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Donald Trump l'homme d'affaires, une qualité qui pourrait causer sa perte

Donald Trump l'homme d'affaires, une qualité qui pourrait causer sa perte

Dans Le Magicien d’Oz, Toto, le chien de Dorothy, tire un rideau et dévoile le mortel charlatan qui se tient pathétiquement au cœur d’une machinerie bâtie sur l’intimidation et la crainte.

Dans le débat républicain du 25 février, le sénateur Marco Rubio, tel un pitbull, a pris des airs de Toto, pour perturber Donald Trump et – plus important – pour mettre en scène une règle tenace s’appliquant aux politiques : leur plus grande force est en même temps leur plus grande vulnérabilité.

Une étiquette nouvelle

Songez plutôt : le sens du contact avec les inconnus dont disposait Bill Clinton a permis son ascension, mais l’a aussi presque perdu. Les Américains appréciaient l’impression de certitude bien texane que dégageait George W. Bush, jusqu’à ce qu’il nous mène à une guerre avec l’Irak que nous regrettons encore aujourd’hui. La pondération très cérébrale de Barack Obama lui a permis d’être élu dans le tumulte économique de 2008, mais cette même distanciation lui en a coûté.

Et maintenant, voici donc l'homme d'affaires Trump. Personne n’a jamais été élu président des États-Unis en portant cette étiquette. Mais l'homme d'affaires a été, et reste encore sa principale et peut-être seule carte à jouer. Du fait de sa réussite – il revendique un patrimoine de 11 milliards de dollars – il affirme être détaché des souillures de la politique, affranchi des "intérêts particuliers" et en capacité de libérer le "ça" politiquement incorrect de la psyché américaine.

Mais en vivant du "business", on peut aussi mourir du "business". Depuis des mois, la presse et le parti républicain ont paru étrangement – et de manière inexcusable – indifférents à ce fait, comme l’a souligné l’historien Doris Kearns Goodwin. Cependant, la situation a changé. Soudainement, finalement, le supposé "empire" Trump commence à recevoir l’attention qu’il mérite.

Contrôle fiscal et travailleurs étrangers

Ce n’est pas le débat de jeudi dernier qui a initié ce tournant, mais plutôt trois événements qui l’ont précédé. L’ancien gouverneur Mitt Romney a exigé que Donald Trump dévoile les impôts qu’il a payés ces dernières années; Bloomberg a enquêté sur les zones d’ombre de ses activités à l’étranger; et le New York Times a investigué sur la manière dont Trump recrute des travailleurs étrangers sous visa temporaire dans son club le Mar-a-Lago. Pris ensemble, ces trois coups de projecteur ont ouvert des trous béants dans la prétention qu’a Trump d’être un modèle de réussite économique mondiale à la sauce "L’Amérique d’abord".

Raisonnant comme l'homme d'affaires qu’il est et non comme l’homme politique qu’il se doit désormais d’être, Trump a donné les pires explications possibles sur la non-divulgation de ses déclarations d’impôts : il est sous le coup d’un contrôle fiscal. Les magnats se font contrôler, certains d’entre eux chaque année. C’est presque un trophée pour eux. Mais pas lorsqu’on se présente à la présidentielle.

Un piège qui peut devenir mortel

L’article de Bloomberg met à mal le message que Trump déploie dans son discours de campagne empreint de gospel et de prospérité : qu’il peut et saura transmettre au monde et aux Américains de la classe moyenne en difficulté son don pour l’"art des affaires". L’affaire du Mar-a-Lago tape encore plus dans le mille. Trump veut expulser 11 millions de travailleurs sans papiers et édifier un mur géant le long de la frontière mexicaine. Au nom de la lutte contre le terrorisme, il veut "temporairement" interdire l’entrée des Etats-Unis aux 1,6 milliard de musulmans du monde entier.

Mais pour ce qui est de son club, que Trump décrit comme son "foyer loin de la maison" pour les weekends et les vacances, il fuit les travailleurs américains pour leur préférer des immigrés roumains entrés avec des visas de courte durée. L’enquête du New York Times a été mise en ligne jeudi, juste à temps pour le débat de Houston. Et Rubio a tiré le rideau.

Il existe un corollaire à la règle de la force-également-faiblesse dans l’univers des élections présidentielles. Aux États-Unis, chacun a le droit de se vendre comme il veut; de se revendiquer être qui il souhaite. Tel est le pays que F. Scott Fitzgerald a décrit dans Gatsby le magnifique. Mais le récit choisi tourne en piège mortel lorsqu’on n’arrive plus à en assurer les exigences.

Donald Trump peut-il y parvenir? Il est peut-être trop tard pour que les républicains l’apprennent, mais il reste plus de huit mois jusqu’à l’élection elle-même. Et une autre règle entre en ligne de compte : en politique, un mois c’est une vie entière.

Cet article initialement publié sur le Huffington Post États-Unis a été traduit de l’anglais.

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