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Ma maladie mentale: «Je ne peux plus mourir, j'ai mon fils» - Véronique Bannon (VIDÉO)

La maladie mentale de Véronique Bannon (VIDÉO)

Vivre avec la maladie mentale. Chercher à retrouver la santé. La trouver, la perdre. La retrouver. Tout ça sous le regard bienveillant (ou pas) de la famille, des amis... Et du public. Vivre avec une maladie mentale dans la sphère artistique, ça a quel genre d'impact? Est-ce possible de trouver et garder la santé malgré la pression ambiante? Pour le découvrir, on a eu envie de faire le point avec 6 artistes d'ici qui vivent ouvertement leur maladie. Avec humilité, franchise (et beaucoup d'humour), François Massicotte, Véronique Bannon, Stefie Shock, Florence K, Marie-Claude Savard et Jonathan Roberge se sont prêtés au jeu de la série Ma maladie mentale. Tour d'horizon.

Véronique Bannon semble tout mener de front avec succès. Comédienne (Virginie, Watatatow), fondatrice de la compagnie de sacs à main et de lunettes de soleil Collections VB, conjointe du chanteur Marc-André Niquet et mère comblée du petit Milan, l'artiste en a surpris plus d'un en avouant publiquement son dur combat contre la dépression, le trouble panique et l'anorexie, qui l'a menée vers une tentative de suicide en 2010. Depuis, Bannon assume pleinement dans le but de dédramatiser la maladie mentale, et a même accepté de devenir la porte-parole de l'organisme Revivre avec Stefie Shock.

Du plus loin qu'elle se souvienne, Bannon admet qu'elle a toujours eu des problèmes de santé mentale: «J'ai l'impression que j'ai très tôt eu des épisodes dépressifs. Avec le recul, je me rends compte que j'ai fait mes premières crises de panique très tôt. Mais l'élément déclencheur, ça a été la naissance de mon fils, le 19 juillet 2008. Mes critères étaient très, très hauts. En haut des nuages. Je me disais qu'il fallait que je sois une bonne mère, que tout fonctionne bien. Les souvenirs de mon enfance et mon adolescence revenaient. Je projetais ça sur mon fils... Et pouf, j'ai craqué.»

Très vite, l'état de Véronique s'est détérioré. «Je me suis dit que je ne serais jamais une bonne mère, jamais une bonne personne. C'était la déchéance. J'avais de la difficulté à me lever le matin et à avoir le goût de vivre. Je ne savais pas si ça valait la peine. J'avais le mal de vivre. Mais je me disais: je vais m'en sortir toute seule. Tout le monde passe au travers, je suis une grande fille.»

Et finalement non. Le 24 septembre 2010, l'artiste a décidé de mettre fin à ses jours. «Milan était parti avec son père pour faire quelques courses. Je me suis dit: c'est fini. J'ai commencé à écrire des lettres à mon fils. Pour lui dire qu'il méritait mieux que moi. Je me disais que Milan est trop merveilleux pour que je sois sa mère. J'avais écrit à Marc-André de se trouver quelqu'un de plus lumineux...»

Heureusement, Véronique a appelé son frère pour lui indiquer son intention avant de passer à l'acte. Un appel à l'aide qui a tout changé. «Très vite, la police et les ambulanciers sont venus cogner à ma porte. Marc-André et Milan sont arrivés 5 minutes plus tard. En entrant dans l'ambulance - en voyant mon fils dire mon nom en pleurant - j'ai réalisé que ce que je venais de faire n'avait aucun sens.»

«Les gens jugent encore.»

Après cet épisode traumatisant, l'artiste a dû faire face à la réalité: elle aurait besoin de soutien et vite. Elle est allée chercher de l'aide professionnelle et a parlé plus ouvertement de son état avec son entourage. Comment ses proches ont-ils accueilli ses confidences? «Ça n'a pas été super. Quand j'en ai parlé pour la première fois à la télévision à Sucré Salé, ma mère ne m'a pas parlé pendant une semaine. Si j'avais dit que j'avais le diabète, il n'y aurait pas eu de problème. Elle m'a dit: "Mes voisins ne sont pas au courant de ça."»

Dommage, mais cette incompréhension face à la maladie mentale semble avoir toujours fait partie de la vie de Véronique Bannon: « Quand mon père m'entendait pleurer, il ouvrait la porte et la refermait. C'est de l'ignorance. Un mal de tête, c'est concret. Pas la maladie mentale. Ça a été dur plus tard de parler à un thérapeute, de dire les vraies affaires. Ma mère était plutôt une fan de l'attitude: "Tes problèmes sont les tiens: garde ça pour toi et règle-les toute seule." Je trouve qu'on n'évolue pas tant pas rapport à notre vision de la maladie mentale. Les gens jugent encore ça.»

Pourtant, la sphère publique a eu une réaction tout à fait différente: «Quand j'en ai parlé, Guy Jodoin m'a dit: "Tu vas peut-être aider des gens". Je n'ai eu que des bons commentaires. Les gens me disaient que j'étais courageuse. Quand je faisais des rechutes, je me sentais comme un imposteur. Je dois pourtant accepter que je suis malade: je suis médicamentée. Comme pour le diabète ou le rhume.»

Des côtés positifs à la maladie mentale?

À force de lutter contre le nuage noir qui n'est jamais bien loin de sa tête, l'artiste et femme d'affaires en est venue à voir des côtés lumineux à tenter de trouver la santé: «J'ai un ami, Hugo Saint-Cyr, qui est dédécé du cancer. Il n'a pas eu le choix. Moi oui. Je n'ai pas à mourir de la dépression. J'ai les outils pour être bien. Comme dirait mon fils: "Maman, tu répares des morceaux de ta vie pour être heureuse." C'est tellement vrai!»

Cette tornade d'émotions aura aussi permis à Véronique Bannon d'être plus à l'aise dans le jeu. «Ça fait de moi une meilleure comédienne. Je suis capable d'aller chercher des émotions, des états, dont j'avais peur avant. Maintenant, je plonge!»

Ma maladie mentale: une série à suivre sur Le Huffington Post Québec.

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