidé de faire ces justaucorps en soie parfaits avec n’importe quel pantalon. Ils sont parfaits parce qu’on peut se pencher sans jamais s’inquiéter. »

Catherine McKenna

Les femmes qui nous ont marqués en 2015

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