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Christian E. rencontre Pierre-Guy B. au Théâtre d'Aujourd'hui

Christian E. rencontre Pierre-Guy B. au Théâtre d'Aujourd'hui
Nicolas Frank Vachon

Après avoir parcouru le Canada avec Les trois exils de Christian E., œuvre irrésistible qui plongeait les spectateurs au cœur d’une remise en question professionnelle et personnelle, tout en rendant hommage à l’enfance, à la famille et à l’Acadie, le comédien Christian Essiambre revient à Montréal avec Le long voyage de Pierre-Guy B., pièce qu’il trimballe depuis presque 15 mois à travers le pays. Prochain arrêt : le Théâtre d’Aujourd’hui.

La carrière du sympathique comédien est un tantinet ironique. Alors que l’autofiction Les trois exils de Christian E. évoquait le désir ardent du comédien de travailler et de sortir de son demi-sous-sol, la pièce est devenue le projet le plus prenant de sa carrière. Fort d’un succès populaire et critique, il a ensuite su que des théâtres de Québec, d’Ottawa et de l’Acadie voulaient présenter le prochain spectacle du tandem qu’il forme avec l’auteur et metteur en scène Philippe Soldevila, avant même que la première ligne soit écrite.

Le long voyage de Pierre-Guy B.

Durant une période de réflexion, Essiambre a envisagé créer une suite au succès qu’il venait de connaître. Il a aussi jonglé avec l’idée d’élaborer un spectacle d’humour, se sachant doué pour dilater la rate des spectateurs.

« Je venais d’acheter une maison et d’avoir un premier enfant. J’ai pensé faire un show d’humour, parce que ça pogne et que j’avais besoin de sous pour payer mon chez moi. Mais j’étais en train de m’éloigner de qui j’étais, d’oublier mes véritables besoins et mes désirs », explique-t-il.

C’est alors que l’idée de créer une œuvre à partir du compositeur et percussionniste Pierre-Guy Blanchard a fait bifurquer la suite de sa destinée professionnelle. Originaire de Charlo, village acadien situé à plus ou moins 20 minutes du lieu d’origine d’Essiambre, le musicien venait de rentrer au bercail après sept années d’errance en Europe de l’Est et au Moyen-Orient.

Déchiré entre l’envie de poser ses valises et les charmes de la vie nomade, il a accepté de se confier aux créateurs, qui ont fait de son existence la matière première de leur nouvelle pièce.

« Philippe et moi avons posé plein de questions à Pierre-Guy pour creuser sa vie, savoir où il est rendu dans la vie, ce qu’il fait et où il va. Comme il s’agit du même processus de création qu’avait fait Philippe avec moi il y a quelques années, on peut parler d’un deuxième volet à la première pièce, en quelque sorte. L’idée est encore d’aller à la rencontre de quelqu’un en profondeur, même si sa vie est totalement différente de la mienne. Moi, je me suis posé et j’ai débuté une famille, alors que Pierre-Guy vit en marge de la société. Dans la pièce, on voit littéralement deux mondes qui se "frappent." »

Pendant que le duo exprimait sa surprise face aux choix du musicien, qui est pratiquement rentré « nu pieds » de son séjour en Europe de l’Est, le percussionniste a été interloqué de voir ses amis accumuler les dettes et ne pas opter pour sa liberté.

Chat sauvage

Possédant une vaste expérience de scène, en tant que musicien et acteur, Pierre-Guy Blanchard interprète son propre rôle sur scène, en plus de laisser libre cours à la passion viscérale qu’il voue à la musique.

« C’est vraiment un chat sauvage! Avec lui, chaque show est différent, parce qu’il jazze sur scène. Il enveloppe la pièce de musique en jouant presque tout en direct : parfois il joue des percussions intensément, d’autres fois il crée une musique d’ambiance avec sa bouche ou il utilise un instrument d’Europe de l’est pour nous amener complètement ailleurs. Il n’arrête pas de changer de style. Il carbure à la musique. Il la respire et il la parle! »

Même si Soldevila et Essiambre ont suggéré à leur acolyte de faire des numéros flamboyants pour rendre justice à son grand talent, ce dernier a refusé de prendre cette voie. « Il ne veut pas faire ce en quoi les gens le trouvent bon. C’est confrontant à entendre pour un gars qui pensait passer le restant de ses jours à faire rire les gens, simplement parce qu’il est bon pour ça… Après trois ans à côtoyer Pierre-Guy, je ne pourrais pas faire ça. Oui, c’est important de payer les factures, mais il faut trouver un équilibre avec le travail de création et de recherche. »

Acadiens d’origine, amis depuis le secondaire, adversaires d’improvisation, partenaires de création à l’université, collègues et interprètes au Pays de la sagouine, l’acteur et le musicien partagent à nouveau la scène.

« Au début de la pièce, on replonge dans l’univers de Christian E., qui saute encore d’une affaire à l’autre, jusqu’à ce qu’il rencontre Pierre-Guy et qu’on se fasse aspirer par son univers. À ce moment-là, Christian se ferme la gueule et il écoute son chum parler. Ça fait en sorte que je finis cette pièce-là un peu moins la langue à terre. D’habitude, je passe ma vie à courir. Je suis speedé sur le 220. Mais quand on rencontre quelqu’un comme lui, on dirait que le temps s’arrête. Il est tout le contraire de mon énergie. Ça fait du bien de connaître un gars comme ça. »

Présentée au Théâtre d’Aujourd’hui du 19 janvier au 6 février 2016, la pièce Le long voyage de Pierre-Guy B. fera ensuite des arrêts au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à Laval, Lévis et en Acadie, avant de repartir en tournée partout en province à l’automne 2016. Cliquez ici pour plus de détails.

La pièce Les trois exils de Christian E. sera également présentée en reprise les 30 janvier et 6 février. Les détails ici.

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