Alors que le Centre jeunesse de Laval a vu quatre jeunes filles fuguer cette semaine, des organismes œuvrant auprès d'adolescents au Québec disent que les compressions budgétaires du gouvernement les ont obligés à être moins présents sur le terrain, pour prévenir l'exploitation sexuelle.
Un texte de Bahador Zabihiyan
Depuis plus de 25 ans, la maison Kekpart, à Longueuil, vient en aide aux jeunes vulnérables. Ainsi, jusqu'au printemps 2015, des éducatrices se rendaient dans les écoles de la Montérégie pour sensibiliser les jeunes filles.
Mais elles n'y vont plus, dit Richard Desjardins, le directeur.
« Le ministère, en avril dernier, nous a envoyé une lettre nous disant qu'il mettait fin au programme de prévention de l'exploitation sexuelle et de la prévention de la prostitution juvénile. »
— Richard Desjardins, directeur de la maison Kekpart
La maison Kekpart a reçu 80 000 $ en moins en 2015. La fin de ce programme a créé un vide sur la Rive-Sud, soutient-il.
« Aucune organisation communautaire et institutionnelle n'est présentement dans les écoles secondaires de la Montérégie. Nous étions les seuls. On était mandaté par la Sécurité publique en prévention de la prostitution juvénile », dit-il.
L'incertitude financière crée aussi un manque de coordination entre les différents organismes qui luttent contre l'exploitation sexuelle, dit Nathalie Khat, directrice du Phare des affranchies, un organisme qui lutte contre la traite de personnes.
« Ce qu'on a, ce sont des initiatives indépendantes. Il y a des gens qui ont beaucoup de motivations, de bonnes idées, mais on manque de ressources humaines, de ressources financières », dit-elle.
Vendredi, le premier ministre Philippe Couillard a souligné l'importance des programmes de prévention, et a promis que son gouvernement allait agir pour lutter contre l'exploitation sexuelle des jeunes filles.