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Anticosti: Pétrolia demande une rencontre avec Philippe Couillard (VIDÉO)

Anticosti: Pétrolia demande une rencontre avec Philippe Couillard (VIDÉO)

QUÉBEC _ Les ponts sont coupés depuis des mois entre Pétrolia et le gouvernement Couillard, dans le dossier de l'exploration pétrolière de l'île d'Anticosti.

La direction de l'entreprise juge la situation intenable, au point de solliciter une rencontre au plus tôt avec le premier ministre Philippe Couillard pour avoir l'heure juste sur ses intentions dans ce dossier.

En conférence de presse, lundi à Québec, le président-directeur général de l'entreprise, Alexandre Gagnon, a jugé déplorables les multiples déclarations du premier ministre à propos des dangers d'une éventuelle exploitation des hydrocarbures du sous-sol d'Anticosti, dénonçant ses attaques "constantes et virulentes" depuis la Conférence sur la lutte aux changements climatiques, en décembre dernier, à Paris.

À son avis, le premier ministre sème la "confusion" avec ses déclarations incendiaires, qui laissent croire que le gouvernement cherche à se dissocier de la démarche en cours, et à remettre en question le contrat conclu, sous prétexte de préserver un milieu naturel unique.

"Nous méritons d'être traités avec respect", a clamé M. Gagnon, en rappelant au gouvernement que les deux parties avaient signé un contrat en bonne et due forme et qu'elles étaient partenaires dans ce projet.

Depuis des mois, il dit avoir multiplié, en vain, "les lettres officielles, les lettres d'avocat, des courriels, des appels" en vue d'une rencontre, tant au cabinet du premier ministre qu'à ceux des ministres impliqués dans le dossier. "Le gouvernement a coupé tout canal de communication", selon lui.

A Paris, en décembre, et maintes fois par la suite, M. Couillard s'est dissocié publiquement du projet d'exploration sur l'île d'Anticosti, disant notamment que le "saccage" de ce joyau naturel ne porterait jamais sa signature.

À Saint-Félicien, en point de presse lundi, le premier ministre a une fois de plus pris ses distances du projet. Il a réaffirmé que c'était "une erreur grave d'avoir engagé des fonds publics (dans ce projet) et signé un contrat alors que ces questions-là (sur la fracturation hydraulique) n'étaient pas éclaircies".

M. Gagnon a rappelé que selon les termes du contrat conclu avec Québec, Pétrolia doit procéder cet été à trois forages de fracturation hydraulique, dès que l'entreprise aura reçu le feu vert du ministère du Développement durable, une fois complétée l'étude hydrogéologique du projet.

Loin de saccager l'île d'Anticosti, la superficie de ces trois sites de forage totalise "0,06 km carrés sur un territoire qui en compte 8000", a fait valoir M. Gagnon, qui estime qu'on peut fort bien préserver le patrimoine naturel de l'île tout en exploitant son potentiel pétrolier.

La semaine dernière, M. Couillard a affirmé que la poursuite de l'exploration des hydrocarbures sur l'île d'Anticosti posait un problème "technique fondamental", et ce, même si son gouvernement attend encore plusieurs études qui doivent établir les impacts des travaux de forage hydraulique dans le schiste.

Il avait également affirmé que les fonctionnaires impliqués dans le dossier "feront ce qu'on leur dira", au moment de délivrer ou non un certificat d'autorisation de forer, une décision attendue incessamment. Or, cette déclaration semble porter "gravement atteinte à l'autonomie et à l'indépendance" des employés de l'État, a fait valoir M. Gagnon.

Depuis les déclarations faites par M. Couillard à Paris, l'action de Pétrolia a dégringolé de 36 pour cent en Bourse.

Par le biais de sa filiale Ressources Québec, l'État québécois contrôle 35 pour cent des parts dans la société en commandite Hydrocarbures Anticosti. Pétrolia, une filiale de Maurel & Prom et Corridor Resources détiennent chacune une participation de 21,67 pour cent.

M. Gagnon n'a pas voulu se hasarder sur le chemin d'éventuelles poursuites à intenter contre le gouvernement, si ce dernier choisit de déchirer le contrat. Mais chose certaine l'État de droit doit prévaloir, a-t-il indiqué.

Le coût des travaux effectués jusqu'à maintenant est évalué à 24 millions $.

Au mieux, si jamais le projet franchissait toutes les étapes, le début de l'exploitation pétrolière pourrait débuter en 2020.

Par la voix du député Bernard Drainville, l'opposition péquiste a réagi en demandant au gouvernement de respecter sa signature, et d'obtempérer à la demande de rencontre de la direction de Pétrolia, "pour dénouer l'impasse".

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, estime qu'avec ce dossier le premier ministre a fait la démonstration "qu'il ne connaît pas le monde des affaires et l'économie. Il est en train de créer de l'incertitude" et de "jouer avec l'argent des Québécois".

Mercredi, la CAQ va déposer une motion en Chambre visant à forcer le gouvernement à respecter le contrat qui le lie à Pétrolia.

Le mandat confié à Pétrolia consiste à confirmer et évaluer le potentiel commercial en hydrocarbures de l'île d'Anticosti.

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L'île d'Anticosti vue par le photographe Marc Lafrance

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