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«On n'a qu'un seul groupe dans la vie» - Louise Attaque

«On n'a qu'un seul groupe dans la vie» - Louise Attaque
Yann Orhan

Un peu plus d’une semaine après la parution du quatrième album de Louise Attaque, Anomalie se taille une place de choix dans les palmarès en France. D’après la Fnac, le disque était même au top des ventes lors des sept premiers jours. Un constat réjouissant pour les membres de ce groupe marquant du rock français (trois millions d’exemplaires du premier album ont notamment été vendus), que plusieurs croyaient dissout à jamais. Nenni, «Louise» s’était seulement endormie une dizaine d’années pour rêver à autre chose. Discussion téléphonique outremer avec les trois âmes de la formation.

Dans le passé, ils étaient quatre, mais le batteur Alexandre Margraff n’est plus de l’aventure. Il a tiré sa révérence. Ceux qui restent - le chanteur et guitariste Gaëtan Roussel, le violoniste Arnaud Samuel et le bassiste Robin Feix -, préfèrent discuter de leur travail tous ensemble. Ce fut d’ailleurs la formule utilisée pour cette entrevue accordée à notre journaliste. Échange à quatre, donc, sur deux téléphones séparés par 5500 kilomètres.

La matrice

Près de vingt ans après son immense succès des premiers temps, le groupe a mis un terme à un long hiatus. « On a qu’un seul groupe dans la vie ». Voilà ce qu’a affirmé Arnaud Samuel au cours de l’une des nombreuses entrevues accordées en Europe depuis quelque temps. Il faisait référence à ce grand amour, que l’on vit qu’une seule fois. Questionné à l’égard de cette citation, Gaëtan Roussel avait aussi répété la même chose à l’Agence France-Presse, en janvier.

«Tous les trois, on assume pleinement cette phrase, explique le chanteur durant notre conversation. Louise Attaque, ce n’est pas une obligation. Nous avons fait autre chose. Nous avons aussi fait de nouvelles rencontres dans le monde de la musique. Et c’est très bien ainsi. Mais on a réalisé que Louise Attaque c’est notre matrice, notre colonne vertébrale. C’est un projet charnière de notre existence. Nous voulions revenir au groupe, parque nous avons compris qu’il y avait encore du bon dans Louise Attaque.»

Le déclic s’est passé à l’occasion d’Alcaline, le concert, à la télévision France 2. Gaëtan Roussel (il a notamment sorti deux albums dans le cadre d’un projet solo) avait été invité à jouer durant l’émission. Il avait alors offert à ces vieux potes de Louise Attaque de se joindre à lui, et ils ont accepté. C’était il y a deux ans.

« Cela nous a permis de reprendre contact, explique Robin. On n’avait jamais vraiment splitté. C’était plutôt une longue pause, dans laquelle les échanges étaient mêmes assez rares. Et c’était correct. On s’était justement arrêtés pour éviter la rupture […]. On a eu besoin de parler et d’être ensemble. Nous avons donc décidé, à quatre, de petit-déjeuner régulièrement durant près d’une année. On a discuté à propos de plein de choses. De manière étonnante, c’était assez fluide. Nous avons essayé de savoir comment on voulait être ensemble. En fin de compte, nous avions l’impression de ne pas avoir tout dit. Puis, nous avons voulu savoir dans quelle structure nous allions évoluer.»

Finalement, les gars ont trouvé du bon à réveiller «Louise», cette jeune femme illustrée par des dessins sur les albums, les affiches et autres outils de promotion. Elle existe de nouveau sans eux, mais grâce à eux. Après un moment est arrivée la chanson Du grand banditisme, qui fut la première pièce récemment créée par le groupe. Vinrent ensuite des voyages dans différentes villes européennes, que ce soit pour écrire, composer ou enregistrer le reste d’Anomalie, qui renferme dix morceaux.

