Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Funérailles de René Angélil : une cérémonie en toute sobriété

Funérailles de René Angélil : une cérémonie en toute sobriété

N’en déplaise aux curieux qui espéraient une prestation de Céline Dion ou un flot d’anecdotes-souvenirs, la cérémonie de funérailles de René Angélil, qui se tenait à la Basilique Notre-Dame, à Montréal, vendredi après-midi, a été empreinte de sobriété, de dignité, et de respect, fut essentiellement religieuse, et n’avait rien d’un spectacle, même si on disait adieu au roi du show-business.

À l’extérieur, avant le début de la célébration menée par l’archevêque de Montréal, Christian Lépine, c’était la cohue. Les gardiens de sécurité avaient peine à frayer un chemin aux dignitaires et proches venus épauler la famille à travers les centaines de personnes venues assister à l’événement.

Entre 500 et 600 personnes du public ont pu entrer à l’intérieur et regarder l’hommage à partir du jubé de la Basilique Notre-Dame, et on estime qu’environ 2000 personnes, famille et personnalités des mondes politique et artistique, emplissaient le lieu sacré, où René Angélil et Céline Dion s’étaient aussi mariés en 1994 et où ils avaient fait baptiser leur fils, René-Charles, en 2001.

Funérailles de René Angélil

Pour le public, des écrans géants avaient été installés à l’extérieur et retransmettaient la cérémonie en temps réel. Les chaînes LCN et RDI diffusaient aussi en direct les funérailles, qui ont commencé avec une quinzaine de minutes de retard, et qui ont duré plus d’une heure trente.

Invités de marque

Nombre de visages connus s’étaient déplacés pour honorer la mémoire de René Angélil. Parmi eux, Luc Plamondon, Ginette Reno, Jean-Pierre Ferland, Janine Sutto, Claude Dubois, Marie-Mai, Paul Piché, Rodger Brulotte, Lise Dion, Éric Lapointe, Gregory Charles, Jean-Philippe Dion, Josélito Michaud, Réjean Tremblay, Sonia Benezra, Marie-France Bazzo, Monique Giroux, Patrick Huard, Guy A.Lepage, René Simard et plusieurs autres affichaient tous un air solennel.

L’entourage du défunt est entré dans la Basilique au son de la très symbolique pièce « Trois heures vingt » d’Eddy Marnay et Patrick Lemaître, qu’interprétait Céline au début de sa carrière. « Tout ira bien, tu le sais, Puisqu’à la fin, où tu vas, je vais, On part ensemble, OK, c’est décidé (…) Tout est prévu, tu as tout arrangé (…) Ne t’en fais pas, je viendrai, Puisque toujours où tu vas, Je vais (…) Ne t’en fais pas, J’ai confiance, Tu ne te trompes jamais, Et puis tu sais, où tu vas, Je vais », voilà une bribe du texte que scandait une jeune Céline dans cette chanson.

Déjà, plusieurs larmes coulaient devant la lente marche de la chanteuse dans l’allée, ses deux plus jeunes fils, les jumeaux Nelson et Eddy, 5 ans, coiffés de chapeaux, à ses côtés. Derrière défilait son fils aîné René-Charles, 15 ans, qui escortait sa grand-maman, Thérèse Dion.

Quelques-uns ont sursauté lorsque, dans sa phrase de bienvenue, Mgr Christian Lépine a prononcé « Cécile » au lieu de « Céline », un fait que quelques-uns ont relevé sur les réseaux sociaux. L’homélie s’est aussitôt poursuivie sans anicroche. Mgr Lépine a nommé un à un les représentants de la classe politique qui étaient présents, dont le lieutenant-gouverneur du Québec, J. Michel Doyon, Denis Coderre, Philippe Couillard, Bernard Landry, Jean Charest, Brian Mulroney, Mélanie Joly, Hélène David, Robert Poëti, Sam Hamad, Pierre Karl Péladeau, François Legault, Régis Labeaume, le maire de Charlemagne, ville natale de Céline, Normand Grenier, et la première dame du Canada, Sophie Grégoire.

Touchant René-Charles

On demeurera longtemps touchés par les témoignages de Patrick et René-Charles, deux des fils de René. Le premier a évoqué la générosité du regretté imprésario et son amour pour les siens, en parlant des tablées autour desquelles il réunissait sa progéniture, et en mentionnant que René s’assurait toujours que les gens qu’il aimait ne manquaient de rien. Il a aussi blagué sur son engouement pour le black jack. « René Angélil, c’est également notre papa (…) Il nous a aimés, nous le savons, aussi intensément les uns que les autres. (…) Toute notre vie, notre père nous a dit “je t’aime” (…) Notre père a été un modèle pour nous. » Patrick Angélil a conclu son laïus par une imitation parfaite de son père. « Tout va être correct », a-t-il laissé tomber, de la même voix éraillée que lui.

