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Ma maladie mentale: «Je voulais remonter, mais j'en étais incapable.» - Marie-Claude Savard (VIDÉO)

La maladie mentale de Marie-Claude Savard (VIDÉO)

Vivre avec la maladie mentale. Chercher à retrouver la santé. La trouver, la perdre. La retrouver. Tout ça sous le regard bienveillant (ou pas) de la famille, des amis... Et du public. Vivre avec une maladie mentale dans la sphère artistique, ça a quel genre d'impact? Est-ce possible de trouver et garder la santé malgré la pression ambiante? Pour le découvrir, nous avons eu envie de faire le point avec six artistes d'ici qui vivent ouvertement leur maladie. Avec humilité, franchise (et beaucoup d'humour), François Massicotte, Véronique Bannon, Stefie Shock, Florence K, Marie-Claude Savard et Jonathan Roberge se sont prêtés au jeu de la série Ma maladie mentale. Tour d'horizon.

Marie-Claude Savard a le sourire facile malgré son lourd passé. Celle qui a réussi à faire son chemin en tant qu'animatrice à la télévision (Salut, bonjour!, La série Montréal-Québec) et à la radio (Radio X Montréal), a marqué tout le Québec en annonçant qu'elle avait souffert d'une dépression majeure durant son adolescence et qu'elle avait fait deux tentatives de suicide. Celle qui a gagné six fois le Prix Artis, Animatrice d’émissions de sports, ne s'attendait pas du tout à une telle réaction!

«Au détour d'une entrevue super joyeuse en 2005, où tout le monde se racontait des anecdotes, Josélito Michaud m'a demandé quel genre d'adolescente j'étais. Il y a eu une onde de choc, tout le monde a été mal à l'aise. S'en est suivi un grand battage médiatique: c'est sorti dans les journaux, tout le monde voulait avoir son entrevue... Je me suis rendu compte que peu de gens parlaient de maladie mentale. Mais pour moi, ça allait de soi. J'avais vécu ça il y a plus de quinze ans: c'était bien intégré. Je ne me suis pas assise un matin pour me demander si c'était le bon moment pour en parler...»

Fait particulier, Savard a dû composer avec cette réalité très jeune. «C'est dur de dire quand ça a débuté, mais je pense que j'ai commencé à être dépressive vers 13 ans et ça s'est terminé quand j'ai eu 18 ans. C'est particulier, parce que c'était à un moment où on peut se demander si c'est un débalancement hormonal. Mes parents ont divorcé lorsque j'avais 5 ans. Est-ce que mes émotions sont ressorties à l'adolescence? Peut-être.»

Une période très difficile pour une jeune adolescente qui tente de se comprendre et qui commence à avoir peur: est-ce que toute sa vie sera teintée de ce mal de vivre? «À 18 ans, j'ai été diagnostiquée. Ça a été une telle libération! J'ai été médicamentée et ça m'a permis de m'en sortir.» Et d'enfin mieux se comprendre. «C'était plutôt angoissant. La dépression, c'est différent pour tout le monde. Mais il y a de grands points communs: une immense fatigue, un manque de joie, de motivation. Quand il n'y a plus aucun bonheur dans une journée, et ce plusieurs jours de suite, c'est un bon signe que ça ne va pas. Pour moi, ça a été comme une descente vers un immense sous-sol noir. Je voulais remonter, mais j'en étais incapable.»

Encore aujourd'hui, Marie-Claude Savard doit garder un oeil attentif sur son équilibre émotif. «C'est une préoccupation pour moi. Je n'ai pas nécessairement peur de retomber. Je n'ai pas peur de la dépression, j'en ai fait mon alliée. C'est plutôt que ça me tient à coeur de faire ce qu'il faut: prendre du temps pour moi, consulter quand j'en ai besoin - et même quand je n’en ai pas besoin - et être à l'écoute. Ça me permet de rester équilibrée. Dans les dernières années, j'ai aussi fait la paix avec la performance à tout prix, l'accomplissement d'actions, la bonne humeur incessante.»

Les obstacles après la dépression

À 38 ans, l'animatrice a dû faire face à de nouvelles épreuves. Elle a vécu coup sur coup la mort de son père et de sa mère. «Après avoir trouvé mon père mort dans son lit, j'ai appris quelques jours plus tard que ma mère était en phase terminale d'un cancer du poumon. Ça a été deux années de maladie, d'accompagnement, de mort. Comme enfant unique, j'ai perdu tous mes repères. Ça a été houleux. Ça m'a confronté à plein de choses. Après ces deux années, il a fallu que je prenne du temps pour moi, que je réfléchisse à tout ce qui s'était passé pour être inévitablement transformée par la suite. Ça a été l'occasion d'une grande remise en question.» C'est ainsi qu'elle a décidé de quitter son compagnon de longue date, Christian Merciari, et de mettre fin à sa collaboration à Salut, bonjour!.

Bien vite, Marie-Claude a réalisé qu'évoluer dans la sphère publique n'est pas toujours de tout repos. «Je ne sais pas si j'ai voulu devenir une nouvelle Marie-Claude ou si c'est plutôt que j'ai voulu m'ajuster. Déjà là, j'arrivais au tournant de la quarantaine, ce qui est déjà un grand passage. J'étais en plein moment de flottement. Et j'ai pu réaliser que le changement dérange. J'étais déjà en remise en question et j'ai reçu une énorme vague de commentaires, pas toujours élogieux. Ça a été difficile, surtout que je ne suis pas du genre à me bloquer, à ne pas lire les commentaires. J'ai dû apprendre à mettre une distance et à me concentrer sur le positif. Je me suis rendu compte que le monde extérieur ne peut m'imposer une pression que je ne m'impose pas.»

Dirait-elle que c'est plus difficile de vivre avec une maladie mentale en tant que personnalité publique? «La maladie mentale, c'est dur pour tout le monde. Point final. La seule différence, c'est que les artistes ont plus d'attention en le vivant. Ça peut être positif ou négatif.» Aujourd'hui, Marie-Claude Savard se dit - et paraît, sans contredit - heureuse. Comment est-elle arrivée à trouver son équilibre? Sans hésiter, elle est ouverte à tout ce qui peut lui faire du bien: médicamentation, hypnothérapie, tapping, yoga... «On ne perd rien à essayer. Vous aimez vous faire masser? Allez-y. Vous voulez colorier? Go! Tout ce qui fait du bien, faites-le. La pire chose à faire, c'est de souffrir en silence. Il faut en parler, choisir les bonnes personnes et s'écouter.»

Ma maladie mentale: une série à suivre sur Le Huffington Post Québec.

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