Aubut se défend et nie une plainte
Le Barreau du Québec retient la version de l'avocat et non celle de la plaignante Amélia Salehabadi-Fouques
Marcel Aubut nie avoir posé les gestes qui sont à l’origine d’une plainte formelle de harcèlement déposée contre lui au Barreau du Québec, et ce, un mois après s’être excusé publiquement de ses agissements, révèle une lettre confidentielle obtenue par Le Journal.
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«Me Aubut réfute vous avoir proposé d’avoir une aventure, de coucher avec vous tel que vous le dites», écrit le syndic adjoint du Barreau, Nicolas Bellemare, à la plaignante, Me Amélia Salehabadi-Fouques.
Pour chacune des allégations, Me Aubut soutient que les deux parties étaient alors en public et qu’il est impossible qu’il ait pu poser des gestes de harcèlement.
Pourtant, en octobre dernier, Marcel Aubut disait assumer «l’entière responsabilité» de ses gestes, alors qu’il était visé par de nombreuses plaintes de harcèlement sexuel déposées contre lui au Comité olympique canadien (COC). Dans la tourmente, l’homme avait démissionné de son bureau d’avocats, s’excusant «sans réserve» et en s’engageant «à tout faire pour devenir une meilleure personne».
Entre-temps, Amélia Salehabadi-Fouques a porté plainte au Barreau, estimant avoir été harcelée à trois reprises lors des dernières années.
Le syndic du Barreau a été obligé d’enquêter sur les allégations de Mme Fouques, rencontrant Marcel Aubut pour l’interroger. Lors de cette rencontre, Me Aubut était accompagné de son avocat, l’ex-bâtonnier Gérald R. Tremblay.
Pas comme avocat
En décembre, Mme Fouques a reçu la réponse du Barreau relatant la version des faits de Marcel Aubut relativement à sa plainte. Pour les trois événements allégués par la plaignante, Marcel Aubut réfute les faits indiqués, ce qui semble satisfaire le Barreau.
Et, s’il a posé des gestes, le Barreau soutient qu’il n’agissait pas en tant qu’avocat, mais en tant que membre du comité olympique. Marcel Aubut est alors blanchi par le Barreau.
«Me Aubut fait valoir qu’il vous a toujours rencontrée à titre de président du COC et non en tant qu’avocat et, en conséquence, il ne s’agissait pas de comportement fait à l’intérieur des limites de l’exercice de la profession, a expliqué le syndic. «Il m’apparaît utile de souligner que, sauf de rares exceptions, un professionnel ne peut être sanctionné pour un geste posé alors qu’il n’exerçait pas sa profession.»
Recours possible
Amélia Salehabadi-Fouques est insultée par la réponse de son ordre professionnel, surtout qu’elle croyait que Marcel Aubut serait radié du Barreau. «Je suis choquée. Je pense me retirer du Barreau. Ils défendent Marcel Aubut», a-t-elle affirmé, indiquant qu’elle travaillait à un recours collectif contre l’homme d’affaires. «C’est le bâtonnier Gérald R. Tremblay qui le défend, on peut parler d’un conflit d’intérêts.»
Rappelons que mercredi, le COC a dévoilé un rapport soulignant que plus de la moitié des employés avaient été victimes ou témoins de harcèlement de la part de Marcel Aubut durant son mandat.