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Pourquoi la comparaison entre Trump et O'Leary ne tient-elle pas la route?

Pourquoi la comparaison entre Trump et O'Leary ne tient-elle pas la route?
Montage NBC et PC

Kevin O'Leary a raison: il n'est pas Donald Trump, le Canada n'est pas comme les États-Unis, et même s'il se présentait

à la succession de Stephen Harper pour diriger le Parti conservateur, il y aurait de grandes différences entre lui et le phénomène politique que représente M. Trump au sud de la frontière.

On ne peut nier que leurs CV se ressemblent. Riches hommes d'affaires. Personnages de téléréalités. (M. O'Leary a été un dragon au Canada anglais et a animé plusieurs autres émissions.) Auteurs de plusieurs livres de développement des affaires. Et maintenant, M. O'Leary lorgne la chefferie conservatrice, malgré un manque d'expérience politique.

Le principal intéressé rectifie cependant rapidement le portrait. "Je ne suis certainement pas Donald Trump en politique _ étrangère ou locale ou sociale. Nous sommes des personnes différentes", a-t-il tranché en entrevue.

Prenons l'ingrédient premier du succès de M. Trump: la célébrité.

Le candidat à l'investiture républicaine est un habitué des revues à potins depuis quelques dizaines d'années. Sa vie amoureuse a été étalée en une des tabloïds et il a fait celles du Time et du Playboy.

Cette célébrité l'a aidé à attirer l'attention des médias, qui ont intensifié leur couverture de sa campagne à mesure qu'il montait dans les sondages.

Au Canada, Kevin O'Leary ne pourrait compter sur la même visibilité. Même cette semaine, après qu'il eut commencé à attaquer la première ministre de l'Alberta et à parler du leadership conservateur, et même au Canada, le nombre de recherches Google sur Donald Trump était énormément plus élevé, jusqu'à 60 fois, que celles sur lui.

Prenons le second ingrédient: la démographie électorale.

Ce ne sont pas tous les républicains qui appuient Donald Trump. La variable qui influence considérablement l'opinion des électeurs est le degré d'éducation. M. Trump domine les sondages chez les électeurs n'ayant pas de diplôme universitaire, selon un sondage de CNN. Chez les diplômés, il passe en quatrième place.

Au Canada, la proportion de gens ayant un diplôme d'éducation post-secondaire est de neuf pour cent plus élevée, selon les statistiques de 2010 de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Au sein des 35-44 ans, cet écart passe à 14 pour cent.

L'économie moderne n'a pas été très douce avec les travailleurs moins qualifiés.

Ce qui nous mène au troisième ingrédient: l'économie.

Dans plusieurs pays, dont ceux d'Amérique du Nord, la classe moyenne est mise à l'épreuve, mais la situation est plus précaire encore aux États-Unis. Les mesures de l'inégalité salariale de l'OCDE indiquent que le Canada est au milieu de la liste, alors que les États-Unis sont le quatrième pays avec la plus grande disparité des salaires, après le Mexique, le Chili et la Turquie.

Donald Trump promet de renverser la vapeur sur deux facteurs qui auraient un impact sur les travailleurs moins qualifiés: les accords commerciaux et l'immigration illégale.

Cela relie donc le quatrième ingrédient: l'immigration.

D'après l'économiste du travail George Borjas et Abdurrahman Aydemir de Statistique Canada, l'effet de l'immigration aux États-Unis a été d'élargir l'écart salarial, faisant baisser les revenus des Américains les moins bien payés. Au Canada, ont-ils conclu, l'immigration a rendu le pays plus égalitaire.

En raison de la situation géographique - plus éloignée - et du système d'immigration canadiens, ce sont les immigrants les plus qualifiés qui ont pu se rendre au pays et ils affrontent les employés les mieux payés sur le marché du travail, ont expliqué les experts.

Les autres différences sont inhérentes au système électoral canadien. Aux États-Unis, la politique est une industrie qui brasse des milliards de dollars, fréquentée par des lobbyistes et des conseillers électoraux. Au Canada, le don politique maximal est de 1525 $ par personne, et les dons d'entreprises sont interdits.

Ainsi, l'un des arguments de Donald Trump, qui se dit incorruptible parce qu'il a des milliards de dollars dans son compte bancaire, ne tiendrait plus au Canada, tout comme sa promesse de financer lui-même sa campagne. Élections Canada a fixé à 25 000 $ le montant maximal qu'un candidat peut contribuer à sa propre campagne.

Puis il y a peut-être une dernière différence entre les campagnes de MM. Trump et O'Leary. Donald Trump n'a pas à apprendre le français pour s'adresser à près du quart de la population.

Voir aussi:

Parti conservateur: qui sont les candidats?

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