René-Charles, qu’on avait rarement entendu prendre la parole, a pour sa part livré la majeure partie de son petit discours en anglais, la langue qu’il semble maîtriser le mieux, avec une introduction en français. « J’ai eu la chance de naître dans une famille où il y a beaucoup d’amour », a-t-il avancé, dans la langue de Molière. Nul besoin d’être bilingue pour comprendre que René-Charles faisait référence aux grandes passions de son papa lorsqu’il a énuméré « golf, hockey, poker et smoked meat ». « 15 ans, ce n’est pas long pour connaître son père », a dit l’adolescent, avant de promettre à celui-ci qu’il partagera ses souvenirs avec ses petits frères, et qu’il s’appliquera à vivre « selon [ses] standards ». « J’t’aime, p’pa! », a déclaré le garçon en terminant, sous les réactions attendries de la foule, qui s’est spontanément levée pour l’acclamer. Sa mère l’a embrassé lorsqu’il est revenu s’asseoir à son banc. Revoyez ici ce moment très émouvant.

La cérémonie s’est ensuite poursuivie en prières et en musique. La mélodie « All the way », entonnée par Céline Dion et Frank Sinatra, a résonné dans le monument du Vieux-Montréal, tout comme « Jesu Christe » de Jachet Van Berchem. Les Petits Chanteurs du Mont-Royal et l’Octuor de la Basilique Notre-Dame ont apporté leurs voix à la célébration.

Mgr Lépine a parlé des rencontres marquantes vécues par René Angélil tout au long de sa vie.

Plusieurs ont sans doute été saisis de frissons lorsque les premières notes de « L’amour existe encore », l’un des grands classiques de Céline, se sont élevées. « Le monde est mené par des fous, mon amour, il n’en tient qu’à nous, de nous aimer plus fort… », dit, en substance, l’ode aux amoureux.

C’est sur l’air d’un autre titre phare de Céline, « Pour que tu m’aimes encore », et sous des applaudissements respectueux, que les fils de René Angélil, Patrick, Jean-Pierre et René-Charles, ont ensuite porté le cercueil de leur père à l’extérieur. Juste derrière eux, Céline Dion, son voile noir lui recouvrant les yeux, est restée bien droite, en tenant toujours ses deux cadets par la main. Thérèse Dion et la fille de René, Anne-Marie, son conjoint, Marc Dupré, leurs enfants et le reste de la famille suivaient.

À un certain moment, lors de la procession de sortie de la Basilique, les applaudissements se sont accentués, spontanément, comme pour supporter Céline et les autres membres du clan Angélil dans l’épreuve. Un instant qui en a sans doute ému plus d’un. Une page de l’histoire de la culture québécoise venait alors de se tourner.

René Angélil est né le 16 janvier 1942, et décédé le 14 janvier 2016, à l’âge de 73 ans, des suites d’un cancer de la gorge. Lundi se tiendront, à Charlemagne, les funérailles de Daniel Dion, le frère de Céline, emporté par un cancer, samedi dernier, le 16 janvier.

Quelques témoignages

« La cérémonie était d’une très, très grande sobriété, et d’un très grand respect. On a rarement entendu un tel silence. C’était à la fois plein de respect, mais aussi d’une très grande simplicité. On était vraiment en famille. C’est ce que Céline répète toujours, mais j’avais ce sentiment. J’espère qu’elle l’a senti aussi. Et c’est ce que René inspirait, le respect. J’ai toujours eu avec lui des échanges extrêmement cordiaux et très intelligents. Je suis ici pour toutes sortes de raisons, mais principalement pour ces échanges toujours très respectueux. Il a cru en Céline comme le Québec devrait croire en lui. J’espère qu’il va inspirer d’autres gens à faire comme lui. » — Monique Giroux

« C’était très touchant, très émouvant, surtout quand on connaît leur histoire. René Angélil incarnait la détermination, la générosité, la tendresse. » — Paul Piché

« La cérémonie était sérieuse, solennelle, respectueuse. Très respectueuse, avec des petits moments spontanés. La fin était très inattendue, avec les chansons de Céline. Tout à coup, tout le monde qui s’est mis à l’applaudir, comme le roi du show-business qu’il était… J’ai la chair de poule à en parler! Et c’est triste en même temps. C’est la fin d’une époque. » — Sonia Benezra

« C’était très respectueux. Céline Dion a été digne, forte. Toute sa famille aussi. Patrick et René-Charles ont été vraiment exceptionnels. C’est un endroit pour se recueillir et rendre hommage à sa mémoire. On est quand même heureux d’être là, mais c’est difficile de parler de René au passé. Pour nous, il sera toujours présent dans nos cœurs. » — René Simard

« René Angélil, c’est le maître. Je pratique le même métier, et c’est un modèle. René Angélil, c’est les ligues majeures. » — Jacques K. Primeau

« Je trouve ça triste. C’est une célébration qui était dans l’admiration et la tristesse. » — Guy A.Lepage

« Aujourd’hui, je pense à l’homme qu’il est, et à la famille qui reste. Ce sont des moments d’une grande intimité, mais vécus en public. Ç’a été la rencontre la plus marquante de toute ma vie. Je vais me souvenir de ma première rencontre avec lui, de ma dernière rencontre avec lui. On a fait le tour du monde, il nous a permis de voyager, de représenter le Québec partout, il nous a remerciés sans cesse, alors que c’est nous qui aurions dû le remercier de travailler pour lui. C’était un énorme privilège. Avec lui, j’ai appris qu’on pouvait rêver grand. » — Jean-Philippe Dion

René Angélil en chapelle ardente - 21 janvier 2016

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.