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Blâme du Conseil de presse: «Le but de cette entreprise est de me faire taire» - Djemila Benhabib

«Le but de cette entreprise est de me faire taire» - Djemila Benhabib
Caroline d'Astous

QUÉBEC – Pour l’auteure Djemila Benhabib, la plainte déposée au Conseil de presse du Québec visait à lui imposer le silence dans son combat contre l’Islam politique.

«Le but de cette entreprise est de me faire taire, dit-elle sans détour. C’est que j’arrête de parler de ce que je sais le mieux, c’est-à-dire toutes ces questions autour de l’Islam, autour de l’Islam politique, autour de la censure, autour des menaces.»

La plaignante, Odile Jouanneau, n’est pas liée à un groupe islamiste, précise Djemila Benhabib, mais elle s’oppose à son combat contre l’Islam politique. «Elle ne partage pas la même vision que moi. Pour elle, l’Islam politique, ce n’est rien, ce n’est pas un danger, c’est une paranoïa.»

Elle associe Odile Jouanneau à la «gauche communautariste, multiculturaliste». Sans le vouloir, ceux-ci sont les «idiots-utiles de l’Islam politique», estime Djemila Benhabib.

«Le Conseil de presse a été instrumentalisé et le résultat de cette instrumentalisation a été ce blâme sévère, injustifié, estime celle qui s’est fait connaître avec son livre Ma vie à contre-Coran. J’ai la conviction profonde que les motivations de la plaignante sont d’attaquer ma posture idéologique et politique, c’est-à-dire, mais convictions, c’est-à-dire mon combat contre l’Islam politique, pour la laïcité, pour l’indépendance du Québec.»

«Aujourd’hui, c’est tout ceci en réalité qu’on ne me reproche pas, bien entendu, ouvertement, mais qu’on me reproche d’une façon détournée, d’une façon vicieuse et d’une façon malhonnête», ajoute-t-elle.

«Processus bidon»

La principale intéressée rejette ces accusations du revers de la main. «Je m’en fous de l’Islam, lance Odile Jouanneau. Je m’en fous qu’elle soit contre la mouvance islamiste, que je connais bien et qui m’indigne aussi.»

Odile Jouanneau se dit d’ailleurs «agnostique». «Il se trouve que je ne suis pas d’accord avec ses positions, mais ça n’a pas rapport avec ma quête de vérité en matière de désinformation», ajoute-t-elle.

La journaliste indépendante s’intéresse de près aux questions de plagiat et a déjà monté des dossiers sur plusieurs autres auteurs et journalistes. «Ce qui a motivé ma démarche, c’est la désinformation et le plagiat, dit-elle. Ç’aurait pu être n’importe qui.»

Indignée des propos tenus à son égard, Odile Jouanneau a songé à poursuivre Djemila Benhabib pour diffamation. Elle s’est finalement résignée en raison des coûts et des délais. «Je ne le ferai probablement pas. […] Mais il y a matière à poursuite», juge-t-elle.

«[La poursuite] aurait porté sur les accusations mensongères à mon endroit, à savoir que je l’ai harcelé, à savoir que je l’ai diffamée, à savoir que je l’ai traquée sur les réseaux sociaux. Ça, c’est faux.»

Odile Jouanneau a été surprise par l’ampleur de la controverse sur les médias sociaux. «Je me fais traiter de ‘salope’, de ‘menteuse’, de ‘femme sans talent’, de ‘pseudo-journaliste’, de ‘gestapo’», énumère-t-elle.

«Ça m’a pas mal affectée tout ça, dit-elle. Je ne dors plus, mes enfants et mon conjoint non plus.»

Pour Djemila Benhabib, le Conseil de presse du Québec ressort «totalement discrédité» de cette cause. Puisque le site Web de Sympatico.ca n’est plus en ligne, le tribunal d’honneur a utilisé les copies sauvegardées électroniques par la plaignante.

«Qui nous dit aujourd’hui que les fichiers en question sont des authentiques, demande Djemila Benhabib. Je ne vous dis pas que madame Jouanneau les aurait brouillés ou les aurait trafiqués, ce n’est pas du tout ça que je vous dis, mais je vous dis : qui vous dit qu’elle ne l’a pas fait?»

«Le processus pour moi, il est bidon, de A à Z», lance-t-elle.

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