Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Oubliez la réalité virtuelle, c'est sur la réalité augmentée qu'il faut miser (VIDÉOS)

Oubliez la réalité virtuelle, il faut miser sur la réalité augmentée (VIDÉOS)

Les grands salons internationaux sont censés être des indicateurs de tendances. Certes, ils n'ont pas toujours raison. Certes, certains buzz sont éphémères. Mais quand des dizaines de sociétés parient sur la même innovation, on peut décemment dire qu'il se passe quelque chose. Surtout quand cette innovation n'a plus grand-chose à voir avec la thématique du salon en question.

C'est un peu ce qu'il s'est passé pour le salon mondial du mobile (MWC), qui s'est tenu du 22 au 25 février à Barcelone et dont la vedette ne se range pas dans la poche, mais se pose sur le nez. À moins d'avoir passé les six derniers mois dans une grotte ou un igloo, vous aurez compris que nous parlons ici des casques de réalité virtuelle et de réalité augmentée.

La plupart des téléphones intelligents présentés cette année ne sont, en général, qu'une nouvelle itération d'une technologie arrivée à un plateau et qui a du mal à se renouveler et à confirmer sa croissance insolente des dernières années.

La réalité virtuelle, une niche qui fait peur?

Sur les stands du MWC, les journalistes ont surtout été conquis par les casques de réalité virtuelle (VR), les innovations permettant d'intégrer nos mains dans l'univers virtuel, les capteurs rétiniens, les diverses caméras à 360°, le prix du HTC Vive, le principal concurrent de l'Oculus rift de Facebook ou les nouveaux casques de LG et consœurs.

Le tout poussé par Samsung, le mastodonte de la téléphonie mobile, qui investit énormément dans la réalité virtuelle. Les stands proposant de fausses montagnes russes avec un casque sur le crane étaient légions.

Le clou du spectacle fut certainement la présentation du Galaxy S7, le nouveau téléphone intelligent de Samsung, qui sera accompagné d'un casque Gear VR gratuit pour tout achat. Mais qui fut surtout présenté en réalité virtuelle, avec l'arrivée surprise de Mark Zuckerberg (patron de Facebook et donc d'Oculus) alors que les journalistes avaient les yeux perdus dans la présentation virtuelle.

La photo de son arrivée (voir en haut de l'article), a très vite été détournée et commentée, ravivant la peur de la réalité virtuelle et de son impact sur le monde. Ces critiques et ces peurs ne sont pas toutes rationnelles (et touchent la plupart des technologies émergentes).

Mais elles n'en sont pas moins révélatrices de vraies barrières qui se posent face à l'émergence de la VR. Même si les technologies se perfectionnent (elles n'y manqueront pas) jusqu'à atteindre une qualité graphique et une immersion quasi parfaite, l'utilisateur n'en sera pas moins coupé du monde réel. C'est le but. Les chances que la réalité virtuelle arrive à s'imposer ailleurs que dans le salon, pour autre chose que jouer à un jeu, regarder une vidéo ou s'immerger totalement dans un monde virtuel sont faibles.

La réalité augmentée, le pari de Microsoft et Google

Cela ne veut pas dire que les casques de réalité virtuelle ne trouveront pas leur public. Mais simplement que ceux-ci ont plus de chances de "remplacer" la tablette que le téléphone intelligent, en restant cantonner dans le foyer ou au bureau. La technologie qui pourrait vraiment être le prolongement de ce mini-ordinateur qui, en quelques années, s'est incrusté dans toutes les poches, c'est plutôt la réalité augmentée.

À l'inverse de ses cousins virtuels, les casques de ce type ont la particularité de fusionner virtuel et réel. On ne parle pas ici des Google Glass, avec des informations affichées en surimpression de notre vision, sans plus. Mais bien de lunettes qui arrivent à mélanger virtuel et réel dans notre vision, à incruster des éléments en 3D se fondant parfaitement dans notre perspective.

