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Olivier Morin met en scène « Queue Cerise » : le cauchemar absurde de la vie de bureau (ENTREVUE)

« Queue Cerise » : le cauchemar absurde de la vie de bureau (ENTREVUE)
Courtoisie

Michelle débute un nouvel emploi auquel elle ne comprend rien. La jeune femme évolue dans un bureau où elle n’a aucune idée des tâches de ses collègues. Ils travaillent tous pour une entreprise dont les spectateurs ne connaîtront rien. Sauf qu’elle possède un « sous-sol » où les peurs, les fantasmes, les complexes et les failles se libèrent et s’amplifient, au point de ne plus pouvoir tracer la ligne entre la vraie vie et le cauchemar. Présentée comme un croisement entre l’étrangeté de David Lynch et l’humour absurde dans Les Voisins, la pièce Queue Cerise est mise en scène par Olivier Morin.

Le créateur dirige la toute première pièce de la jeune auteure Amélie Dallaire, propriétaire de l’esprit déjanté où a grandi cet univers à la fois léger et inquiétant. « Amélie a une écriture unique. Au niveau des dialogues, on est dans quelque chose de quotidien, avec des erreurs de langage, des hésitations, des phrases qu’on débute et qu’on arrête en plein milieu pour reprendre sa pensée. C’est un petit cauchemar à la première lecture, mais on réalise vite que tout cela permet de mettre en lumière l’agitation intérieure des personnages. »

Tout au long de la pièce, les spectateurs auront du mal à déterminer si l’action se déroule dans la réalité ou dans le sous-sol inconscient des protagonistes. « Au début, Michelle parle d’un travail qu’elle trouve difficile et que personne ne lui explique. Un peu comme un cauchemar professionnel dont on ne se réveille pas. Puis, elle visitera le sous-sol du bureau, où les pulsions, les paranoïas et les fantasmes prennent le dessus. C’est un lieu existentiel. »

Angoissant à l’idée d’obtenir l’approbation de ses paires, la jeune femme sera confrontée à un milieu hostile. « Ses compagnons de travail ne sont pas fins, ils parlent dans son dos et ils lisent son journal intime. C’est un “vrai” cauchemar! Mais à force de se faire taper dessus et de visiter le sous-sol, elle se transformera peu à peu. »

Morin a choisi de ne pas représenter ce lieu de travail de façon réaliste, optant plutôt pour un long corridor pas de porte, qui prend des airs de labyrinthe. « Je voulais brouiller les contours de chaque scène. Les transitions entre le début et la fin des différents tableaux ne sont pas expliquées. On assiste à une succession de glissements invisibles. Le but était de recréer l’inquiétude de nos rêves, et non d’évoquer uniquement le côté onirique. La pièce est un drôle de fantasme inconscient. »

Le choix des mots n’est pas anodin, puisque la pièce d’Amélie Dallaire se veut un équilibre constant entre l’étrange et l’humour. « On est toujours dans l’un et dans l’autre. Le rire n’évacue rien ici. Plus on rigole, plus on s’enfonce. Comme la suite de malaises qu’on peut avoir en regardant The Office. C’est à fois inconfortable et très drôle. Amélie a une écriture punchée et très étonnante! »

Le public découvrira d’ailleurs un éventail de personnages particulièrement colorés. « On a Louise, la madame autoritaire et au-dessus de ses affaires, qui carbure à la jalousie et aux complexes. Marie-Gilles, qui se considère comme la bionarratrice de son entourage, avec sa capacité à lire dans la tête des gens et à faire la narration de leur vie. Curtis, un Français à la sexualité sociale complètement décomplexée, sans la moindre bulle et qui donne facilement dans le too much information. Et Carl, un gars beige qui se confond dans les fleurs du tapis, à qui les gens parlent comme s’il était un psychologue, mais que personne n’écoute. Il deviendra peu à peu un ver de terre dépressif. »

Interprétant lui-même le rôle de la fleur du tapis, Olivier Morin continue de s’investir au théâtre et à la télé, avec des projets d’interprétation, d’écriture et de mise en scène, avec un agenda toujours aussi surchargé. « Mon horaire est complètement cinglé, mais j’ai le luxe d’être submergé par des affaires passionnantes. Quand je me couche, je suis épuisé, mais ravi. »

La pièce « Queue Cerise » sera présentée à la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui du 26 janvier au 13 février 2016. Cliquez ici pour plus de détails.

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