Oliver

En cours de route, les gars ont décidé de collaborer avec le musicien (batteur) et réalisateur britannique (il habite toutefois Berlin) Oliver Som, 24 ans. « Gaëtan l’avait déjà rencontré pour un autre truc. C’est la première fois que nous accordons autant de place à un producteur (lire réalisateur) dans notre travail, raconte Arnaud. Il a ses propres influences anglaises et c’est ce que nous avons entre autres aimé. Il est arrivé avec un nouveau son et de la fraicheur. Au fond, il écrit plus qu’il ne réalise. C’est un auteur-compositeur-interprète qui s’intéresse à la réalisation. C’était parfait pour nous.»

C'est donc lui qui a fait jonglé entre le vieux Louise Attaque et les nouvelles sonorités. Plusieurs journalistes européens ont même évoqué la couleur électronique dans le nouveau matériel du groupe. Mais de l’avis d’Arnaud Samuel, le terme électro est mal employé : «Nous avons de nouveaux sons, c’est vrai. Oui, nous avons travaillé avec des claviers et des machines (logiciels informatiques)… Mais on n’a pas utilisé de boucles. L’étiquette électronique ne colle pas à Anomalie.»

Qu’à cela ne tienne, ce récent album est différent des autres disques notamment en raison de l’absence du batteur Alexandre Margraff. Bien entendu, les nouvelles expériences de part et d’autres ont eu leur effet également. Au sujet de la batterie, ils ont travaillé différemment en studio. Pour le reste, Anomalie est relativement dense, tant au niveau des arrangements que des textes (certains sont même assez graves comme L’insouciance ou encore Du grand banditisme).

Arcade Fire et The Seasons

Pour expliquer la démarche artistique de Louise Attaque, les trois musiciens utilisent souvent le mot liberté, qui encourage grandement l’expérimentation, la découverte et les nouvelles collaborations. De ce fait, Robin évoque le travail du groupe montréalais Arcade Fire, pour lequel les membres de Louise Attaque exprime beaucoup de respect : «Leur démarche est très créative. Lors de nos diverses rencontres, nous avons tous les trois mentionné la grande qualité de l’album Reflektor (2013), qui dégageait pas mal d’audace et de liberté. Ils sont passés du folk rock acoustique (et orchestral) à une musique teintée de la musique disco. Et c’est bien fait. Nous avons beaucoup aimé.»

D’ailleurs, c’est un groupe folk rock (aux influences pop des années 1960) québécois, The Seasons, qui assumera de nombreuses premières parties des concerts de Louise Attaque, qui s’annoncent nombreux.

«Nous avons entendu The Seasons et nous avons apprécié, affirme le bassiste Robin Feix. D’ailleurs, ils joueront avec nous pour notre premier concert à La Rochelle (le 27 février). Nous avons déjà 65 dates de prévues et pratiquement tous ces spectacles seront à guichets fermés […] Ça fait plaisir. Nous allons donc nous concentrer sur Louise Attaque pour la prochaine année et ensuite nous verrons. Reste à voir si Arnaud pourra survivre à tout ça», blague-t-il une autre fois à propos de tous les faux problèmes de son comparse.

«Ça n’a peut-être pas marché durant un certain temps [il fait allusion à l’échec de continuer à travailler ensemble en 2006], mais ce n’est pas la fin du monde, poursuit Arnaud. C’est normal. Nous avions besoin de prendre du recul. Nous avons juste pris du temps à se l’avouer à nous-mêmes. Je pense qu’il y a eu des exagérations dans les deux sens [de la part des médias et au sein du groupe]. Mais nous voyons bien qu’au fond, ce n’était rien de si grave. Pour répondre à votre question, oui, l’ambiance est bonne entre nous. Si j’arrive à tenir le coup (rires des deux autres membres du groupe, en retrait)» !

Anomalie est déjà disponible dans les formats physiques et numériques.

À noter que Louise Attaque sera de passage à Montréal, dans le cadre du festival des FrancoFolies 2016. Pour la tournée, le trio sera accompagné du batteur Nicolas Musset et du claviériste Johan Dalgaard.

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