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Jean-Luc Brassard «découragé» par de nouvelles allégations visant le Comité olympique canadien

Jean-Luc Brassard «découragé» par de nouvelles allégations visant le Comité olympique canadien
Radio-Canada

« Décevant », « décourageant », « difficile à accepter ». Le chef de mission de la délégation canadienne aux Jeux olympiques de Rio, Jean-Luc Brassard, ne mâche pas ses mots pour qualifier les nouvelles allégations de mauvaise gestion au Comité olympique canadien (COC).

S'appuyant sur un audit effectué par la firme Deloitte, le quotidien Globe and Mail révèle vendredi une série de dépenses douteuses effectuées par le COC dans le cadre de la construction et de l'inauguration de la Maison olympique du Canada, située au centre-ville de Montréal.

Selon cette vérification, le COC, qui a reçu 8,5 millions de dollars en fonds publics pour ce projet – 3,5 millions de Québec, 3 millions d'Ottawa et 2,5 millions de la Ville de Montréal – a dépensé 2,9 millions pour une salle de réunion et plus de 1 million pour l'inauguration en grande pompe de la Maison le 9 juillet dernier.

La construction de la Maison olympique se dirige d'ailleurs vers un dépassement du budget prévu, alors que l'échéancier des travaux n'est pas respecté. Un musée interactif qui devait être ouvert au public semble en outre loin de voir le jour.

« C'est toujours un peu difficile à accepter jusqu'à un certain point. La plupart des athlètes vivent vraiment des moments difficiles financièrement », a commenté M. Brassard, lui-même ancien champion olympique en ski acrobatique, dans une entrevue accordée vendredi à ICI RDI.

« Ça ne fait que concrétiser ma pensée, ma demande de transparence envers les administrateurs pour savoir exactement ce qui s'est passé au cours des dernières années », a-t-il ajouté, dans une référence à la sortie qu'il a récemment effectuée au sujet des cas de harcèlement sexuel constaté sous la présidence de Marcel Aubut.

Moi, je suis habité un peu par un sentiment de découragement, qu'on soit encore dans des situations du genre, mais aussi d'espoir de voir qu'on va peut-être voir la lumière au bout du tunnel. En tout cas, je le souhaite.

- Jean-Luc Brassard, chef de mission de la délégation canadienne aux Jeux olympiques de Rio

« Quand j'ai adhéré à la Maison olympique canadienne, je n'y voyais que du bien. C'était de ramener l'olympisme au niveau de la rue [...], de le rendre tangible, pouvoir inspirer les plus jeunes », indique le chef de la mission canadienne.

« Maintenant, de voir qu'il y a des coûts aussi pharaoniques pour arriver à ce résultat-là, en fait, pour arriver à rien – parce qu'il n'y a pas de musée, pas de choses interactives, il n'y a rien qui s'adresse aux écoles, rien de ça – c'est évidemment décevant. »

Étant donné le financement public dont a bénéficié la Maison olympique, « la population a vraiment un mot à dire dans tout ça », estime M. Brassard. « Et peut-être que cette couche supplémentaire qui vient affecter le Comité olympique va peut-être nous permettre d'avancer davantage sur le dossier. »

C'est les mêmes administrateurs qui sont toujours en place. Il y a eu quelques petits changements, mais à l'échelle supérieure, ça reste relativement la même chose.

- Jean-Luc Brassard, chef de mission de la délégation canadienne aux Jeux olympiques de Rio

« D'un œil profane, oui, ça semblait fastueux, mais encore une fois, j'avais confiance aux administrateurs, même s'il y avait toujours aussi un doute », admet encore M. Brassard.

« On sait aussi que l'ancien président [Marcel Aubut] faisait beaucoup de demandes de charité. [Il] demandait à beaucoup de fournisseurs de faire [des travaux] gratuitement, ou pour des coûts vraiment ridicules », poursuit-il.

« Alors on se disait que la magie a encore fonctionné. Mais à priori, quand on regarde ce qui se passe aujourd'hui, ça n'a visiblement pas été le cas. »

Une situation qui « ne reflète pas le résultat final », dit le COC

Dans un communiqué transmis à Radio-Canada, le COC indique avoir « demandé de façon proactive à Deloitte de réaliser un audit pour examiner la première phase du projet » de la Maison Olympique, maintenant terminée, et la fête inaugurale du 9 juillet, afin de « veiller à ce que les ressources soient utilisées judicieusement ».

« La situation financière actuelle ne reflète pas le résultat final, car elle englobe des éléments de dépenses associés à la deuxième phase du projet », soutient-il. « Nous avons rencontré chacun de nos partenaires gouvernementaux au cours des dernières semaines et avons leur appui soutenu en vue de l'achèvement du projet en 2016. »

« Notre intention consiste à faire en sorte que ce projet d'immobilisations n'ait en définitive aucune incidence sur les recettes fiscales », affirme le COC, sans jamais commenter le bien-fondé des dépenses engagées pour la salle de réunion ou pour l'inauguration. Il souligne tout de même que cette fête « a permis de recueillir plus de 1,5 million de dollars pour la Fondation olympique canadienne ».

Le COC assure qu'il demeure « résolu » à ouvrir la Maison olympique canadienne au public en 2016.

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