L'exemple le plus connu reste le nouveau joujou de Microsoft, Hololens. Ce casque, connecté à la Xbox, permet d'afficher des éléments de sa télévision dans son salon. Au début du mois, la société dévoilait une vidéo conceptuelle de ce à quoi pourrait ressembler un match de football dans le futur (ces images ne sont PAS ce que l'on voit actuellement, nous y reviendrons) :

Théoriquement, les Hololens permettront d'interagir avec les éléments virtuels présents dans notre environnement, de construire et de détruire, de déplacer un objet en 3D ou encore de lui donner des ordres par la voix.

L'autre grand de la réalité augmentée est une start-up dans laquelle Google a investi plus de 540 millions de dollars, Magic Leap. Depuis, Alibaba, JP Morgan et Morgan Stanley ont également investi, à tel point que la startup est aujourd'hui valorisée à 3,7 milliards de dollars. Tout ça, sans avoir jamais dévoilé un seul produit. Intrigant.

Les rares personnes ayant pu tester le prototype de la société parlaient d'éléments 3D qui se confondaient presque parfaitement avec le décor, de monstres plus vrais que nature tenant dans notre main. Depuis, Magic Leap a dévoilé une simple vidéo, affirmant que les images avaient été tournées sans aucun effet spécial, au travers de leur prototype.

Une autre start-up, Meta, devrait dévoiler mardi 1er mars des lunettes de réalité augmentée, elles aussi pour l'instant assez secrètes. Une démonstration effectuée lors d'une conférence a en tout cas clairement impressionné, et les personnes qui ont testé l'objet ont été conquises, à en croire la société.

Des problèmes bien réels

Toutes ces promesses font rêver, mais à l'inverse de la réalité virtuelle qui devrait envahir les salons de quelques dépensiers dans quelques mois, la commercialisation de casques de réalité augmentée n'est pas pour tout de suite.

Car la technologie est encore expérimentale. D'ailleurs, chaque entreprise garde jalousement le secret du fonctionnement de leur casque. Le principal problème étant le champ de vision. Si les vidéos promotionnelles des Hololens donnent l'impression que le virtuel s'insère partout où la personne regarde, la réalité est tout autre. Ces deux gifs réalisés par Polygon sont assez parlant :

Ce que les vidéos de présentation montrent :

Ce que l'utilisateur voit en réalité :

Porter des Hololens, c'est un peu comme avoir un écran de télévision transparent devant soi, mais qui ne couvre pas toute notre vision. Certains chercheurs travaillent d'ailleurs à améliorer ce champ de vision.

Magic Leap, selon une journaliste ayant pu tester les deux technologies, s'en sort mieux de ce point de vue, mais a un autre problème de taille. Au sens propre. Le prototype actuel, à l'inverse des lunettes Hololens, n'est pas du tout portable. Le casque est volumineux et relié à un gros ordinateur.

Il faut dire que pour arriver à un résultat décent, la réalité augmentée a besoin à la fois des qualités techniques des casques de VR, mais doit également intégrer de nombreux capteurs permettant de comprendre l'environnement que voit la personne et arriver à incruster sur celui-ci des éléments en 3D. Le tout avec harmonie.

Si la réalité augmentée doit révolutionner notre quotidien, ce ne sera pas avant quelques années. Cette technologie devra aussi faire face à la répulsion que peut entraîner la vue d'une personne portant un casque ou des lunettes bizarres. D'autant plus que celles-ci permettront par exemple de filmer quelqu'un discrètement. Un procès qui avait déjà coûté sa popularité aux Google glass en 2014.

Mais n'est-ce pas le lot de toutes les technologies d'être à la fois sources de toute l'attention et à la fois critiquées? D'être accusées, comme la télévision, Internet ou encore les téléphones intelligents, de couper notre lien avec le réel? Jusqu'à ce qu'elles deviennent notre réalité.

INOLTRE SU HUFFPOST

L'armée norvégienne teste la réalité virtuelle dans ses tanks

L'armée norvégienne teste la réalité virtuelle dans ses tanks

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.